Les élections législatives sont autrement moins prévisibles que l’élection présidentielle. Il s’agit, cette fois, de 577 compétitions locales mettant aux prises pas moins de 6.611 candidats. Pesanteur des notabilités, alliances à géométrie variable, dissidences de tous poils : la diversité des batailles complique singulièrement la tâche des observateurs... et des sondeurs.
Les enquêtes d’opinion doivent être regardées avec la plus grande circonspection. Le haut niveau d’abstention prévisible (environ 40% des inscrits aux deux tours des législatives de 2007) rend délicate l’appréciation d’un rapport de forces qui dépendra de la mobilisation des différents électorats. Ajoutons que les sondages réalisés dans les circonscriptions, techniquement acrobatiques, sont à prendre avec des pincettes encore plus longues.
Législatives de confirmation
La gauche a néanmoins de fortes chances d’obtenir la majorité dans la prochaine Assemblée nationale. Les législatives qui se déroulent dans la foulée d’un scrutin présidentiel ont toujours confirmé le choix effectué lors de l’élection reine de la Vème République. Ce fut le cas après une dissolution de l’Assemblée sortante (1981, 1988) comme pour les scrutins organisés à l’échéance normale (2002, 2007).
La nouvelle porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, pousse le bouchon un peu loin en menaçant les Français d’une « crise politique éminemment grave » au cas où la droite l’emporterait. La coexistence de deux légitimités antagonistes, présidentielle et législative, issues d’un vote à la même période poserait certes un problème politique inédit. Mais l’ancien ministre UMP Bruno Le Maire n’a pas tort de lui répliquer que les institutions de la République « se sont très bien accomodées » d’une situation de « cohabitation ».
Pour autant, la droite aura du mal à croiser le fer sur une orientation clairement cohabitationniste. La culture légitimiste de son électorat le rend naturellement sensible à l’argument de bon sens visant à fournir au nouveau chef de l’Etat les moyens de mettre en oeuvre ses orientations.
Les surprises du redécoupage
L’incertitude qui pèse sur l’issue du scrutin des 10 et 17 juin est renforcée par le large redécoupage électoral intervenu en 2009 : 330 circonscriptions ont été redessinées, 33 supprimées et autant de créées (dont 11 attribuées au Français de l’étranger).
Les avis divergent sur l’impact politique de ces changements. Le PS assure que le redécoupage lui coûterait une trentaine de sièges. En fait, selon une étude réalisée par l’Observatoire de la vie politique et parlementaire en collaboration avec Le Monde, après intervention du Conseil constitutionnel, la nouvelle carte des circonscriptions ne semble pas particulièrement défavorable à la gauche.
Cette étude indique que le redécoupage a plutôt renforcé les circonscriptions « sûres » des deux côtés (190 pour la gauche, 230 pour la droite), interdisant par la même de forts mouvements de balancier. Voilà qui laisse présager une victoire législative plutôt courte de la nouvelle majorité présidentielle.
Pas de raz-de-marée
En ce printemps 2012, un tsunami rose est pour le moins improbable. Le nouveau président n’a pas été accueilli par un « état de grâce » analogue à celui dont a bénéficié François Mitterrand en 1981 ou encore Nicolas Sarkozy en 2007. Dans le premier baromètre Ipsos, seulement 53% des sondés portent un « jugement favorable » sur son action en tant que président de la République.
Tout ceci ne présage guère l’élection d’une majorité absolue de députés socialistes au Palais-Bourbon. Ce cas de figure est, au demeurant, rare. Le PS ne l’a connu qu’en 1981, mais pas plus en 1988 qu’en 1997.
Les socialistes seront aidés par le nombre important de « triangulaires » PS-UMP-FN qui s’annoncent. Le 22 avril, Marine Le Pen a dépassé la barre des 12,5% des inscrits (qui permet la présence au second tour des législatives) dans 353 circonscriptions. Elle est même arrivée en tête dans 23 d’entre elles et en deuxième position dans 93 autres.
Les législatives relèvent d’un tout autre scrutin et la baisse de la participation réduira le nombre de ces fameuses triangulaires. Elles n’en coûteront pas moins leur élection à nombre de députés UMP sortants.
A l’inverse, la porosité entre les électorats du FN et de l’UMP - renforcée par la ligne sarkozyste de la campagne présidentielle - laisse augurer de bons reports de voix entre la droite et son extrême. N’oublions pas que le président sortant avait capitalisé 48,4% des voix le 6 mai. Débarrassé du handicap de l’antisarkozysme, le bloc des droites pèsera lourd les 10 et 17 juin.
Egoïsme socialiste
Conscients de ces réalités, les dirigeants socialistes font tout leur possible pour contrôler la future assemblée, au risque de bousculer leurs partenaires. Cette stratégie s’est traduite par la non-conclusion d’un accord avec le Front de gauche. Celui-ci proposait au PS et à EELV une candidature unique de la gauche dans la vingtaine de circonscriptions où celle-ci est particulièrement menacée d’être éliminée du second tour. Jean-Luc Mélenchon a accusé Martine Aubry d’avoir fait capoter cet accord.
Avec les écologistes, le climat n’est guère meilleur. Sur 63 circonscriptions réservées à EELV dans le cadre de l’accord passé avec le PS, on compte une vingtaine de candidatures socialistes dissidentes. Christophe Borgel, secrétaire national du PS aux élections et aux fédérations, relativise tranquillement ces accrocs. « L’essentiel, c’est que la gauche se rassemble derrière celui qui est le mieux placé au second tour », explique-t-il sur France-Inter.
Tout se passe comme si la direction du PS préférait prendre le risque de faire élire un peu moins de députés de gauche pour mieux maximiser le nombre de ses propres élus.
Article publié sur Rue89.
Je ne suis pas de gauche, je n'ai pas voté François Hollande et aux élections législatives je voterai pour le candidat UMP de ma circonscription ( la 16 éme des Bouches du Rhône) que je connais bien et que je soutiens et pourtant...
Pourtant, je souhaite une victoire de la gauche aux prochaines élections législatives avec les résultats suivants
1) que le PS n'ait pas la majorité absolue ce qui l'obligera à composer avec ses alliés
2) que la gauche dans son ensemble n'ait pas plus de 280 députés ce qui ne lui donnera pas les 3/5 au congrés et obligera Hollande à passer par le référendum pour certaines mesures qui demandent une modification de la constitution (vote des étrangers extra communautaires par exemple)
Dans ces conditions une victoire du PS et de la gauche en général me conviendrait très bien. Elle présenterait en outre l'avantage du non partage des responsabilités lors des élections intermédiaires de 2014. Cela permettra peut être, en tout cas plus surement que si Nicolas Sarkozy avait été élu, de récupérer des villes, des départements et des régions et par suite le Sénat puisque la majorité de gauche n'y est que de quelques voix.
Donc oui à une victoire de la gauche, mais pas trop.
Rédigé par : Flamant rose | 23 mai 2012 à 13h51
J'ai écrit 280 députés, il faut lire 380.
Rédigé par : Flamant rose | 23 mai 2012 à 14h50
@ Flamant rose
"Je ne suis pas de gauche … Pourtant, je souhaite une victoire de la gauche aux prochaines élections législatives avec les résultats suivants."
Je crois comprendre que vous estimez que la « gauche » ne fera pas une politique très différente de celle de NS. Je le pense aussi. Très rapidement, FH retournera se prosterner devant A. Merkel, comme le faisait avant lui NS.
Mais alors, je ne m’explique pas que vous souhaitiez que « le PS n'ait pas la majorité absolue ce qui l'obligera à composer avec ses alliés », dans la mesure où son allié principal, le FDG, propose, quant à lui, une politique radicalement différente et véritablement alternative impliquant, s’il le faut, une désobéissance aux traités européens...
Rédigé par : chatel | 26 mai 2012 à 11h20
Je souhaite une victoire de la gauche pour deux raisons. D'une part parce que François Hollande ayant été élu, il faut être cohérent et donc lui donner les moyens de gouverner. D'autre part, la gauche, depuis 2008, a fait un déni de la crise et je souhaite, compte tenu qu'il y ait peu de chance que les choses s'améliorent rapidement, qu'elle assume seule les responsabilités afin qu'en 2014, elles ne soient pas partagées.
Je souhaite effectivement, par ailleurs, que le PS n'ait qu'une majorité relative et qu'il lui faille l'appoint de la gauche radicale (Mélenchon et EELV). Même si Mélenchon, a d'ores et déjà annoncé qu'en aucun cas il ne votera une motion de censure contre le gouvernement, en étant force d'appoint il obligera Hollande à tenir une partie de ses promesses et Hollande comprendra alors ce qu'est la sanction des marchés, lui qui a traité la finance d'ennemi invisible. Dans le cas contraires, il risque d'être confronté à un 3 éme tour social.
Enfin pour ce qui est de l'Europe, Hollande a été soutenu à la fois par EELV qui est favorable à une Europe fédéraliste et par une gauche radicale elle même divisée sur le sujet puisque le parti communiste est favorable à l'Europe.
Je vais vous faire un aveu, pour moi la cerise sur le gâteau serait une défaite de Bayrou.
Sachez enfin que je lis la presse anglaise et allemande et que les compte-rendus que l'on peut lire ou entendre de la part de la presse française et des médias ne correspond pas du tout à ce que je lis dans la presse étrangère. Les médias français profitent de la courtoisie dont ont fait preuve Obama et Merkel envers un président nouvellement élu pour parler de succés.
Rédigé par : flamant rose | 29 mai 2012 à 14h25
"Sachez enfin que je lis la presse anglaise et allemande et que les compte-rendus que l'on peut lire ou entendre de la part de la presse française et des médias ne correspond pas du tout à ce que je lis dans la presse étrangère."
Ce n'est pas nouveau. On n'a jamais tant ri qu'en lisant ce que disait la presse française de Nicolas 1er et ce que disait, au même moment, la presse étrangère de Foutriquet 1er.
Rédigé par : PMB | 02 juin 2012 à 11h37