Et si le fameux débat télévisé de l’entre-deux tours avait plus d’impact qu’on ne le répète ? Il n’existe certes aucun précédent où ce duel des finalistes de l’élection présidentielle a inversé la tendance. Les politologues s’accordent même à lui attribuer une influence minime sur le vote, de l’ordre d’un point au maximum.
Mais le présent n’est pas obligatoirement une répétition du passé. Tous les instituts de sondage notent une réduction de l’avance de François Hollande sur Nicolas Sarkozy depuis le 22 avril. Elle est passée de 55% à 53,5% des intentions de vote selon l’enquête en continu de l’Ifop. Le dernier coup de sonde de BVA révèle la même évolution : le candidat socialiste perd un point (53,5% contre 54,5%) en une semaine. Ipsos le créditait, en fin de semaine dernière, de 53% au lieu de 54% le jour du premier tour.
L’écart entre les deux candidats dans les mesures les plus récentes reste cependant important. Un président nouvellement élu n’a jamais recueilli, dans le cadre d’un affrontement droite-gauche, plus de 53,1% des suffrages exprimés sous la Vème République. Ce record avait été atteint par... Sarkozy en 2007.
L’enjeu de l’écart
La tendance actuelle au rééquilibrage des intentions de vote donne au débat du 2 mai un relief particulier. Les chances du candidat de l’UMP de renverser suffisamment la vapeur pour décrocher une victoire à l’arraché semblent infimes. L’enjeu réside bien plus dans l’ampleur de sa défaite.
Il n’est pas indifférent que le président sortant soit battu largement (46-47%) ou pas (48-49%). On peine à croire qu’il puisse abandonner définitivement la vie politique comme il l’a promis en cas d’échec. Sa stratégie de l’entre-deux tours, axée sur la récupération des voix du FN, est révélatrice d’un choix visant à limiter l’ampleur de l’insuccès, sans doute pour préserver l’avenir.
Symétriquement, Hollande ne sera pas dans la même position s’il arrive à l’Elysée avec une belle victoire (53-54%) ou un succès plus court (51-52%).
Beaucoup de sceptiques
La portée du débat de 2012 tient d’abord au manque d’enthousiasme que suscitent les deux finalistes. Dans l’ultime sondage Ifop, seulement 39% des électeurs disent souhaiter « au fond d’eux-mêmes » la victoire de Hollande et 34% celle de Sarkozy. A moins d’une semaine du second tour, 21% répondent « ni l’un ni l’autre » à cette question tandis que 6% ne se prononcent pas. C’est beaucoup.
L’affrontement télévisé influencera peut-être ces sceptiques qui ne sont pas tous certains de se rendre dans les bureaux de vote le 6 mai. Il devrait avoir un impact particulier sur l’électorat lepéniste et bayrouiste. Une enquête TNS-Sofres indique que 17% des spectateurs potentiels jugent que le débat pourrait changer leur vote, ce pourcentage grimpant à 38% chez les électeurs de Bayrou et à 30% chez ceux de Le Pen !
Malgré la « drague éhontée » à laquelle s’est livré Sarkozy à l’endroit de l’électorat du FN, selon l’expression de Marine Le Pen, les reports de voix restent médiocres. Dans les dernières enquêtes, le Président sortant reste scotché à environ une moitié d’électeurs lepénistes qui ont l’intention de venir à son secours dimanche prochain.
Le sondage en continu de l’Ifop indique certes une amélioration lente de ces reports. Mais le redressement de Sarkozy tient presque autant à sa progression dans l’électorat du MoDem, dont une majorité relative a basculé de la gauche à la droite depuis le 22 avril. Et, dans ces deux électorats, la proportion de ceux qui ne se prononcent pas reste élevée.
La ligne des frontières
Quoi qu’on en pense, la ligne des « frontières » martelée par le Président sortant peut être d’une certaine efficacité électorale. Elle prend appui sur deux inquiétudes répandues dans la société française : l’immigration mal maîtrisée et le libre-échange incontrôlé.
Comme par hasard, ce sont deux sujets sur lesquels le candidat de la gauche n’est pas à l’aise. Sur l’immigration, Hollande est tiraillé entre sa prudence personnelle et la charge idéologique qui s’attache à cette question pour la gauche. Son orientation n’est pas non plus d’une clarté cristalline en matière de « juste échange ».
Sarkozy ne manquera pas d’appuyer sur ces points lors de la confrontation du 2 mai. Hollande va devoir faire « ce qu’il déteste, être franc », se réjouissait, à l’avance, le candidat de la droite. « Demain, la pêche à l’anguille est ouverte », annonçait Jean-François Copé avec gourmandise. Ce sport n’est, paraît-il, pas très compliqué. A ce détail près que l’anguille mord surtout à la tombée de la nuit. Et que la pêche nocturne est interdite.
Article publié sur Rue89.
comme je l'écris ici depuis longtemps ,c'est gagné pour Hollande le normal !53 ou 54
Rédigé par : catherine Brachet | 03 mai 2012 à 00h38
@ catherine brachet
"comme je l'écris ici depuis longtemps ,c'est gagné pour Hollande le normal !53 ou 54"
FH sera élu confortablement. Mais que se passera-t-il ensuite?
Il y a tout lieu de penser -et de craindre- qu'après avoir promis le changement -comme Papandréou en 2009- FH se soumettra rapidement aux diktats européens et se prosternera à son tour devant A. Merkel ... qui s'apprête d'ailleurs à gouverner avec le SPD.
Bref, tout ça pour ça...
Rédigé par : chatel | 03 mai 2012 à 07h13
Mon analyse à chaud de ce débat pour publication dans mon prochain livre:
« Moi, président de la République... » François Hollande domine le débat télévisé rugueux qui l’oppose à Nicolas Sarkozy. Sûr de lui, le candidat de la gauche ne parle qu’au futur pour dessiner les contours de son prochain mandat. Il gagne en présidentialité en affichant son calme et son caractère. Le candidat de la droite se laisse enfermer dans un statut de challenger pugnace mais incapable d’articuler son propre projet. Sarkozy s’exprime souvent au passé pour défendre son quinquennat. « J’ai tout donné ».
Le tirage au sort, qui attribue la parole en premier au candidat socialiste à chaque sujet, accentue l’impression que l’opposant d’aujourd’hui mène la confrontation. Hollande ne ménage pas le président sortant sans cesse ramené à son bilan et accusé de changer tout le temps d’avis. Ne trouvant pas d’angle d’attaque efficace pour déstabiliser son adversaire, le président sortant manifeste une plus grande agressivité. « Vous êtes un petit calomniateur », lui lance-t-il au point culminant de leur affrontement verbal.
Suivi par un très grand nombre de Français, ce débat de la dernière chance pour le candidat de l’UMP ne lui permettra pas de renverser la vapeur. Sarkozy avait imprudemment promis à ses amis d’« exploser » ce « nul » de Hollande. Il avait gravement sous-estimé son adversaire. Comme tant d’autres.
Rédigé par : Eric Dupin | 03 mai 2012 à 10h02
Plus la victoire de Hollande sera nette, plus il sera en position de force pour négocier face à Merkel.
Rédigé par : D.H. | 03 mai 2012 à 13h40
Heu... pas terrible cette amphore "moi Président de la République" !
- Elle rappelle fâcheusement Égocentrique 1er, dont on vient de souper pendant cinq ans.
- Plus on l'écoute, plus on est hypnotisé par elle, au détriment de la suite, qui effectivement envoie le pâté (sur Nicolas I)
- Et même, elle devient comique...
Je pense que ce choix de recourir à une anaphore est une erreur, sans doute imputable à un des ces petits génies de la com' qui, sous couvert d 'aider leurs clients avec leurs super-talents, leur nuisent.
Réécoutez "dans votre tête" la péroraison hollandienne en supprimant à chaque fois "moi, Président...", en ne gardant que le « je » :
,e ne serai pas le chef de la majorité,
je ne traiterai pas mon premier ministre de collaborateur,
je ne participerai pas à des collectes de fond pour mon propre parti dans un hotel parisien,
je ferai fonctionner la justice de manière indépendante, je ne nommerai pas les membres du parquet, alors que l'avis du CSM n'a pas été dans ce sens,
je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publiques,
je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire,
j'aurai aussi à cœur de ne pas avoir un statut pénal du chef de l'Etat, de façon à ce que si, des actes antérieurs à ma prise de fonction venaient à être contestés, je puisse m'expliquer.
...cette péroraison est encore plus forte. Le mieux est l'ennemi du bien !
Copé a lui aussi, et pour d’autres raisons, moqué ce « moi président » (en oubliant les suites, bien sûr). Mais il l’a moqué en insistant sur moi je moi je moi je. Quand on pnse que son présinet a plus utilise « je » dans ses dsicorus qu’il n’y a de pierres dans la Grand Muraille, on se dit que c’est son inconscient ête-toi-de-là-Nico-que-j’my-mette qui l’a fait débagouler…)
(Ceux qui pensent que FH est déjà quasi-élu m’inquiètent. Sarko a toujours, quoi qu’il en dise, la puissance de feu des « grands » médias qui en ont trop fait. Et certains mélenchonistes inconsolables ont décidé de s'abstenir...
Rédigé par : PMB | 03 mai 2012 à 20h37
(Grrr, me suis mal relu)
Copé a lui aussi, et pour d’autres raisons, moqué ce « moi président » (en oubliant les suites, bien sûr). Mais il l’a moqué en insistant sur moi je moi je moi je. Quand on pense que son président a plus utilisé « je » dans ses discours qu’il n’y a de pierres dans la Grand Muraille, on se dit que c’est son inconscient ôte-toi-de-là-Nico-que-j’my-mette qui l’a fait débagouler…)
(Ceux qui pensent que FH est déjà quasi-élu m’inquiètent. Sarko a toujours, quoi qu’il en dise, la puissance de feu des « grands » médias qui en ont trop fait sur les thèmes inquiétants. Et certains mélenchonistes inconsolables ont décidé de s'abstenir...
Rédigé par : PMB | 03 mai 2012 à 20h40
PMB,
Vous avez raison sur la forme (importante) mais pas sur le fond (décisif) - ou le contraire...
Dans cette affaire, quoi qu'on pense sur le fond, l'essentiel pour lui était d'affirmer une image de présidentialité. Que voulez-vous, en France comme ailleurs, les grenouilles veulent un roi. "Moi..."
Rédigé par : Eric Dupin | 03 mai 2012 à 21h23
Ce qui est le plus étonnant est que NS ait laissé FH aller jusqu'au bout de cette longue litanie sans l'interrompre, comme s'il avait déjà intériorisé son propre échec.
@PMB
Et certains mélenchonistes inconsolables ont décidé de s'abstenir...
Sans doute parce que la victoire de FH leur paraît assurée. Mais on peut penser que la même cause risque de produire les mêmes effets sur certains électeurs de droite qui pourront être tentés de s'abstenir eux aussi, la défaite de NS leur paraissant désormais certaine.
Rédigé par : chatel | 04 mai 2012 à 08h18
J'ai acheté du champagne.
Pour rigoler s'il se casse.
Pour pleurer s'il nous les casse encore pendant 5 ans.
Rien n'est joué, et la machine à f.. la trouille tourne à plein régime. Voir sur Rue89 la lettre de Joissains à ses ouailles orangées.
Particulièrement le passage sur les médias complaisants aux mains de la "finance internationale". Elle a pas écrit juifs, mais le cœur y est
Rédigé par : PMB | 04 mai 2012 à 19h55
Cher PMB,
Demain, je vais ouvrir le champagne mais pour des raisons opposées aux votres. Je pense que la France a besoin que les réformes entamées par Sarko se poursuivent. Hollande a beaucoup de qualités, et il conservera probablement quasiment tout des réformes de Sarko, mais je doute qu'il ait de cran d'en faire de nouvelles.
Prenez par exemple, l'obligation faite aux salariés du transport aérien d'informer les companies aériennes de leur présence le jour de la grève 48 h à l'avance. C'était pendant la campagne électorale. Hollande a dit "Mise en cause insupportable du droit de grève". La réforme a été votée. Je puis prendre le pari avec vous. Hollande ne reviendra pas sur la réforme.
Mon beau fils Séverin, qui avait beaucoup commenté chez notre ami Eric au moment des émeutes de 2005 ne votera pas demain. Il est au Brésil. Il considère que la France est un pays de m... qui n'offre aucun avenir à sa jeunesse. A l'époque, il avait tenté de militer un peu au PS. Mais, se rendant compte que les militants, pour la plupart d'age mur, ne pensaient qu'à conserver leurs acquis sociaux sans avoir conscience que les avantages dont ils bénéficiaient étaient payés par les jeunes générations, il a laché l'affaire. On ne lui a d'ailleurs pas donné le choix, car, pour ne avoir a répondre à ses questions, on a fini par éviter de lui donner les dates des réunions de la section.
Quoique vous en pensiez, la France est devenue l'un des pays les égalitaire au monde. Le taux de pauvrété (à 60% du revenu médian) n'y est que de 7%, alors qu'est est de 45% (mais à 50% du revenu médian) pour le Brésil cher à mon beau fils. Comprenne qui pourra.
Dans un billet récent des éconoclaste
http://econoclaste.org.free.fr/dotclear/index.php/?2012/04/17/1947-quelques-infos-glanees-sur-l-evolution-des-inegalites-dans-l-ocde
se trouve un lien vers le dernier rapport de l'OCDE concernant les inégalités. On lit dans ce rapport, qu'au cours des 10 dernières années, les inégalités ont augmenté à peu près partout. Mais si vous cherchez le mot "France" vous lirez que la France est parmi les rares exceptions. Vous lirez par exemple, que l'indice machin qui caractérise les inégalités a augmenté partout "sauf en France, en Belgique et en Hongrie" etc etc.
Faut il avoir une société plus égalitaire, ou moins égalitaire ? A chacun de choisir. En tout cas, nous sommes parmi les plus égalitaires et notre situation n'est pas parmi les meilleures. Et mon beau fils dit que notre beau pays est un pays de m... qui ne lui donne aucun avenir. Peut-être est ce pour cela que FN fait un bon score parmi les jeunes.
Ma fille par contre ne se plaint pas de la France. Elle est malade, et ne peut travailler. Elle bénéficie de la cotorep, et des APLs. Elle n'est donc pas si pauvre que cela, et se trouve au dessus des 60% du revenu médian. Mais elle aimerais travailler un peu, pour se sentir utile. Mais étant cotorep, elle perdra tous ses gains en travaillant (taux marginal d'imposition de 100%). Le RSA de Sarko, ce n'est pas pour elle, car elle est cotorep.
De mon coté j'ai quitté le 9/3 pour aller vers des cieux plus cléments. Je suis dans une banlieue chic de Montpellier, avec de nombreux universitaires actifs ou retraités comme voisins. La mairie est PS bon teint. Elle vante son action pour l'environnement et les transports doux. Le 9/3 que j'ai quitté est devenu un ghetto. Quand je suis parti, mes voisins m'ont dit. "Vous faites bien. Si je pouvais, je ferai comme vous."
Rédigé par : Michel | 05 mai 2012 à 20h30
"Je suis dans une banlieue chic de Montpellier"
Tous les gens qui sont de plus en plus nombreux, en toute égalitarisme, à faire la queue aux Restaus du cœur, à Paul Emploi et aux urgences des hôpitaux sont bien contents pour vous.
Si Hollande passe, j'espère qu'en toute logique vous fuirez ce pays à encore plus de merde.
(Et, si vous êtes bien le Michel qui s'était permis de dévoiler un échange privé, je ne suis pas votre cher PMB)
Rédigé par : PMB | 06 mai 2012 à 08h18
//Je suis dans une banlieue chic de Montpellier, avec de nombreux universitaires actifs ou retraités comme voisins.//
Ah l’entre-soi des gens chics, loin des colorés et des pue-la-sueur, bine dans leur ghetto de riche avec murs, portails, caméras, digicode et chien. Moi je vis (bien) toutes portes ouvertes dans un de ces villages excentrés où le vote LP a grimpé. Mes voisins sont des paysans retraités, des jeunes actifs, et si je vais à pied dans le bourg je croise aussi bien des anciens que des jeunes, ou des « quart-monde » dans leur vieille caisse pourrie et leurs gosses sales mais souriants. Et même, des manouches qui me font des grands bonjours. Le seul voisin qui ne parle à personne est un prof retraité. Il y a un autre prof, pas retraité, à l’autre bout du bourg. Il mène une vie impossible à ses voisins, des vieux paysans craintifs dont il a réussi à faire tuer le coq.
* A Nantes, on a aussi un maire PS, même qu’il se croit déjà à Matignon. Il a meuuudernisé sa ville, et chassé les pauvres, qui sont venus voter Le Pen chez nous et dans les pays voisins.
Rédigé par : PMB | 06 mai 2012 à 08h55
ALERTE ALERTE aux touiteurs : si quelqu'un voit Alain Minc avec un baise-en-ville du côté de l'entrée de l’Élysée, hop, un clic, qu'on empêche Fromage Ier de lui ouvrir la porte !
Rédigé par : PMB | 06 mai 2012 à 19h37