Il y a un mystère Obama. Le candidat démocrate devrait logiquement être le grand favori de l'élection présidentielle américaine. Le camp républicain est en piteux état. Le Président sortant atteint des records d'impopularité. Les deux tiers des Américains désapprouvent l'action de George W. Bush. La profonde crise économique qui secoue l'Amérique provoque un vif mécontentement dans les classes populaires et moyennes. Et le désir d'en finir avec la guerre en Irak ajoute à la volonté de changement du peuple américain. Les électeurs proches du parti de l'âne sont désormais beaucoup plus nombreux que ceux qui restent fidèles au parti de l'éléphant. Les conditions d'une nouvelle alternance, après huit ans de règne républicain à la Maison blanche, semblent ainsi réunies.
Et pourtant, Barack Obama ne domine que d'une courte tête John McCain dans les sondages d'intention de vote. Il doit se contenter d'un petit point d'avance dans la dernière enquête Gallup. Selon cet indicateur quotidien, le candidat démocrate tend à dominer son adversaire depuis qu'il a éliminé Hillary Clinton en juin, mais il ne parvient décidément pas à creuser de trou. Le phénomène est d'autant plus étonnant que les facteurs personnels semblent, eux aussi, favorables aux démocrates. Le charisme d'Obama lui vaut une couverture médiatique hors pair tandis que McCain peine à concilier son image d'esprit indépendant avec la nécessité de se concilier les bonnes grâces des conservateurs.
La question raciale est la première raison qui vient à l'esprit pour comprendre la piètre performance d'Obama. C'est un fait qu'une partie de l'électorat populaire - les fameux blue collars - rechigne à voter pour un candidat «noir». Mais l'explication est un peu courte. Au-delà, c'est la personnalité même d'Obama qui est en cause. David Brooks, le brillant chroniqueur conservateur du New York Times (inventeur du terme de «bobos» ), a sans doute saisi l'origine du problème. Selon lui, le sénateur de l'Illinois serait un «sojourner» dans la société américaine, autrement dit un homme à l'identité complexe. Fils d'un Kenyan et d'une Américaine. Ancien militant associatif plutôt radical devenu politicien chevronné plutôt modéré. Par son tempérament aussi, Obama est un personnage à différentes facettes: capables de susciter l'enthousiasme autour de lui et simultanément réservé voire secret. Résultat, comme l'écrit Brooks : «Les électeurs ont du mal à la situer précisément, à comprendre les racines et les valeurs qui le constituent réellement».
Qui est vraiment Obama ? Cette question lancinante affaiblit la campagne démocrate. La singularité du personnage permet à d'innombrables Américains de projeter sur lui leurs attentes les plus diverses. Mais elle fragilise aussi son image. Ce qui donne prise aux rumeurs plus ou moins calomnieuses : le vrai Obama serait musulman, anti-patriote, complice des terroristes etc. L'état-major démocrate craint, à juste titre, le piège que tentent d'armer les stratèges républicains: transformer l'élection présidentielle en référendum pour ou contre Obama. D'ores et déjà, il est passé à la contre-attaque avec un série de spots publicitaires attaquant durement McCain.
Mais la bataille se jouera peut-être aussi et surtout sur les propositions des deux candidats. Une intéressante étude historique d'un expert de Gallup montre que le scrutin est souvent serré lorsqu'il n'y a pas de président sortant - peu importe alors le niveau de popularité de ce dernier. Car les électeurs sont alors particulièrement sensibles à la vision de l'avenir des candidats. A Obama d'être convaincant sur son projet. Il ne lui suffira pas de répéter «Yes we can».
Article publié sur marianne2.fr
Vous auriez pu transposer votre premier paragraphe en France.
Il y a un mystère Sarkozy. En cas d'élections présidentielles le candidat socialiste devrait logiquement être le grand favori. L'UMP est en piteux état. Le Président Sarkozy atteint des records d'impopularité. Les deux tiers des français désapprouvent son action. La profonde crise économique qui secoue la France provoque un vif mécontentement dans les classes populaires et moyennes.
Et pourtant un sondage de Marianne montre que le président sortant améliorerait au premier tour son score de 2 points et que le meilleur candidat du PS reste Ségolène Royale qui elle perdrait 4 points. Ainsi va la politique, l'électeur est versatile. Et puis peut être qu'il n'y a pas d'adversaire crédible.
Rédigé par : flamant rose | 23 août 2008 à 18h45
Cher Eric,
Il semble que les thèmes de vos derniers billets découragent les commentaires. C'est un peu normal, car vous prenez votre lectorat à contre pied, en quittant les petites querelles politiciennes franco françaises pour la politique internationnale et les grandes affaires du monde. Nouvelles fonctions obligent. Outre que la pertinence de vos analyses reste à démontrer, il devient bien difficile pour nous lecteur de faire des commentaires pertinents.
Le commentaire de flamand rose est ici typique. N'ayant pas références sérieuses sur le sujet de votre billet, flamand rose se trouve obligé de faire une comparaison avec la situation française qu'il connait mieux.
Revenons au sujet de votre billet. J'ai été branché sur les blog par un ami prof. d'anglais qui fréquentait alors les blogs des journalistes français en poste aux USA: Corinne (Le monde) , PR (Libé) et Guillemette (Figarro). Je l'y ai suivi. Puis j'ai connu votre Blog via un billet de PR. Depuis cet ami s'est fait viré d'un peu partout de part ses commentaires un peu trop vifs. Il fait maintenant partie du Blog "extrème centre" où il poste régulièrement. Il est bien sûr trés intéressé par l'élection américaine. Dans un billet récent, il met en parallèle la chute d'Obama dans les sondages avec l'affaire Géorgienne.
http://extremecentre.org/2008/08/21/election-americaine-les-vacances-de-m-obama-the-candidate%E2%80%99s-off-to-the-beach/
Cette analyse converge avec ce que vous dites. Face à la russie McCain a une position beaucoup plus claire et tranchée qu'Obama.
Mais peut être faut-il aller plus loin ? Peut être que la vision catastrophique de l'affaire Irakienne que nous avons à Paris, et qui est chère à votre ami JFK, n'est pas tout à fait correcte et mériterait d'être nuancée, comme l'explique Monnerat, qui a enfin repris son Blog. A tel point que les néo conservateurs reprennent du poil de la bête. Nous sommes bien sûr ici aux antipodes de ligne éditoriale de Marianne.
http://ludovicmonnerat.com/2008/03/dun-jour-a-lautre-en-irak.html
http://leblogdrzz.over-blog.com/article-22006176.html
En tout cas, je note que le message principal de votre billet est: "Même si Bush et l'Irak restent la cata des catas, l'élection d'Obama est loin d'être sûre".
Rédigé par : Michel | 24 août 2008 à 19h39
A propos du la vision catastrophique de l'affaire Irakienne qu'il faudrait relativiser, nous avons aussi:
http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2008/08/dans-mon-dernier-blocnotes-je.html
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/08/02/01005-20080802ARTFIG00182-les-bons-points-de-george-wbush-.php
Rédigé par : Michel | 24 août 2008 à 23h29
J'ai entendu des "observateurs de la vie américaine" expliquer qu'Obama était très "lisse", trop policé, jusque dans sa manière de s'exprimer qui l'identifiait immédiatement comme appartenant à l'élite intellectuelle, journalistique, universitaire, qui n'aurait pas trop la côte auprès de l'"américain moyen".
Sa sortie à propos de certains électeurs désorientés se réfugiant dans les armes et la religion était jugée comme relevant de l'analyse et du diagnostic, alors qu'un homme politique se devait plutôt de convaincre.
Enfin, c'est la droite qui tiendrait aux U.S.A le rôle contestataire, ou protestataire auprès de l'électorat populaire (phénomène pour lequel le terme de "populisme" serait trop restrictif).
Selon les mêmes commentateurs, la politique de Mac Cain consistera, malgré l'illusion que pouvaient susciter ses discours de précampagne, en une classique politique de droite conservatrice américaine, c'est-à-dire des coupes sombres dans les budgets sociaux, pour financer l'effort de guerre en particulier.
Si l'on considère ensemble ces deux points, la réduction des budgets sociaux (dont tout le monde se doute bien) et le fait que la droite conservatrice trouve un écho favorable auprès de l'électorat populaire, on est obligé de conclure que le fameux dicton, américain justement, selon lequel les dindes ne votent pas pour Noël, risque de se révéler faux.
Comme il s'est passé en France, dernièrement.
Rédigé par : D.H. | 25 août 2008 à 12h16
Il est vrai que sur la guerre en Irak, une sortie de crise est envisageable...et le pain noir des américains pourrait bien être derrière... C'est vécu comme tel par les Américains... Ils ont l'espoir de bientôt la terminer...
Et, John Mac Cain a réussi à passer pour celui qui pourra le mieux la terminer par rapport à Barack Obama... Dans le contexte actuel où une lueur d'espoir peut être envisagée au bout du tunnel, Le "nous resterons en Irak jusqu'à ce que nous gagnons la guerre" de John Mac Cain ressemble plus à "nous sortirons bientôt et la tête haute d'Irak" (qui est ce que cherchent les américains) que le "nous allons retirer nos troupes d'Irak le plus vite possible, mais pas n'importe comment" de Barack Obama...
Ce que les Américains reprochent à George Bush et à son équipe dans la guerre en Irak, c'est deux choses à la fois leur manipulation va-t-en-guerre et leur incompétence...
Comme John mac Cain a plusieurs fois critiqué la Maison Blanche pour sa stratégie en Irak durant ces six années, il a forcément plus de crédibilité qu'un Dick Cheney ou qu'un Donald Rumsfeld...
Je pense effectivement que la décision se fera surtout sur les décisions économico-sociales...et je l'espére... impôts-sécurité sociale-régulation- soutien aux entrepreneurs locaux, c'est important...
Rédigé par : Loïc | 31 août 2008 à 13h45