La vigueur des convictions idéologiques se mesure à leur
capacité à résister aux coups de boutoir de la réalité. Armés de leur système
de pensée, les libéraux français ne sont pas aussi désarçonnés par la crise
qu’on aurait pu l’imaginer. « Laissez les libéraux en dehors de cette
crise, ce n’est pas un échec des théories libérales ni même des mécanismes
libéraux[1] »,
supplie Alain Madelin, l’ancien chef de fil du libéralisme politique hexagonal
qui s’est éloigné des combats partisans. « Le libéralisme constitue le
meilleur antidote à l'emballement des pulsions collectives et le meilleur guide
pour reconstruire le capitalisme du XXIe siècle[2] »,
assure, de son côté, Nicolas Baverez. Et cet économiste et historien adepte
d’un libéralisme régulé de conclure avec audace : « Le libéralisme
n'est donc pas la cause mais la solution à la crise du capitalisme
mondialisé ».
« Le marché est cul par-dessus tête[3] »,
admet Patrick Devedjian, un des rares hommes politiques français à revendiquer
l’étiquette libérale. Le ministre de la Relance est bien placé pour mesurer
l’ampleur de la crise économique et financière qui secoue la France comme tant
d’autres pays. La récession s’installe, la défiance se répand et l’Etat
brancardier est partout appelé à la rescousse. Mais nos libéraux ne rendent pas
les armes.
Où est le problème ? Certains d’entre eux ont même
du mal à voir ce qui pourrait vraiment les chagriner dans la tourmente
actuelle. « Il y a toujours eu des crises[4] »,
philosophe Philippe Manière. Le directeur de l’Institut Montaigne, think tank
libéral très actif, rappelle que « les processus cumulatifs ont existé de
toute éternité ». Le capitalisme purge ses déséquilibres par crises
périodiques, il faudrait sagement s’y résigner.
D’autres libéraux soulignent que la crise elle-même
prouve l’efficacité des marchés. « Tous les mécanismes libéraux sont en
place[5] »,
se réjouit Gérard Longuet. Le sénateur UMP de la Meuse remarque que l’on
assiste, par le jeu des variations des taux d’intérêt, du cours des monnaies et
du prix des biens et des services, à des « ajustements parfaitement
libéraux ». Simplement, concède-t-il, ceux-ci se manifestent « avec
l’émotivité des marchés ». Au point, par parenthèse, que les Etats soient
contraints d’intervenir pour assurer la survie même du système…
Sabine Hérold, présidente d’Alternative Libérale, entonne
avec plus d’enthousiasme encore la même chanson : « La crise est la
preuve que le marché se régule[6] ».
La présidente de ce petit parti ultra-libéral se félicite que « le marché
sanctionne la prise excessive de risques ». Le même raisonnement est
poussé à l’extrême par l’économiste Jean-Jacques Rosa. Arguant de la baisse du
prix des actions, il estime que « la propriété doit donc se déplacer des
privés vers les Etats, sur la simple base du calcul économique et à préférences
idéologiques inchangées[7] ».
Les gardiens de la foi libérale n’auraient pas lieu d’être troublés par le
soudain interventionnisme public : « La renationalisation partielle
des banques n’annonce donc pas la fin du capitalisme, ni le retour de
l’étatisme : elle répond simplement au calcul économique rationnel des divers
types d’investisseurs qui s’ajustent sur un nouvel équilibre de propriété
(temporaire) ». CQFD.
La faute à l’Etat
Il faut cependant trouver une explication à la très
violente crise qui a failli emporter le système financier mondial. Et aller
au-delà de l’irritation à l’égard des mises en accusation du libéralisme qui
fait pester Jean-Michel Fourgous, député UMP des Yvelines, contre « la
culture anti-libérale primaire qui influence les explications de la crise[8] ».
La meilleure défense étant l’attaque, une première réponse consiste à tenter de
faire porter à l’Etat la responsabilité des malheurs présents. L’économiste
Pascal Salin n’hésite pas à pointer du doigt « l’échec d’un Etat pas assez
libéral[9] ».
Les libéraux les plus ardents mettent vivement en cause
la Réserve fédérale américaine. « La cause essentielle de cette crise
provient en effet de l'extraordinaire variabilité de la politique monétaire
américaine au cours des années récentes », affirme Salin. « Pendant
toute la période de bas taux d'intérêt et de crédit facile, le monde a été
submergé de liquidités », rappelle-t-il. Les établissements financiers
auraient été incités à accorder des « crédits à des emprunteurs de moins
en moins fiables », créant les conditions d’apparition d’une « bulle
financière » qui a fini par éclater. La conclusion de l’économiste libéral
est sans appel : « Arrêtons donc les procès faits à tort au
capitalisme et recherchons au contraire le moyen de libérer les marchés
financiers de l'emprise étatique ».
Un
autre économiste libéral, Jean-Jacques Daniel, complète le procès en
estimant que l’Etat, « grand emprunteur devant l’Eternel » a été
« le grand bénéficiaire des bas taux d’intérêt américains[10] ».
« Qu’on ne s’y trompe pas, nous avertit-il, c’est cette nationalisation
inavouée de la politique monétaire faite au nom du soutien de la croissance qui
trouve aujourd’hui son aboutissement dans la nationalisation des
banques ».
Les procureurs libéraux se font encore un malin plaisir
d’observer que la crise financière a d’abord éclaté dans un secteur pas
précisément dérégulé. « Il n'existe pas de marché plus perverti par les
interventions de l'État fédéral que celui du crédit hypothécaire aux Etats-Unis[11] »,
affirme Vincent Bénard. Le président de l’Institut Hayek de Bruxelles rappelle
que Fannie Mae « fut tout d'abord une agence gouvernementale, créée en
1938 par l'Administration Roosevelt, pour émettre des obligations à bas taux du
fait de leur garantie fédérale, lesquelles alimentaient de liquidités un marché
de prêts immobiliers à taux réduits accessibles aux familles les moins
aisées ». Bénard ajoute que Fannie Mae a été privatisée en 1968 et
concurrencée par Freddie Mac en 1970 mais souligne que « bien qu'étant
officiellement privés, les deux établissements ont toujours été considérés, du
fait de leur tutelle publique et de leur rôle social, comme bénéficiant d'une garantie
implicite du Trésor américain ».
L’économiste
met en cause les politiques publiques visant une « augmentation du taux de
propriétaires de logement parmi les populations à faible revenu, et notamment
les minorités » qui auraient conduit ces institutions à prendre des
risques inconsidérés. Conclusion : « En voulant accélérer
artificiellement ce que l'économie libre accomplissait à son rythme, c'est
l'État, tantôt régulateur, tantôt législateur, qui a poussé à
l'irresponsabilité les acteurs de la chaîne du crédit, provoqué une crise
financière grave, et acculé à la faillite nombre de familles qu'il prétendait
aider ». Il ne vient à l’idée d’aucun de ces économistes que le
déséquilibre entre les rémunérations du travail et du capital a pu inciter au
surendettement des ménages…
Une faillite de la régulation
Ces
mises en cause des politiques publiques ne peuvent toutefois rendre compte du
comportement d’agents privés qui ont sciemment profité du gonflement de la
bulle spéculative avant d’être emportés par elle. Pour l’expliquer, nos
libéraux haussent les épaules en ciblant les faiblesses de la nature humaine.
Que voulez-vous, la naïveté est éternelle. « Les arbres de grimpent pas
jusqu’au ciel » mais les hommes ont voulu oublier cette frustrante vérité,
répètent-ils en chœur. Le mimétisme propre à notre espèce aurait encore aggravé
les choses. « Les gens regardaient tous du même côté », lâche
Jean-Michel Fourgous. L’égoïsme généralisé empêchait enfin que l’on siffle la
fin de la récréation. « Tout le monde avait anticipé l’éclatement de la
bulle spéculative, mais chacun se refilait le mistigri », diagnostique
Philippe Manière.
L’ancien
directeur de l’Institut Montaigne, qui vient de créer sa propre société de
consulting, relève qu’Alan Greenspan avait bien observé « l’exubérance
irrationnelle des marchés » mais qu’il n’avait « rien fait »
pour y remédier. Les libéraux s’emploient dés lors à tourner les regards vers
les causes techniques de la crise. « Ce n’est pas la dérégulation mais la
faillite de la régulation qui est en cause[12] »,
affirme Hervé Novelli, libéral convaincu et secrétaire d’Etat chargé du
Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme et
des Services. « Il s'agit d'une crise née d'une mauvaise régulation et mal
soignée par les autorités politiques et financières[13] »,
renchérit Alain Madelin.
Les
effets pervers de certaines réglementations bancaires sont accusés d’avoir
aggravé la crise. « De nouvelles normes comptables ont obligé les banques
et les entreprises à donner dans leur bilan une valeur à leurs actifs qui
correspond à chaque instant au prix auquel elles pourraient le vendre si elles
devaient le faire[14] »,
rappelle Madelin. Voilà qui valorise les bilans en période de hausse des actifs
mais qui les plombe en phase de crise. Un effet qui a de lourdes conséquences
en raison d’une autre norme, dite Bâle II instituée en 2004, qui oblige les
banques à conserver en fonds propres une fraction de leurs engagements.
« Quand la crise arrive, et que leurs actifs se dévalorisent, les banques
ne peuvent plus prêter », se désole Philippe Manière.
Rien
de tout cela ne serait cependant arrivé si le système financier avait su
correctement gérer ses risques. Les libéraux reconnaissent ici un mauvais usage
des nouveaux produits financiers. On sait que les mécanismes subtils de la
« titrisation » permettent au système bancaire de transformer leurs
créances en titres financiers. Usant de modèles mathématiques sophistiqués, ces
titres sont devenus d’une composition de plus en plus opaque. Au lieu de diluer
le risque, ils ont fini par le généraliser. « Il y avait une boule avariée
dans la pizza et elle a tout contaminé », résume Philippe Manière.
« On achetait un chat dans un sac », sourit Patrick Devedjian.
« A
propos de la titrisation, ce n’est pas le produit lui-même qui est en cause,
c’est sa mauvaise utilisation », explique toutefois Nicolas Baverez :
« Cela déraille à partir du moment où le crédit s’autonomise pour nourrir
lui-même le crédit et où on va chercher les pauvres pour qu’ils
empruntent ». « Il y a là une responsabilité totale du
libéralisme », admet Gérard Longuet : « Le libéralisme suppose
des contrôles alors que les produits de la titrisation, fruits d’une
imagination créatrice en matière financière, échappaient aux normes ».
Pour l’ancien ministre de l’Industrie, « la titrisation devient dangereuse
lorsque les résultats recherchés sont largement supérieurs à la croissance sur
le long terme ».
Mais
comment expliquer une telle propension à maximiser ses gains au mépris des réalités
économiques ? Les libéraux retombent sur leurs pieds en critiquant
l’asymétrie des rémunérations dans le secteur financier. « Les traders
avaient intérêt à faire prendre des risques excessifs, note Philippe Manière,
ils étaient étroitement associés aux gains mais pas là pour payer les pots
cassés ». C’est ce que décortique Jean-Jacques Rosa : « Les
traders ne partagent pas personnellement les pertes, simplement les gains. La
sanction pour eux se limite à un renvoi de l’entreprise[15] ».
L’économiste ajoute que le même raisonnement vaut pour l’ensemble du système
bancaire et financier : « Les incitations pour les banques et les
institutions financière à prendre trop de risques sont semblables à celles de
traders, particulièrement pour celles qui sont trop grosses pour pouvoir
couler ». Les banques centrales et les divers régulateurs leur ont
abusivement servi d’assurances tous risques.
Si
l’on ajoute la défaillance d’agences de notation trop souvent juges et parties,
tout était en place pour qu’une crise majeure éclate un jour ou l’autre.
D’autant plus que les déséquilibres financiers mondiaux généraient d’immenses
liquidités. Aux surplus asiatiques correspondaient les déficits américains. Ces
mécanismes étaient néanmoins connus. La crise actuelle ne mérite-t-elle donc
pas un mea culpa de la part des défenseurs du capitalisme néolibéral ?
Alan Greenspan, l’ancien président de la Fed qui a longtemps fait figure de
véritable gourou, a lâché cet étonnant aveu, le 23 octobre 2008, dans une
audition du Congrès : « Ceux d’entre nous, dont j’étais, qui ont
pensé que c’était l’intérêt des institutions financières de protéger les
capitaux des actionnaires sont dans un état d’incrédulité stupéfaite ».
Greenspan s’avoue « très chagriné » de constater qu’il y avait un
« vice » dans le système.
Nos
libéraux ne vont pas plus loin. Jean-Claude Casanova, directeur de la revue
Commentaire, se désole simplement d’une « confiance excessive dans les
agents économiques et les techniques modernes de la finance[16] ».
Hervé Novelli formule une autocritique du bout des lèvres : « Si mes
certitudes devaient être nuancées, c’est sur l’aspect systémique de la
crise ». « Je pensais que les réactions du système économique étaient
telles qu’il n’y avait pas de risque d’effondrement », avoue-t-il.
« Cela a été une erreur de croire à l’autorégulation des marchés »,
tranche Nicolas Baverez qui s’empresse d’ajouter : « Cette
autorégulation n’est pas un principe libéral, néolibéral peut-être ».
« La jungle, ce n’est pas le libéralisme », renchérit Patrick
Devedjian. Pour lui, la cause de la crise actuelle, « ce n’est pas le
libéralisme, c’est l’anarchie ». Et d’expliquer que « les subprime,
ce n’est pas du libéralisme, c’est du mercantilisme sauvage et cela rappelle le
commerce des esclavagistes avec les Africains ».
L’Etat pompier et la caserne
Sabine Hérold est bien seule à regretter que l’Etat se
soit porté au secours des banquiers en péril. « Ils ont joué, ils ont
perdu, il fallait les laisser couler », tranche la présidente
d’Alternative Libérale qui se dit « d’accord avec Olivier
Besancenot » pour déplorer cette socialisation des pertes après la
privatisation des profits. Et de lancer cet avertissement : « On
prépare les futures crises, pourquoi seraient-ils plus prudents demain ? »
Mais la plupart des libéraux se réjouissent, au
contraire, de l’intervention de l’Etat brancardier. « Il n’y a que l’Etat
qui peut régler les catastrophes naturelles, et c’en est une », plaide
ingénument Jean-Michel Fourgous. « Personne d’autre que l’Etat ne peut assurer
la confiance, c’est son affaire », souligne Jean-Claude Casanova.
« Sauver les banques, c’est vraiment la responsabilité de l’Etat »
dit encore Philippe Manière. « On retrouve l’Etat avec le bénéfice de la
pérennité qui lui est propre », ajoute Gérard Longuet. Alain Madelin va
jusqu’à reprocher à l’Etat d’avoir réagi tardivement : « Il aurait
fallu nationaliser les pertes des subprimes et isoler les actifs contaminés dès
l'été 2007[17] ».
Mais attention, dans leur esprit, l’Etat ne doit pas
profiter de ces tristes circonstances pour s’installer au cœur du système
économique. « Les Etats sont comme des pompiers qui doivent éteindre les
incendies puis rentrer dans leurs casernes », avertit Philippe Manière.
Son intervention de secouriste achevée, l’Etat devrait se retirer modestement
pour laisser à nouveau la main invisible des marchés conduire à l’harmonie
universelle.
Retour de la demande d’Etat
Les libéraux savent pourtant que tout ne sera pas si
simple. La spectaculaire intervention publique pour le sauvetage du système
bancaire a chamboulé les représentations politiques. « Difficile de dire
non aux chômeurs ou aux agriculteurs, pour ne citer qu'eux, quand on a
largement ouvert sa bourse aux banquiers[18] »,
s’attriste Vincent Bénard. « La demande de crédit par les états va
augmenter » pronostique sombrement le président de l’Institut Hayek
« La demande d’Etat augmentera, ne serait-ce que pour faire face au
chômage », analyse plus sereinement Jean-Claude Casanova.
« Avec la crise va se développer dans l’opinion un
état d’esprit créancier[19]
», s’inquiète Alain-Gérard Slama. Cet intellectuel de la droite républicaine
qui se définit comme « libéral en économie » souligne que
« l’extension de l’Etat correspond à la demande sociale », la crise
attisant les besoins de sécurité et de protection. Hervé Novelli est
parfaitement conscient de l’enjeu : « Derrière cette crise majeure
qui a failli voir le système financier emporté va se poser un débat lourd de
conséquences sur la place du curseur entre l’Etat et le marché ».
« Si on se laisse culpabiliser, on va avoir un effet de balancier »,
prévient-il. Pour le ministre libéral, « comme la demande d’Etat est
réelle dans l’opinion, il faut que s’élèvent des voix pour dire qu’il doit
assumer la protection sociale mais pas s’installer dans l’économie de façon
permanente ». Novelli n’hésite pas à pointer le risque que « les
choses reviennent comme en 1945 ou en 1981 »…
Le spectre d’un New Deal II hante certains esprits.
L’économiste ultra-libéral Jacques Garello s’attend au pire avec Barack
Obama : « En perspective immédiate, un contrôle accru des entreprises
et des marchés, mis sous bonne garde des agences fédérales, une relance de
l’économie par des doses massives d’investissements publics, financés par de
l’inflation et des impôts nouveaux, donc une promesse infaillible de chômage
massif. Parallèlement, comme dans les années 1930, on verra se généraliser la protection
sociale, et le grand rêve d’une Sécurité Sociale à la française que n’avait
pu réaliser Bill Clinton va enfin se réaliser[20] ».
Les libéraux modérés sont évidemment moins inquiets.
Nicolas Baverez distingue soigneusement le cas des Etats-Unis de celui de la
France : « Les Etats-Unis doivent impérativement lancer un New Deal
pour moderniser leurs infrastructures, augmenter les impôts notamment pour les
riches, compte tenu d'un taux de prélèvements obligatoires de 34 %. Tout autre
est la situation de la France où les dépenses publiques et les prélèvements
obligatoires atteignent 54 % et 44,4 % du PIB[21] ».
« Il va y avoir un petit coup de balancier », analyse Patrick
Devedjian qui ne croit guère que l’Etat va retrouver le rôle perdu à l’ère du
néolibéralisme triomphant.
Une chose apparaît néanmoins certaine : le train des
réformes libérales en France s’annonce sérieusement freiné. « Il n’est pas
possible de tenir un discours protecteur et de procéder simultanément à des
réformes libérales », observe Alain-Gérard Slama. « On ne libéralise
pas massivement le marché du travail en période de fort chômage »,
constate Nicolas Baverez. « Les réformes libérales sont plus nécessaires
que jamais, mais elles vont devenir infaisables », soupire Sabine Herold.
A cet égard, la plasticité pragmatique de Nicolas Sarkozy
ne rassure que très moyennement les libéraux. Les ultras, qui n’ont jamais pris
l’actuel président de la République pour l’un des leurs, sont particulièrement
horrifiés par son nouveau discours. « Il a choisi un plan keynésien et
socialiste, puisque le New Deal et le retour de l’Etat sont les idées à la mode
– et notre Président suit toujours la mode avec attention et talent[22] »,
gronde Jacques Garello. « The Economist » s’amuse de relever que
Sarkozy a confié au président du groupe socialiste du Parlement européen qu’il
était « peut-être » devenu socialiste. Plus sérieusement,
l’hebdomadaire libéral juge que le président est « simplement revenu à la
tradition française d’interventionnisme, la crise économique lui offrant un
excuse toute prête[23] ».
Si nombre de libéraux reconnaissent que Sarkozy a été
très réactif face à la crise en ne tardant pas à en prendre la mesure, son
activisme laisse certains sceptiques. « Les gens sont tellement
constructivistes, ils ont besoin de croire à des plans de relance »,
déplore Philippe Manière. « Il est toujours difficile pour un homme
politique d’accepter l’idée que son inaction peut être plus efficace que son
action », glisse Sabine Herold. Une telle orthodoxie libérale a certes peu
de chances de gagner un jour le fébrile Sarkozy…
L’avenir du libre-échange inquiète encore nos libéraux.
Nicolas Baverez constate que le système mondial devient « instable »
et que l’on est « bel et bien à la fin du cycle de l’âge d’or de la
mondialisation ». Alain-Gérard Slama anticipe que le débat public des
prochaines années tournera autour du protectionnisme. « En période de
récession, la sensibilité protectionniste augmente toujours », ajoute
Jean-Claude Casanova qui parie toutefois que le monde résistera à cette
pression compte tenu du nombre de ceux, producteurs des pays émergents et consommateurs
des pays riches, qui auraient intérêt au libre-échange.
Un mauvais moment à passer
Au final, l’opinion la plus répandue dans la sphère
libérale est que cette crise, loin d’obliger à une révolution des modes de
pensée, est plutôt un mauvais moment à passer. Philippe Manière se moque des
anti-libéraux qui exultent aujourd’hui : « une montre arrêtée donne
l’heure exacte deux fois par jour, il faut qu’ils en profitent ! »
« Le capitalisme ne va pas sortir indemne de cette crise » mais il
saura inventer de nouvelles régulations, prévoit Nicolas Baverez. « Je
crois que l’Etat va revenir de là où il avait été chassé depuis la fin de
Bretton Woods et qu’il va à nouveau contrôler la sphère financière mais que
l’on ne va pas revenir au Welfare State », confie Patrick Devejdian.
Jean-Jacques
Rosa exprime bien l’optimisme congénital des libéraux : « Nous sommes
toujours à l’âge de l’abondance de l’information et de la décentralisation et
il est improbable que les Etats regagnent du pouvoir et s’étendent sur un large
front dans les prochaines années. Un retour au socialisme est encore moins
crédible. Une crise n’est pas suffisante en elle-même pour renverser une
évolution aussi profondément enracinée[24] ».
Les adversaires des libéraux seraient bien inspirés de ne pas croire que le
vent de l’histoire a d’ores et déjà tourné. La crise actuelle ouvre certes une
période d’instabilité des équilibres idéologiques. Mais l’issue de cette
nouvelle bataille des idées n’est écrite nulle part. Les libéraux ne sont, en
tous cas, pas disposés à désarmer.
Eric Dupin
[1] Alain Madelin, Talk Orange-Le Figaro, 21 octobre 2008.
[2] Nicolas Baverez, « Le libéralisme, remède la crise », Le Monde, 15 octobre 2008.
[3] Entretien avec l’auteur, 16 décembre 2008.
[4] Entretien avec l’auteur, 9 décembre 2008.
[5] Entretien avec l’auteur, 4 décembre 2008.
[6] Entretien avec l’auteur, 11 décembre 2008.
[7] Jean-Jacques Rosa’s Blog, « Ils n’ont pas tort… mais ils ne savent pas pourquoi », 10 novembre 2008.
[8] Entretien avec l’auteur, 9 décembre 2008.
[9] Pascal Salin, « L’échec d’un Etat pas assez libéral », Les Echos, 1er octobre 2008.
[10] Jean-Jacques Daniel, « Les liaison dangereuses », Blog de Jean-Jacques Daniel, 13 octobre 2008.
[11] Vincent Bénard, « Subprime : marché accusé, Etat coupable », Le Figaro, 9 septembre 2008.
[12] Entretien avec l’auteur, 9 décembre 2008.
[13] Interview d’Alain Madelin par Carole Barjon, « C’est la faute à la régulation », Le Nouvel Observateur, 2 octobre 2008.
[14] Alain Madelin, « Le mauvais procès fait au capitalisme financier », Facebook, 17 octobre 2008.
[15] Jean-Jacques Rosa, « The financial crisis in perspective », Site de Jean-Jacques Rosa, 1er octobre 2008.
[16] Entretien avec l’auteur, 8 décembre 2008.
[17] Interview d’Alain Madelin par Carole Barjon, « C’est la faute à la régulation », Le Nouvel Observateur, 2 octobre 2008.
[18] Vincent Bénard, « Crise: le plus dur est devant nous, un changement de cap économique est indispensable », Institut Hayek, 4 novembre 2008.
[19] Entretien avec l’auteur, 5 décembre 2008.
[20] Jacques Garello, « Roosevelt II », La Nouvelle lettre, 20 octobre 2008.
[21] Nicolas Baverez, « Le libéralisme, remède la crise », Le Monde, 15 octobre 2008..
[22] Jacques Garello, « Un plan libéral de relance », La Nouvelle lettre, 5 décembre 2008.
[23] The Economist, “Is Sarkozy a closet
socialist?”, November 13th 2008.
[24] Jean-Jacques Rosa, « The financial crisis in perspective », Site de Jean-Jacques Rosa, 1er octobre 2008.
Article publié dans Le Monde Diplomatique de février 2009
Une définition (un peu longue car explicative) du libéralisme par Vincent Bénard que vous citez pour la gouverne de ceux qui seront tentés encore de partir en vrille contre "l' hyper libéralisme".
Rédigé par : Erick | 02 février 2009 à 15h08
Il était question quelques mois en arrière au moment où la planète a retenu son souffle quelques jours craignant de voir le système financier mondial happé par un énorme trou d’air, de mettre en place une gouvernance économique mondiale. Une sorte de supra gouvernement économique exerçant un contrôle sur la finance mondiale.
On a bel et bien vu un peu partout, des plans de sauvetage en urgence se mettre en œuvre. On voit maintenant chaque jour chaque pays y aller de son plan de relance à tiroir. Mais, alors que, paraît-il, indiens et chinois n’étaient pas hostiles à une régulation par les Etats de l’économie financière, on en entend quasiment plus parler.
L’arrivée d’Obama aux affaires devrait au moins sur papier nous indiquer que la chose reste possible, mais que vaudront les « régulations » et contrôles que chaque pays retiendra pour lui-même, sur ces établissements financiers, si mondialement la volonté régulatrice n’est plus de mise ?
Le premier enseignement de la crise financière tient pourtant à la répétition possible de ce que nous venons de vivre. Il serait fou d’imaginer que la crise actuelle aurait servi de leçon, l’auto-régulation des marchés n’a pas fonctionné, elle pourra donc de nouveau ne pas fonctionner. Aux deux scénarios possibles, l’un donnant la planète au tapis d’ici un an, l’autre un rebond en flèche à peu près à la même échéance, vient s’ajouter les risques « pays », comme la Grèce notamment en ce moment, ou le Pakistan, qui n’ont plus un kopeck. L’Europe a certes réitéré ses velléités de contrôle du financier au niveau mondial, mais si quelqu’un a des nouvelles de la position chinoise, indienne et surtout américaine sur le sujet, je suis preneur.
Rédigé par : matéo | 02 février 2009 à 16h43
@ Matéo
La chine
Croissance du PIB : 8,0 %
PIB : 4 818 milliards de $
(9 128 milliards de $ en PPA)
Inflation : 3,6 %
Population : 1,3367 milliard
PIB par habitant : 3 600 $ (6 830 $ en PPA)
A mesure que se dissipe la splendeur des Jeux olympiques, le plus gros défi que devra relever le gouvernement sera de trouver un équilibre entre deux mpératifs : soutenir la croissance et maîtriser l’inflation. Un faux pas dans un sens ou dans l’autre pourrait déclencher les troubles sociaux que craignent tant les dirigeants du pays (même si le Parti communiste a tiré d’importants avantages des Jeux). La campagne contre la corruption des hauts fonctionnaires, motivée par la même crainte, se poursuivra, mais pas une réforme démocratique plus générale
L'Inde
Croissance du PIB : 6,5 %
PIB : 1 362 milliards de $
(3 728 milliards de $ en PPA)
Inflation : 7,2 %
Population : 1,1403 milliard
PIB par habitant : 1 190 $ (3 270 $ en PPA
Les élections législatives, qui doivent se tenir en mai, porteront au pouvoir une nouvelle coalition,mais rien ne permet de savoir si elle sera à nouveau dirigée par le Parti du Congrès ou par le Parti du peuple indien (BJP). Le gouvernement qui en résultera sera marqué par des différences de vues sur la politique à adopter et des conflits de personnalités. La forte inflation et le recul de la croissance terniront la “lune de miel” du nouveau gouvernement.
Les États Unis
Croissance du PIB : - 0,2 %
PIB : 14 839 milliards de $
(14 839 milliards de $ en PPA)
Inflation : 2,0 %
Population : 306,6 millions
PIB par habitant : 48 400 $ (48 400 $ en PPA)
La promesse d’un nouveau président sera assombrie par des évolutions réoccupantes : une contraction de l’activité économique, une forte poussée du chômage et l’ébranlement du système financier. Une nouvelle réglementation financière stricte et des projets pour relancer l’économie seront à l’ordre du jour, mais la confiance ne se rétablira pas facilement. Après les dernières années léthargiques de George W. Bush, un nouveau programme politique prendra forme. Une plus grande coopération internationale sur les problèmes mondiaux, comme le changement climatique, constituera une des grandes priorités. La présence militaire américaine en Irak commencera aussi à se réduire. Malgré cette approche plus cordiale, la politique commerciale deviendra plus protectionniste et les tensions commerciales avec la Chine vont s’intensifier.
Source : Courrier international -The économist
Rédigé par : Flamant Rose | 02 février 2009 à 17h21
Mon cher Eric Dupin,
Je n'y crois pas !
Tous les experts économiques et politiques, disqualifiés par leurs incapacité crasse à appréhender la crise, sont cités ICI.
En fait, plus on montre qu'on est incompétent, et plus on est sollicité par la presse !
ON NE PEUT PAS analyser ENSEMBLE l'économie réelle (cette inconnue des économistes) et l'économie virtuelle.
Ne pas faire une analyse dissociée de la macro économie financière et de la micro économie qui est l’essentiel de la survie du pays (même si bien sur il existe des ponts et passerelles entre les deux) :
C’est avouer sa complète incompréhension du problème.
Parler de libéralisme au sujet de la micro et de la macro c’est complètement vain.
Autant les entrepreneurs ont besoin de souplesse et d’un outils fiscal moins rigide, poussant moins à la cupidité, aux bénéfices à courts termes (à courte vue) et moins obsolète, autant le monde des paris boursiers à découvert à lui besoin d’être sorti de sa corruption et de ses délires.
Macro et micro ont des besoins diamétralement opposés, ne pas le savoir est suicidaire, on peut tolérer çà d’une avocate californienne, pas de quelqu'un qui se pique de connaître les besoins de développement du pays.
En attendant, c’est la France qui trinque...
Rédigé par : Gilbert | 02 février 2009 à 17h46
Mon cher Eric Dupin,
Je n'y crois pas !
Tous les experts économiques disqualifiés par leurs incapacité crasse à appréhender la crise, sont cités ICI.
En fait, plus on montre qu'on est incompétent, et plus on est sollicité par la presse !
ON NE PEUT PAS analyser l'économie réelle (cette inconnue des économistes) et l'économie virtuelle.
Ne pas faire une analyse dissociée de la macro économie financière et de la micro économie qui est l’essentiel de la survie du pays (même si bien sur il existe des ponts et passerelles entre les deux) :
C’est avouer sa complète incompréhension du problème.
Parler de libéralisme au sujet de la micro et de la macro c’est complètement vain.
Autant les entrepreneurs ont besoin de souplesse et d’un outils fiscal moins rigide, moins obsolète, moins destructeurs d’emplois et moins incitant aux bénéfices à courts termes (courte vue), autant le monde des paris boursiers à lui besoin d’être sorti de sa corruption et de ses délires d‘autorégulation (encore une invention de “puceau de l‘économie réelle” ).
Macro et micro ont des besoins diamétralement opposés, ne pas le savoir est suicidaire, on peut tolérer çà d’une avocate californienne, pas de quelque un qui se préoccupe des besoin de relance des ACTEURS de l‘économie.
En attendant, c’est la France qui trinque.
Rédigé par : Gilbert | 02 février 2009 à 17h54
Merci à vous Flamant de toutes ces informations. Mais je demandais en fait si quelqu'un avait des infos sur la volonté politique qui semblait s'être faite jour lors de la crise financière, et qui semblait donner une chance (même petite) à une gouvernance économique mondiale. La position américaine indépendamment de l'élection d'Obama et de son arrivée à la Maison Blanche était cependant assez incertaine sur une telle orientation. Ca ne mangeait pas de pain à Bush de dire qu'on pouvait toujours en parler, mais rien ne dit qu'Obama ne s'engouffrera dans une telle orientation.
Merci à vous FR.
Rédigé par : matéo | 02 février 2009 à 17h54
@ Matéo
L’accession de Barack Obama à la fonction présidentielle devrait faire beaucoup pour ameliorer la réputation de l’Amérique dans le monde et rehausser le moral de sa population. Les deux mandats successifs de George W. Bush ont gravement terni l’image des Etats-Unis et suscité un antiaméricanisme qui sévit des capitales européennes à la rue arabe. Dans ces conditions, M. Obama n’est pas loin d’être investi de
l’image d’un sorcier tout-puissant. Son entrée en fonction marquera le point culminant de la révolution des droits civiques. Elle contribuera également à améliorer les relations des Etats-Unis avec le reste du monde. Il sera en effet difficile pour les musulmans d’accuser les Etats-Unis
d’avoir des préjugés alors qu’ils ont choisi pour président un homme dont le prénom signifie “béni” en arabe et dont le second prénom est Hussein. Et il sera tout autant compliqué pour les Européens d’accuser l’Amérique d’être un pays de rustres alors qu’ils auront porté à la présidence un homme hautement éduqué.
L’équilibre des pouvoirs à Washington sera également favorable au nouveau président. Les démocrates seront majoritaires dans les deux chambres du Congrès : ils disposeront notamment d’une large supériorité numérique au Sénat, la chambre qui a le plus souvent, par le passé, contrecarré la volonté présidentielle. De plus, les républicains, qui ont toujours excellé à tourmenter les démocrates ambitieux, ne seront plus en position de tourmenter qui que ce soit, à part eux-mêmes. Rejetéspar les urnes et exclus du pouvoir tant à la Maison-Blanche qu’au Congrès, ils vont passer les prochaines années à se quereller entre eux. Pourtant, aussi favorable que soit la position de M. Obama, il devra faire face à trois grands problèmes en 2009. Le premier, ce sont
les espoirs parfois excessifs qu’il suscite. Le nouveau président a fait de nombreuses promesses au cours de sa campagne – couverture santé universelle, investissements dans les infrastructures et les énergies vertes, système de plafonnement et d’échange [cap-and-trade] des émissions de gaz à effet de serre, et bien d’autres choses encore. Or il devra gérer l’un des héritages les plus lourds qu’ait eu à gérer un président depuis Harry S. Truman [en poste de 1945, après le décès de Franklin D. Roosevelt, dont il était le vice-président, jusqu’en 1953, fin de son second mandat] : deux guerres, une économie précaire et un trou noir fiscal. Le montant de la dette publique dépasse les 10 000 milliards de dollars, et le budget fédéral pourrait enregistrer un déficit de 1 000 milliards de dollars si l’on prend en compte le coût des récents sauvetages de banques.
Le second problème sera le statu quo prévalant à Washington. Le candidat qui a fait campagne contre les vieilles politiques de clans et les arrangements entre initiés se heurtera au fait que, dans la capitale, le pouvoir sera concentré entre les mains de son propre parti. On a pu constater que les démocrates, sous la houlette de [la présidente de la Chambre des représentants] Nancy Pelosi, étaient tout aussi habiles que leurs prédécesseurs républicains pour faire voter des financements publics en faveur de leurs circonscriptions, satisfaire les lobbys et humilier leurs opposants.
Le troisième problème auquel sera confronté M. Obama est d’ordre plus personnel : il lui faudra préciser ce en quoi il croit exactement. En 1992, Bill Clinton incarnait l’émergence d’une conviction démocrate cohérente. Il s’agissait de prendre acte de la mondialisation et de l’économie de marché, d’utiliser la structure étatique pour fournir des services publics tels que l’éducation et de tenter de redistribuer plus équitablement les richesses. Barack Obama a déployé plus d’efforts pour apaiser les groupes d’intérêts que pour définir une philosophie politique. Il devra apporter des réponses solides sur le plan de la mondialisation et de la re-réglementation [notamment du commerce international]. Il devra également faire face à un électorat désorienté. Il deviendra à la mode de définir M. Obama comme un Reagan de gauche – un président charismatique qui incarne le changement. Mais son élection a plus traduit un rejet de George W. Bush qu’une conversion à une politique de gauche fondée sur l’interventionnisme gouvernemental.
Le plus grand danger pour l’administration Obama pourrait être qu’après une phase initiale marquée par la bonne volonté, elle parte à la dérive en raison du manque d’argent nécessaire à la satisfaction des promesses de campagne, des difficiles conditions économiques et internationales et du déchirement que pourrait éprouver le jeune chef de l’Etat entre son désir d’adopter des positions postpartisanes et la logique impitoyable de la politique partisane à Washington. Mais ce serait une erreur de sous-estimer M. Obama. En 2008, il s’est opposé à deux des politiciens les plus chevronnés de la capitale fédérale – Hillary Clinton dans son propre camp et John McCain dans le camp adverse – et les a tous deux battus. L’année 2009 verra un politicien aux dons exceptionnels se confronter à une série de défis particulièrement difficiles.
Adrian Wooldridge, chef du bureau de “The Economist” à Washington
Rédigé par : Flamant Rose | 02 février 2009 à 19h15
Pour moi les libéraux ou néo-libéraux sont les trostskistes de la droite.
Au début des années 80 j'étais jeune et attiré par leur idées, j'étais et suis toujours de droite mais pluôt démocrate- chretien ou gaulliste.
Je n'ai aimé jamais la gauche à cause de leur idéologie, leur manque de réalisme, je déteste les idéalistes.
Ce qui m'a tout de suite frappé chez les liberaux c'est qu'à l'inverse de la plupart des gens de droite
qui sont très "gestionnaire" c'est leur dogmatisme et leur psycho-rigidité idéologique exactement
ce que je deteste chez les gens de gauche.
L'exemple le plus caricaturale ce sont les néocons qui dont beaucoup aux USA viennent de la gauche.
Pour moi les libéraux sont cuits, la crise ne fait que commencé, les marchés sont encore plus s'effondrer, si vous allez sur des sites économiques américains beaucoup d'américains veulent un changement profond.
Attention je ne dis pas qu'Obama en sera l'instigateur car je pense qu'il n'est pas très différent sur le fond, sur la forme on pourra discuter avec lui, même s'il ne nous écouteras pas. Je pense simplement que les Etats-Unis n'auront pas le choix et la GB n'ont plus.
attention aussi l'effondrement du monde Anglo-saxon peut donner plus de poids à des pays aux idéologie autoritaire : Chine, Russie, Monde musulman.
Je pense que 3 pays peuvent jouer un rôle positif par leur modération idéoligique :
La France, l'Inde et le Brésil.
Ces 3 pays sont des démocraties, multi raciale, capitaliste mais sans le fanatisme du marché des Anglo-saxons.
Entre parenthèse je surfe sur une vingtaine de blogs économique américain, on se rends pas compte de l'assurance et du complexe de supériorité des américains pour leur système économique, j'ai lu par exemple que l'économie américaine ne pouvait tomber en récession car elle était devenu désormais trop grosse, ou aussi qu'elle était résiliente.
Beaucoup d'Américains croit au sens religieux à l'efficacité des marchés. Greenspan avait les larmes aux yeux quand il expliquait qu'il s'était trompé sur le fait que les banques ne protégeaient pas toujours les actionnaires mais privilégiaient les intérêts à court terme des dirigeants.
Rédigé par : topaze | 02 février 2009 à 20h24
Je partage assez l'optimisme (et non les idées) des penseurs libéraux même si un petit mouvement vers plus de régulation me paraît vraisemblable. A l'échelle de l'Histoire, la crise actuelle n'est qu'un sérieux incident de parcours, rien à voir avec celle de 29 qui a amené Hitler au pouvoir.
Le moment de vérité du libéralisme à l'occidentale viendra plus tard, lorsque la Chine et l'Inde menaceront de rattraper l'Occident. Alors, les idéologies passeront au second plan et il s'agira d'adopter les politiques les plus efficaces.
Pour finir, j'ai de sérieux doutes sur l'influence réelle des "penseurs" sur les dirigeants politiques, plus préoccupés par la main invisible de l'électeur que par celle du marché.
Rédigé par : marl | 02 février 2009 à 22h01
Hé oui, Topaze ... Choisir entre les néocons et les vieux n' est pas chose facile !
Rédigé par : Erick | 03 février 2009 à 08h47
@ Topaze
En fait de Gaulle rejetait non pas le capitalisme mais le capitalisme libéral. Pour bien montrer qu'il ne voulait ni de ce capitalisme libéral ni de l'étatisme on peut se rapporter à 2 conférences de presse l'une le 29 juillet 1963 et l'autre le 16 mai 1967 " l'état put rejeter à la fois un capitalisme abusif et un communisme écrasant et adopter un dirigisme qui lui permettrait de conduire l'évolution" et "nous repoussons la tyrannie du totalitarisme et le fatalisme inhumain du laissezfaire,laissez-passer"
Le 25 avril 1968, le général reçoit à l'Elysée David Rousset philosophe et résistant et lui tient ses propos" Il faut condamner la société capitaliste, Il faut condamner le communisme totalitaire.Il faut trouver une voie nouvelle : la participation"
Rédigé par : Flamant Rose | 03 février 2009 à 10h02
Avec des amortisseurs c'est nettement mieux :
Lire lemonde.fr :
"Dans la crise, le modèle français, naguère décrié, retrouve des couleurs"
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/01/30/dans-la-crise-le-modele-francais-naguere-decrie-retrouve-des-couleurs_1148547_3224.html
Rédigé par : bernard | 03 février 2009 à 10h09
Une petite imprécision mineure remarquée après une lecture rapide : Philippe Manière est-il "directeur" ou "ancien directeur" de l'institut Montaigne ?
Rédigé par : Nikita Malliarakis | 03 février 2009 à 14h17
En attendant, voyez cet article qui, personnellement, me laisse songeur :
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601009&sid=aPIckLrGsg9A&refer=bond
Rédigé par : Paulot | 04 février 2009 à 11h11
« Il n’y a que l’Etat qui peut régler les catastrophes naturelles, et c’en est une », plaide ingénument Jean-Michel Fourgous.
Oh làlà, "catastrophe naturelle". Répétez dix fois avec moi "naturelle".
Fourgous est lui une catastrophe, et pas naturelle. Voilà un génie qu'est pt'êt' ingénu, mais nous et surtout nos enfants sommes nus.
Rédigé par : PMB | 06 février 2009 à 13h46
« Il n’y a que l’Etat qui peut régler les catastrophes naturelles, et c’en est une », plaide ingénument Jean-Michel Fourgous.
Oh làlà, "catastrophe naturelle". Répétez dix fois avec moi "naturelle".
Fourgous est lui une catastrophe, et pas naturelle. Voilà un génie qu'est pt'êt' ingénu, mais nous et surtout nos enfants sommes nus.
Rédigé par : PMB | 06 février 2009 à 13h47
Il y a ceux qui savent que les crises financières sont toujours un produit du monopole de l'état sur la production de monnaie, et ceux qui ne le savent pas.
Le savaient les économistes libéraux français du XIX° siècle, contemporains de la banque libre en Nouvelle-Angleterre et dans l'empire britannique au-delà de la zone de Londres, ou qui l'avaient connue avant sa suppression en 1844.
En 150 ans de banque libre en Ecosse, il n'y a jamais eu aucune crise financière, alors que celles-ci se multipliaient sans cesse dans ces régions à monopole qu'étaient l'Angleterre et la France, pour des raisons déjà exposées par Charles Coquelin. Une seule banque y a jamais fait faillite, la banque Douglas, Heron & Company en 1772.
Si on se souvient de son nom, c'est parce que c'était la seule. Aucun déposant, cependant, n'y avait rien perdu.
N'importe qui connaît la réglementation des banques et des marchés financiers sait qu'accuser de la crise le "laissez-faire" et même la "déréglementation" est malhonnête.
Mais combien de libéraux osent dire que la seule manière d'empêcher le retour des crises, c'est justement le laissez-faire monétaire ?
Pascal Salin l'a écrit dans ses livres, Philippe Nataf a réédité Coquelin.
Jean-Pierre Centi, adjoint de Jacques Garello, a fait la théore de la banque libre à la suite de George Selgin :
http://www.zshare.net/download/51350519d7efd02a/
On espère que, à la différence de son prédécesseur à la tête de l'Institut Hayek, l'ingénieur Vincent Bénard finira par lire Friedrich Hayek sur les explications de la conjoncture.
Il a déjà au moins celles-ci :
http://docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_13cdz2k2ck
http://docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_4113hb4fmd2
http://docs.google.com/Doc?id=dc2m8p62_436d2shs5gk
Rédigé par : Sebaneau | 10 février 2009 à 04h33
Les économistes vraiment libéraux avaient prévu cette crise, et l'annonçaient depuis un an et demi. Et ils étaient les seuls. On ne peut pas dire qu'ils aient été surpris.
C'est pour cela qu'en dépit de l'élection du communiste Obama, le Ludwig von Mises Institute pavoise depuis quatre mois en criant sur tous les tons : "on vous l'avait bien dit".
Evidemment, une girouette rouillée peut aussi indiquer la bonne direction du vent, s'il se trouve que le vent souffle dans la direction qu'elle indique, et ceux qui ont toujours crié à l'inflation peuvent dire aujourd'hui qu'ils avaient raison.
Encore faut-il qu'on comprenne que la politique de la Fed a été inflationniste, et que c'est la cause de la crise.
Et pour ce qui est de prévoir qu'on en accuserait la liberté résiduelle de la pseudo-démocratie socialiste, c'est fait depuis bien plus longtemps encore :
cela fait presque trente ans que Michel de Poncins a fait cette prévision sous la dénomination de "Loi des Calamités" :
une intervention de l'état crée une calamité à quoi on pouvait s'attendre, et, comme on pouvait s'y attendre aussi, échoue à réaliser son objectif.
Alors, ces ravages et ces échecs sont le prétexte de nouvelles interventions, également calamiteuses, pour pallier les destructions de la première et tenter de réussir là où elle avait (évidemment) échoué.
Rédigé par : Sebaneau | 10 février 2009 à 04h48
Topaze, sur la dérive idéologique du libéralisme, voyez ce court papier percutant:
http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/472998/nous-sommes-tous-liberaux.html
dont l'auteur est si je ne m'abuse lancien président de l'institut Hayek !
Rédigé par : Alain | 10 février 2009 à 07h14
Bonjour Mr Dupin,
Ce qu'il faut dire également à mon avis, c'est que la crise financière récente n'est absolument pas la cause de la crise profonde de la société française (chomage, pauvreté, etc...) qui dure elle depuis de très nombreuses années et qui est due elle, à un Etat omniprésent, envahissant, inefficace car pas réformé depuis de très nombreuses années.
Bref, la vraie crise de la société française n'est pas imputable au libéralisme vu que le libéralisme n'a pas pointé le bout de son nez en France depuis belle lurette.
Un libéral.
Rédigé par : Le Champ Libre | 10 février 2009 à 09h11
On sait, on sait... les libéraux avaient comme toujours tout prévu aussi bien qu'ils expliquent et expliqueront (après coup) toujours tout sans avoir à jamais rien changer de substantiel à leurs idées. Mais ils ne sont pas les seuls à être experts en la matière : les camarades marxistes aussi savent faire ça très bien... Au royaume des idéologies, rien de bien nouveau en somme.
Rédigé par : Scodex | 10 février 2009 à 19h44
On sait, on sait... les libéraux avaient comme toujours tout prévu aussi bien qu'ils expliquent et expliqueront (après coup) toujours tout sans avoir à jamais rien changer de substantiel à leurs idées. Mais ils ne sont pas les seuls à être experts en la matière : les camarades marxistes aussi savent faire ça très bien... Au royaume des idéologies, rien de bien nouveau en somme.
Rédigé par : Scodex | 10 février 2009 à 19h49
Il faudrait d'abord prouver que le libéralisme est une idéologie... Rien de moins sûr.
Par exemple pour J.-F. Revel, le communisme est une idéologie, pas le libéralisme, qui est une philosophie politique basée sur la propriété, la liberté et la responsabilité de l'individu.
Le communisme est une idéologie car ses partisans estiment que bien que n'ayant engendré que mort et destruction, il aurait toujours été dévoyé et jamais véritablement mis en place.
Le libéralisme a, lui, imposé l'égalité en droit, la propriété privée, le droit de grève (droit de grève toujours aboli dans chaque pays communiste).
Que faut-il préférer M. Dupin ? Un système mortifère basé sur une utopie ou un système concret basé sur la libre possession par chaque individu de toutes ses facultés ?
Rédigé par : Bastiat | 10 février 2009 à 23h15
Non, évidemment, bien sûr que le libéralisme n'est pas une idéologie! La preuve? Ce sont les libéraux (en l'occurrence Jean-François Revel) qui l'affirment! A ce compte-là le marxisme est assurément "scientifique"... Pour les convertis, il est vrai les choses sont simples : le communisme étant intrinsèquement bon, les tragédies qui lui sont imputées ne peuvent être le fait que d'une mise en oeuvre dévoyée n'entamant du tout le prestige de la Juste Doctrine. Quant à l'égalité en droit, à la propriété privée ou au droit de grève, ils ne sont en rien l'apanage du libéralisme puisque absolument garantis par les régimes se réclamant de la social-démocratie ou encore de l'économie sociale de marché. Pour conclure,peut-être, partant du constat du caractère encore balbutiant des sciences humaines et sociales, est-il le plus raisonnable de conjecturer que les "vérités" de demain ne sauraient être trouvées dans les théorisations d'hier.
Rédigé par : Scodex | 11 février 2009 à 01h48
Scodex, vous ne donnez pas un argument contre mon message, vous procédez par amalgames.
L'égalité en droit, la propriété privée ont été mis en place en France par la DDHC DE 1789, d'inspiration fondamentalement libérale.
Le mot même de socialisme a été forgé en opposition au mot individualisme. C'est-à-dire qu'on préfère le groupe à l'individu, car quand on veut être berger, on veut disposer d'un bon gros troupeau.
Marx s'est opposé explicitement aux droits de l'homme. Engels a développé des positions racistes. De grands hommes dévoyés !
Le droit de grève a été réclamé et obtenu par les libéraux, parce qu'ils l'ont pensé comme une conséquence de la responsabilisation de l'individu.
Tous les régimes basés sur le socialisme ont conduit leurs peuples à l'asservissement et à la mort. Brillant tableau fort admiré de nos jours et qu'on veut reproduire en donnant plus de pouvoir à l'Etat.
Rédigé par : Bastiat | 11 février 2009 à 08h36
Scodex, quand on dit que les économistes de l'école autrichienne (ceux que vous appeleriez les "ultra-libéraux") avaient prédit la crise, ils ne se sont pas contentés de dire "vous allez voir, il va y avoir une crise un de ces jours !" Ils ont expliqué très clairement quelles causes allaient provoquer quels effets. Voir par exemple cette série d'articles du Ludwig von Mises Institute : http://mises.org/story/3128 cf. également sur YouTube les vidéos de Peter Schiff, le conseiller économique du candidat libéral Ron Paul, qui passait pour un cinglé il y a quelques mois et qui est désormais courtisé par toutes les chaînes d'information américaines. Cette crise donne bien évidemment raison aux libéraux.
Rédigé par : NPA | 11 février 2009 à 08h45
Les libéraux, presque considérés comme de dangereux gauchistes par leurs adversaires de droite conservateurs dans le courant du 19eme.
Rédigé par : Erick | 11 février 2009 à 08h53
Oui; parce que la droite était essentiellement composée de bourgeois propriétaires qui souhaitaient des mesures protectionnistes pour défendre leur industrie aux dépens des consommateurs.
Il me semble d'ailleurs que Bastiat, par exemple, siégeait à gauche.
Depuis, il y a eu le socialisme...
Rédigé par : NPA | 11 février 2009 à 09h11
Si au moins cette crise pouvait faire réaliser aux dogmatiques statolatres que Sarko, Devedjan et autres socialistes de droite n'ont pas grand chose de libéral. Je pense qu'elle aura au moins le mérite de donner un peu plus de visibilité aux libéraux (M. Dupin les appelle ultra-libéraux), seule voix discordante dans ce consensus ultra-interventionniste (finalement c'est vrai que la surenchère sémantique c'est pratique, ça diabolise l'adversaire en nous dispensant d'une réfutation laborieuse de ses arguments).
Rédigé par : Stéph | 11 février 2009 à 09h36
> Il ne vient à l’idée d’aucun de ces économistes que le déséquilibre entre les rémunérations du travail et du capital a pu inciter au surendettement des ménages…
Il ne vient pas a l'idee de monsieur Dupin que c'est precisement ce que dit Pascal Salin trois paragraphes plus haut...
Rédigé par : Liberte | 11 février 2009 à 10h42
La seule chose qui puisse conduire les ménages au surendettement consiste en des conditions d'emprunt qui leur paraissent plus avantageuses qu'elles ne le sont réellement, cela même qu'a fait la politique monétaire inflationniste de la Banque de Réserve fédérale.
Pour parler de "déséquilibre" entre les rémunérations du travail et du capital, il faudrait pouvoir expliquer où se trouverait l'"équilibre". En demandant au Sarköz?
Il y a quand même une réalité derrière ce discours sur un prétendu "déséquilibre", c'est que les capitalistes aujourd'hui peuvent plus facilement déplacer leurs capitaux... et leur personne que les prolétaires accrochés à leur emploi par peur du chômage.
Or, celui qui paie réellement les impôts ce n'est pas celui que désigne la loi, c'est celui qui court le moins vite pour leur échapper.
C'est pour cela que ce sont les salariés qui paient l'impôt sur le capital, et que le smicard se fait voler la moitié de son salaire par la Sécu.
Si les semi-esclavagistes du socialisme au pouvoir se souciaient vraiment d'accroître le pouvoir d'achat des salariés, ils renonceraient à les voler.
Le problème c'est que ça rapporte davantage de voler les pauvres, surtout si on peut leur faire croire que ce sont les riches qui paient. Et ça marche d'autant mieux que tout le monde le croit, à commencer par les voleurs eux-mêmes.
Rédigé par : Sebaneau | 11 février 2009 à 18h32
Ce n'est pas un défaut de la philosophie politique libérale que de ne pas pouvoir être réfutée par l'expérience historique : c'est dans la nature de la philosophie que de pas pouvoir être réfutée par l'expérience, si elle est formulée avec cohérence.
Si le socialisme est faux, ce n'est pas parce qu'il serait "irréfutable" comme le prétendait Karl Popper : bien au contraire, il a été démontré absurde à chacune des tentatives faites pour rationaliser ses versions successives.
Par exemple la "plus-value" marxiste a été réfutée avant même la mort de Marx par Böhm-Bawerk, lequel a démontré que le type de revenu qu'il appelait ainsi ne dépendait pas de la masse salariale, puisque les capitalistes pouvaient la collecter même dans des entreprises où il n'y a pas de salariés du tout.
Marx n'en avait pas moins eu le mérite de réfuter l'interprétation de l'intérêt par Aristote.
C'est comme ça qu'on réfute une fausse idéologie, même quand elle dure depuis 25 siècles : par des arguments rationnels quant au fond, que ce soit pour la remplacer par une autre tout aussi fausse, ou pour la remplacer enfin par une autre qui est vraie.
En d'autres termes, une fausse interprétation philosophique est parfaitement réfutable, mais elle l'est d'abord par des arguments logiques, l'observation des faits n'étant qu'une occasion de se rendre compte de son absurdité.
Occasion que l'on peut manquer indéfiniment, comme le montre l'exemple des positivistes à la Popper, dont la définition de la connaissance rationnelle se réfute elle-même sans qu'ils s'en soient jamais aperçus.
On pourrait même dire que l'argument selon lequel une philosophie politique serait automatiquement fausse parce qu'elle paraît irréfutable est devenu la dernière ligne de défense de la pseudo-démocratie socialiste au pouvoir pour qui, manifestement, la cohérence logique est l'ennemi principal.
Il ne suffit donc pas qu'une pensée soit une "idéologie" pour qu'elle soit fausse. Une idéologie est fausse parce qu'elle est absurde, et c'est l'absurdité du socialisme qui en fait un refus du réel et une forme de pensée magique.
Est absurde, par exemple, de prétendre que la pseudo-démocratie socialiste respecterait les Droits individuels alors qu'elle dépouille des fruits de son travail chaque citoyen à qui elle n'interdit pas de travailler, faisant de lui dans le meilleur des cas un semi-esclave de l'état et de la Sécurité sociale.
Ce sont ces fausses idéologiques qui ont discrédité la notion d'idéologie.
Les premiers "idéologues" étaient libéraux, et les meilleurs économistes de leur temps : Jean-Baptiste Say et Antoine Destutt de Tracy, l'auteur des "Elemens d'idéologie".
Et celui qui les avait appelés tels c'était Napoléon Bonaparte qui, après avoir tenté de s'en rapprocher pour se donner des airs d'intellectuel, leur en voulait de s'en tenir à leurs principes et de dénoncer son autoritarisme.
Pour ce qui est de l'"idéologie libérale", on mettra en échec ceux qui veulent la faire passer pour extravagante si on arrive à faire comprendre que ce qu'elle prône : l'interdiction du vol et de l'agression, est la norme sociale que tout le monde reconnaît et pratique dans sa vie de tous les jours, quand il ne se rêve pas en homme de l'état.
Un "idéologue libéral" est seulement quelqu'un qui sait expliquer pourquoi les prétextes dont les puissants se servent pour dépouiller les faibles par la force sont des lubies qui ne résistent pas à l'examen rationnel.
Rédigé par : Sebaneau | 11 février 2009 à 19h05
Correction: les salariés paient l'impôt sur les sociétés, pas l'impôt sur le capitaL
Rédigé par : Sebaneau | 11 février 2009 à 19h13
Chers co-commentateurs, ne tombez pas sur le journaliste Eric Dupin à bras raccourcis alors qu'il a eu le mérite de relater objectivement les positions de divers libéraux sur la crise. Pour une fois qu'on ne décrit pas le libéralisme à travers le prisme de ses détracteurs... En plus, je ne pense pas qu'Eric Dupin, souvent entendu dans C dans l'air dans le passé, soit totalement hostile aux principes libéraux. Me trompe-je, Monsieur Dupin ?
Rédigé par : Dangar | 12 février 2009 à 13h01
Bel article d'Eric Dupin ! A tous ces commentaires que je trouve intéressants, j'ajouterais qu'il y a un arrière plan à la crise : la mondialisation. Un grand nombre de productions sont passées aux pays d'Asie et aux autres pays émergents. Les USA sont restés les premiers dans les technologies de pointe mais leur industrie a beaucoup souffert. L'Angleterre a misé sur la finance au détriment de son industrie. En France même, les grands groupes qui rapportent des devises réalisent une part importante de leurs profits et de leurs productions à l'étranger.
Le monde connaît de profond changement et l'on ne peut comprendre la crise sans tenir compte des nouveaux acteurs qui entrent en scène.
Au manque à gagner que représentent les transferts de production, les USA doivent ajouter les pertes dues à la continuation de 2 guerres extrêmement coûteuses.
Pour les occidentaux en général et pour les USA (et leur élève anglais) en particulier, la tentation était grande de faire de l'argent avec de l'argent. Ce qu'ils ont fait en fermant les yeux (aveu de Greenspan)et en se disant "pourvou que ça doure !" comme la mama de Napoléon ! Heureusement, ça ne dure qu'un temps !...
Les libéraux me semblent avoir raison sur un certain nombre de points, mais ils oublient de dire ce que Adam SMITH soulignait. La main invisible du marché ne joue véritablement son rôle que si l'on est entre "honnêtes" gens, c à d des gens qui ont les passion humaines, l'appât du gain, de la gloire, etc... mais qui ne sont pas des bandits ! En outre, il précisait que le "marché" ne joue que pour ce qui est "marchandise", je crois avoir compris que pour lui, la santé, l'éducation n'était pas des "marchandises" comme les autres...
En ce sens, beaucoup de partis sociaux démocrates me semblent plus libéraux que certains libéraux (pensée émue pour Delanoë qui a fait son coming out libéral qqs mois avant la crise !)...
Rédigé par : alain BARRE | 12 février 2009 à 18h44
Trés interessant. Du journalisme de grande qualité. Le libéralisme est trop souvent diabolisé en France. Et c'est rassurant de voir un article objectif comme le votre. Merci.
Rédigé par : Romain | 13 février 2009 à 02h09
@ TOpaze : "Pour moi les libéraux ou néo-libéraux sont les trostskistes de la droite."
n'importe quoi. Il faut se renseigner un peu avant d'asséner des âneries. Les trostkistes prônent à des fins d'efficacité la violence. Les libéraux sont opposés non seulement à toute forme de violence, mais encore à toute forme de CONTRAINTE. Tout ce qui ne vient pas nuire à la liberté d'autrui est légitime. Et cela pour tout le monde. Alors renvoyer dos-à-dos une idéologie collectiviste, violente, socialiste et une philosophie du droit, pacifique, individualiste, c'est afficher de manière presque comique son inculture...
à bientôt,
bravo Eric pour l'article très ouvert et très objectif. La plupart des penseurs et politiques libéraux y sont. Beau travail.
Rédigé par : lomig | 13 février 2009 à 07h54
Tiens tiens... Les idéologues libéraux, qu'on n'avait plus entendu sur ce blog depuis quelques mois, sans doute plongés dans la stupeur devant le cataclysme qu'ils avaient contribué à déclencher, refont surface subitement!
Ce qui ressort de l'article d'Eric Dupin, selon moi, c'est qu'on peut tenir sur le libéralisme les propositions les plus contradictoires,et que chacune d'entre elles s'avère à la fois vraie et fausse, simultanément et alternativement.
Par exemple, ce système (en matière économique) s'appuie sur la rationnalité des agents économiques, qui cherchent à satisfaire leurs propres intérêts. Mais en même temps il est mû par leurs passions, et les plus viles d'entres elles, comme l'avidité, ou les plus irrationnelles, comme le mimétisme, qui entraîne les phénomènes d'euphorie ou de panique boursière.
En ce sens la proposition de N. Baverez:
"Le libéralisme constitue le meilleur antidote à l'emballement des pulsions collectives" est tout à fait fausse.
Mais je suis sûr qu'il saura nous prouver qu'elle est vraie sous d'autres rapports.
De même, le système économique actuel accroît indéniablement les richesses disponibles. Mais il appauvrit les uns pour enrichir les autres.
J.-P. Dupuy est en train d'analyser ces caractéristiques, dans lesquelles il décèle la dimension propre du sacré religieux, qui est précisément l'ambivalence. La fameuse "main invisible" en est une autre expression.
Le Marché, divinisé (voir les travaux de Dany-Robert Dufour) "contient" la violence, aux deux sens du terme. Elle la recèle en son sein, comme principe dynamique, et l'empêche en même temps de s'étendre.
Cela restait valable au sein d'un monde infini (dans lequel se dissipait la violence des acteurs économiques). Peut-être que l'achèvement du phénomène de la globalisation, phénomène lié au libéralisme, constitue également l'achèvement, dans les deux sens du terme, du libéralisme, à plus ou moins longue échéance.
Rédigé par : D.H. | 13 février 2009 à 11h44
Cher Eric,
Je ne m'attendais guère à te voir faire l'exegèse des thèses libérales. Pour un vieux rocker socialo chevènementiste comme toi cela détonne !
Heureusement que tu es là pour parler de nous ! Et qui plus est dans ce torchon infectement léniniste qu'est le monde diplo !
Enfin j'imagine que tu ne reprends pas tout cela à ton compte...
Pour renforcer encore le propos je confirme que ce sont biens les hommes de l'état qui sont les premiers responsables de ce merdier ! Du Community Reinvestment Act aux privilèges et autres quotas de prêts imposés à Fanny et Freddy en passant par nos merveilleux prêt à taux 0, Bâle 2, la norme comptable "mark to market" et j'en passe je ne compte plus les imbécilités faites par des abrutis de politicards incultes qui feraient mieux de produire de la valeur et la vendre à des clients au lieu de faire chier tout le monde !
Faire croire indéfiniment qu'une pomme dans 10 ans vaut la même chose qu'une pomme tout de suite ne peut à terme générer autre chose que des ajustements brutaux !
Sinon j'espère que t'es en pleine forme avec tout plein de grands et beaux enfants... Que les hommes de l'état sont d'ailleurs en train d'endetter à mort avant même qu'ils aient commencé gagner leur vie !
Bien à toi
Christophe
Rédigé par : Christophe Richard | 16 février 2009 à 20h13
voir aussi http://www.monde-diplomatique.fr/2009/02/DUPIN/16832 et http://sabine-herold.fr/2009/02/12/un-article-dans-le-monde-diplo/ .
Rédigé par : Nicolas Krebs | 25 février 2009 à 21h39
Bastiat, ni l'égalité de droit, ni la propriété privée, ni le droit de grève ne sont l'apanage du libéralisme - pas plus que la solidarité n'est l'apanage du socialisme. Toute ces valeurs sont sont le lot de ceux qui les promeuvent et cela fait bien plus de monde que les seuls libéraux. D'une manière générale il me paraît préférable de ne jamais tenter de s'approprier des valeurs ou principes à visée universaliste car de telles choses, de droit sinon de fait, transcendent les écoles de pensée pour concerner tous les êtres humains.
Par ailleurs vous me semblez organiser le paysage conceptuel de la philosophie politique autour du face à face libéralisme versus socialisme. Vous oubliez, si tel est le cas, une possibilité pourtant toute simple : on peut n'être ni l'un ni l'autre. Ainsi dans mon discours il n'y a nul amalgame à associer libéralisme et socialisme puisque de mon point de vue il s'agit d'école de pensée dépassées, et que c'est sous cet angle que je les ai préalablement abordés.
Rédigé par : Scodex | 26 février 2009 à 01h12
NPA, pouvez-vous me rapportez un propos dans lequel j'utilisai le terme ultra-libéraux?
Je m'autoriserai de manière pus générale à vous conseiller de méditer cette maxime que je formule pour la circonstance : dans ce qu'on prête aux autres il y a parfois plus de soi que d'autrui. Vous mentionnez aussi certaines lectures de la crise économique actuelle mais il en existe d'autres également argumentées et qui aboutissent au moins parfois à des conclusions opposées à celle à laquelle vous arrivez.
Rédigé par : Scodex | 26 février 2009 à 01h42
Vous pouvez écouter le podcast de l'économiste Marc de Scitivaux. Ce podcast est sur le site de l'Institut Turgot.
Scitivaux est un économiste et un financier. Il conseille les directions générales des banques sur le choix des actifs à acheter.
Scitivaux explique bien la crise de manière très logique. Selon son analyse, la crise de 2008 provient principalement d'une mauvaise réglementation.
Rédigé par : gdm | 29 juillet 2009 à 20h20