Cet article a été rédigé le 17 décembre 2007 et envoyé à la rédaction du "Figaro", journal avec lequel j'avais un accord de collaboration comme chroniqueur chargé de l'opinion et des élections depuis octobre 2006. Il a été censuré, sans que l'on me fournisse la moindre raison, par Etienne Mougeotte, nouveau directeur des rédactions. Les lecteurs jugeront de la dangerosité de cette analyse. J'ajoute que j'en avais publié, à l'époque où Nicolas Beytout dirigeait la rédaction de ce journal, de plus sévères pour l'actuel chef de l'Etat. Naturellement, ma collaboration avec le Figaro s'est arrêtée là.
Suite aux commentaires, voici quelques précisions supplémentaires. Et quelques explications sur mon évolution personnelle en sus.
Les attentes sur le pouvoir d’achat minent la popularité de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy est homme politique à susciter des réactions contrastées. Dans l’espace comme dans le temps. Le sixième président de la Vème République a savouré, en début de mandat, une popularité exceptionnelle. Sauf le général de Gaulle, aucun de ses prédécesseur n’avait connu pareille ferveur publique. Sept mois après son élection, le contexte a radicalement changé. Le chef de l’Etat doit se contenter d’une popularité modeste. A ce stade de leur mandat, tous les autres présidents français étaient plus appréciés, hormis Jacques Chirac qui avait déjà basculé dans la disgrâce (1).
Ces comparaisons historiques ont certes leurs limites. L’opinion est aujourd’hui beaucoup plus versatile qu’il y a plusieurs décennies. Le temps politique s’est considérablement accéléré et le rythme propre à Sarkozy n’est pas de nature à le ralentir. La rapidité du changement de l’opinion à son endroit n’en est pas moins frappante. Cinq des six instituts qui mesurent la popularité de l’exécutif concluent à une forte chute de la cote présidentielle depuis la rentrée. Son solde de « confiance » TNS-Sofres (2) était positif de 32 points en septembre. Il est devenu nul avec autant de sondés (49%) qui accordent et qui refusent leur confiance à Sarkozy. Cette enquête, la plus sévère pour le président, a été réalisée alors que le mouvement de grèves dans les transports publics semblait s’éterniser.
La fin du conflit social sur les régimes spéciaux de retraite puis l’intervention télévisée du chef de l’Etat le 29 novembre ont, semble-t-il, donné un petit coup de pouce à la cote présidentielle. Les deux instituts qui ont sondé dans les jours suivants ont enregistré un sursaut. Sarkozy regagne deux points d’opinions positives chez LH2 (3) même s’il en a, au total, perdu dix depuis septembre. La cote de confiance présidentielle remonte même de quatre points pour CSA (4), le seul institut à retrouver les niveaux obtenus à la rentrée.
La pente est, au contraire, régulièrement descendante chez BVA (5) où le solde des bonnes opinions sur les mauvaises est passé, de septembre à décembre, de vingt-quatre à huit points. Même évolution pour Ipsos (6) où la cote de popularité du chef de l’Etat chute, au cours de cette période, d’un solde positif de trente-quatre à quatorze points. Le changement de l’opinion est encore plus spectaculaire d’après le baromètre Ifop (7) : le solde entre « satisfaits » et « mécontents » de Sarkozy comme président de la République a fondu de quarante à cinq points en seulement quatre mois. Le chef de l’Etat ne « satisfait » plus que 52% des personnes interrogées. Cette enquête a été partiellement réalisée au moment de la visite du colonel Kadhafi en France, peu appréciée des Français selon tous les sondages.
Au-delà des raisons conjoncturelles, les causes de la chute de popularité de l’exécutif – qui touche aussi le Premier ministre – sont avant tout d’ordre social. La dernière enquête Ifop montre que Sarkozy mécontente désormais une majorité d’ouvriers, d’employés et de cadres moyens. Il n’est plus nettement populaire que dans la tranche d’âge, largement inactive, des plus de 65 ans.
Le pouvoir d’achat est devenu la préoccupation dominante. Son maintien et la lutte contre la hausse des prix sont considérés comme devant être les priorités du gouvernement par 54% des sondés (contre 27% en juin) d’après TNS. Or si le mot d’ordre de « travailler plus pour gagner plus » reste populaire, sa traduction concrète se heurte à un scepticisme grandissant. Seulement 18% des Français pensent que la politique impulsée par Sarkozy améliorera leur pouvoir d’achat, 50% estimant qu’elle ne le changera pas et même 25% qu’elle le diminuera, indique BVA. Chez LH2, le pouvoir d’achat n’est cité qu’en septième position parmi les enjeux dont Sarkozy « s’occupe le mieux », sur dix thèmes proposés.
Privée de leader et d’orientation claire, l’opposition est toutefois loin de tirer partie des difficultés de l’exécutif. Dans la même enquête TNS-Sofres (8), 40% des sondés ont une image « négative » du président de la République, et 72% de l’opposition ! D’après BVA, seulement 16% des Français pensent que le Parti socialiste « ferait mieux » que le gouvernement actuel s’il était au pouvoir. En l’absence de force d’alternance crédible, Sarkozy pourrait plus facilement endurer une période d’impopularité.
(1) Ces comparaisons sont basées sur l’étude du baromètre Ifop de l’exécutif, publié depuis 1958.
(2) Sondage TNS-Sofres-Figaro Magazine, 21-22 novembre.
(3) Sondage LH2-Libération, 30 novembre-1er décembre.
(4) Sondage CSA-I Télé-Parisien, 5-6 décembre.
(5) Sondage BVA-Orange-L’Express, 7-8 décembre.
(6) Sondage Ipsos-Le Point, 7-8 décembre.
(7) Sondage Ifop-Journal du Dimanche, 6-14 décembre.
(8) Sondage TNS-Sofres-Nouvel Observateur, 27-28 novembre.
En passant Mougeotte est prof à l'école de journalisme de Science Po... La nouvelle génération est prête....
Rédigé par : Tefy | 21 janvier 2008 à 13h30
"Naturellement, ma collaboration avec le Figaro s'est arrêtée là"
écrivez vous.
Ce "naturellement" n'étonnera pas ceux qui vous connaissent. Et nous ne pouvons que nous ( et vous) féliciter pour cette décision.
Pensez-vous cependant que les journalistes qui ont ce type de réction ( ou peuvent l'avoir) sont nombreux?
Rédigé par : critique critique | 21 janvier 2008 à 14h25
Cette "anectode" éclaire parfaitement, s'il en était encore nécessaire, le rôle qu'a tenu le TF1 d'Etienne Mougeotte dans l'élection présidentielle. Je considère que Sarkozy a été candidat à l'élection présidentielle 2007 dés le soir du 1er tour de l'élection 2002. Pendant près de 5 ans, le ministre-candidat a été totalement soutenu par la rédaction du 1er journal de France et ceci a eu un impact évident sur le résultat de la dernière élection.
Une partie non négligeable de la population de ce pays ne s'informe que par les JT de TF1, je pense en particulier aux + de 65 ans et aux populations les moins cultivées qui, est-ce un hasard, représentent le coeur de l'électorat Sarkozyste.
Le Figaro est un journal d'opinion qui assure son ancrage à droite donc je ne pense pas qu'un lecteur du Figaro s'étonne du positionnement politique de ce journal.
PAr contre le positionnement de TF1, qui n'assume pas son positionnement politique, et donne à ses informations une "patine" d'objectivité, me semble plus perverse.
Rédigé par : Fabien | 21 janvier 2008 à 15h36
Etienne Mougeotte se croit encore à TF1. Les journalistes y sont dociles car bien payés. Au Figaro, ce n'est pas pareil. Mougeotte ne va pas tarder, par excès de zèle UMP, à devenir une épine dans le pied de l'Elysée. Les grosses ficelles, c'est le problème, sont toujours visibles.
Bravo Monsieur Dupin. Votre réaction immédiate est digne et morale.
Rédigé par : Benoit Delmas | 21 janvier 2008 à 17h04
le pire, c'est qu'il n'y a rien qui puisse justifier un trappage de l'article puisque ce n'est qu'une analyse qui me semble objective!!
ps: je précise que rien ne justifie qu'un article soit trappé mais (même pour un journal sarkozyste), il n'y a rien à redire puisque ce sont des faits...
Rédigé par : marc | 21 janvier 2008 à 17h10
Je ne vois pas en quoi cet article mérite une quelconque censure, alors qu'il s'agit - vous ne m'en voudrez pas - d'un banal et assez tristounet commentaire de baromètres d'opinion. Sur ce thème là, et avec les mêmes chiffres, Libé aurait fait du "Karcher" ( il le fait tous les jours...).
Le problème du Figaro, c'est bien Mougeotte.
Si le propriétaire du Figaro voulait précipiter à toute vistesse son journal dans le quatrième âge il n'y avait pas meilleure recrue. Avec le nouveau plan de restructuration prévu et le départ annoncé des journalistes dédiés aux sports, Le Figaro va s'étioler pour devenir un banal organe de propagande et d'avis nécrologiques, lequel positionnement conduit inévitablement aux oubliettes.
Un problème reste entier : celui du journalisme et de la PQN.
Rédigé par : Olivier | 21 janvier 2008 à 17h27
Merci, Monsieur Dupin, de nous transmettre les dessous du journalisme...
Comment un rédacteur peut s'immiscer dans le travail d'un journaliste...
Bon, en tant que chroniqueur, je pense pas que le contrat oblige que vous soyiez publiés... Cela dit, quelle mouche a piqué Etienne Mougeotte pour ne pas publier cet article, relativement banal et objectif...
Par quoi a-t-il été remplacé ?
En tout cas bravo encore
Rédigé par : Loïc | 21 janvier 2008 à 19h06
Je trouve absolument insensé de censurer un journaliste pour ça... L'article n'est absolument pas polémique! Et sauf votre respect, franchement, j'ai l'impresiosn d'avoir lu dix fois ce type de commentaire sur ces sondages...
N'y a-t-il pas un fait qui nous manque pour interpréter cette censure? N'y a vait-il pas de signe avant-coureur?
Rédigé par : le chafouin | 21 janvier 2008 à 19h31
cela est surprenant car la teneur de votre article est on ne peut plus neutre et basée uniquement sur des faits.
ceci dit une déclaration récente de l'actuel patron n'est elle pas :
Il ne faut pas oublier que notre lectorat a voté en majorité Nicolas Sarkozy.
Il faut croire qu'ils continuent à être de moins en moins nombreux à assumer ce choix passé.
Rédigé par : peuples | 21 janvier 2008 à 21h48
merci monsieur de votre honneteté et de votre éthique, cela honnore votre métier, et en ce moment ça fait du bien!!!!je ne suis pas "cliente" figaro, mais comme je m'intéresse beaucoup à la politique, je lis Tout!!!!!autour de moi, il y a beaucoup de gens qui regrettent leur vote du 6 MAI, je précise que je vis dans une région axée plutot à droite : LE BASSIN D'ARCACHON!!!!!!!!
Rédigé par : nanou | 21 janvier 2008 à 22h06
En gros c'est juste une analyse, votre boulot quoi, et non un horrible brûlot anti Cheval Fougueux.C'est tout dire!
Mais moi je crois au journalisme comme contre pouvoir et je suis certaine que ce qui perd les monarque mal éclairés au même titre que n'importe quel petit chef (d'armée, d'entreprise, de bureau ...), c'est le mépris affiché pour l'adversaire ou même le public devant lequel pourtant ce genre de personne a besoin de faire la roue.
C'est tellement évident. L'insulte fait réagir à court ou à long terme.
Alors préparez tous vos dossiers, faites votre boulot d'investigation s'il ne vous reste que celui-ci. Vous ne pouvez interpeler? Ne faites qu'éclairer au spot les zones d'ombre. On ne me fera pas croire qu'à l'époque de la mondialisation ,on ne puisse écrire pour la presse étrangère à défaut de la presse française, si elle trop "copine". Le clientellisme marche c'est sûr et depuis toujours.Mais quel patron de presse n'a pas de rival qui fera, un jour ou l'autre le choix efficace entre un ami de 30 ans et des affaires plus jutueuses à long terme?
les hommes polotiques sont tous sur des sièges éjectables, et heureusement d'ailleurs. Alors il suffira que ça sente le roussi. Même Bush est lâché par tous, et pourtant, je pense qu'il a, à une époque,eu un pouvoir bien autre.
Pour autant je préfèrerai ne pas attendre trop, s'il vous plaît.
Alors suivez les dossiers, les affaires de Gauthier truc machin , l'argent de la médecine du travail... ... parlez-nous vraiment de la justice "tolérance 0" mais qui doit surtout oublier les dossiers financiers...Tenez nous au courant des progrès réguliers dans ce domaine... Au fait, ce n'est pas l'état qui incite à la dénoncition financée dans certaine enquête mais lutte contre les dénonciations dans les affaires financières?
Au lieu de zapper d'une affaire à l'autre ou de riquer de lasser certains par des scandales révélés mais aussitôt "recouverts"! Le tous pourris c'est dangereux pour la démocratie car ça pousse à la haine et à la revanche. Pourquoi pas un bilan systématique à échéances très régulières, en dossiers :justice, respect de la constitution, contrats privilégiers ... Des articles réguliers, 1 par mois sur chacune des affaires, des listes de nominations judicieuses ou des interventions incongrues , un peu comme un rendez-vous qui peu à peu fera désordre et posera en lui-même des questions auxquelles il faudra bien des réponses.
je ne dis pas que c'est la piste mais c'est une piste: la guerre d'usure. A telle date on en était là, et maintenant toujours rien? C'est encore pire?
BREF, juste un regard critique, un regard d'homme informé quoi!
Rédigé par : Emma44 | 22 janvier 2008 à 00h01
Je suis sur que votre éviction du figaro est salutaire. Selon la formule consacrée c'est un mal pour un bien.
En effet, autre la liberté acquise, internet et la blogosphère dans sa gobalité offrent une dimention, une latittude de destin journalistique, (Rue89, mediapart), etc...
Je vous souhaite bon vent et surtout de continuer à écrire à développer votre blog. vos bons billets et vos articles sont excellents.
Un nombre incalculable de lecteurs attendent pour s'en nourrir à en rendre jaloux le Bigaro. De plus, la période présente et à venir est propice pour les plumes éguisées et qui ont du style.
Bien à vous, cordialement.
Rédigé par : david | 22 janvier 2008 à 02h19
Sans doute qu'en ce moment vu q ts les médias commentent ces sondages ça serait passé,seulement il faut replacer ce texte au demeurant très factuel et descriptif dans son contexte...le 17 Décembre ts les jrnaux frçs encensaient encore le présiment, dpuiis...
La véritable question est la suivante: prq le silence de lémédia sur ces chiffres d'il y a + d'un mois?
Et puis y a t-il un lien entre cette baisse dans les sondages et l'épouvantail Carla Bruni sorti une semaine plus tard???
Rédigé par : Et si | 22 janvier 2008 à 04h33
Sans doute qu'en ce moment vu q ts les médias commentent ces sondages ça serait passé,seulement il faut replacer ce texte au demeurant très factuel et descriptif dans son contexte...le 17 Décembre ts les jrnaux frçs encensaient encore le présiment, dpuiis...
La véritable question est la suivante: prq le silence de lémédia sur ces chiffres d'il y a + d'un mois?
Et puis y a t-il un lien entre cette baisse dans les sondages et l'épouvantail Carla Bruni sorti une semaine plus tard???
Rédigé par : Et si | 22 janvier 2008 à 04h33
Merci à tous pour vos commentaires que j’ai lus attentivement. Quelques précisions :
1. Lu aujourd’hui, l’article passé à la trappe peut effectivement paraître « banal ». Même il y a un mois, il n’avait rien de polémique puisque j’écrivais en tant que chroniqueur expert en élections et opinion. C’était une analyse, un peu aride, sur la baisse de popularité de Sarkozy. Avec, tout de même, quelques originalités pour ce moment-là. Les médias ne s’étaient pas encore rendu compte que Sarkozy était devenu, seulement sept mois après son élection, le moins populaire de tous les présidents de la Vème République. Le décrochage des couches populaires – qui avaient beaucoup contribué à son succès – avait commencé. Et, surtout, l’article défendait la thèse – avec la prudence propre à ce type d’exercice – d’un mouvement structurel alors que beaucoup de commentateurs parlaient alors de simple « trou d’air » provoqué par des événements comme la visite de Kadhafi en France. La suite des événements me semble avoir validé cette hypothèse. La fameuse surexposition de la vie privée du chef de l’Etat – Carla Bruni est apparue après – a simplement contribué à alimenter une évolution plus profonde déterminée par des réalités économiques et sociales.
2. Etienne Mougeotte a peut-être été gêné par la publication d’une analyse annonciatrice de l’entrée de Sarkozy dans une période d’impopularité. On sait que les sondages jouent un rôle stratégique en France. Comme par hasard, certains médias – pas spécialement classés à gauche – se montrent plus critiques à l’égard du président depuis qu’il jouit d’une moindre ferveur publique.
3. La presse française est historiquement une presse d’opinion – pour le meilleur et pour le pire. Elle a une fâcheuse tendance à voir la réalité par le prisme de ses sympathies politiques. Or on peut distinguer le commentaire éditorial de l’analyse qui, à défaut d’une impossible objectivité, doit viser à l’honnêteté intellectuelle. Dans mes analyses électorales, je mets un point d’honneur à ce que mes propres opinions – qui sont de notoriété publique – ne transparaissent pas. J’aurais d’ailleurs rédigé les chroniques publiées dans Le Figaro pendant la campagne présidentielle de 2007 (que l’on peut retrouver sur ce blog) exactement dans les mêmes termes si j’avais alors collaboré à Libération ou au Monde.
4. Un chroniqueur se voit logiquement garantir une liberté d’expression personnelle. Cet avantage se paie souvent par une absence de statut protecteur. En ce qui me concerne, le nouveau directeur des rédactions pouvait parfaitement mettre un terme à ma collaboration à la fin de 2007. La censure de mon article s’explique sans doute aussi par cette volonté de se passer de mes services. C’était parfaitement son droit. Mais, malgré une rencontre et plusieurs appels téléphoniques, il ne m’a jamais fourni ni réponse sur l’avenir de ma collaboration ni explication sur la censure de mon dernier article.
Rédigé par : Eric Dupin | 22 janvier 2008 à 10h10
Ce que vous avez vécu Eric Dupin n'est pas exceptionnel. Nous sommes nombreux à l'avoir vécu et cela porte un nom : c'est la mise au placard.
Vous écriviez pour un journal d'opinion et bien que votre article était très modéré la hiérarchie du journal ne l'a pas accepté. Dans une entreprise c'est pareil. Il m'est arrivé de défendre des mesures que je n'approuvais pas, il m'est même arrivé de mettre en œuvre ces mesures, c'est parfois le rôle de l'encadrement. Parfois lorsqu'on accepte un poste on sait qu'il va falloir passer par ce type de situation. Si l'on est pas prêt, il faut faire autre chose ou ne pas accepter de postes d'encadrement à risques.
En ce qui me concerne j'ai terminé ma carrière dans un placard pour m' être opposé à ma hiérarchie. J'avais refusé de mettre en place un personnel que j'estimais ne pas être à la hauteur de la tâche qui devait être la sienne. Ma hiérarchie privilégiait la paix sociale au détriment de choses que j'estimais plus importantes, je ne l'ai pas accepté et j'ai été viré. La paix sociale à un coup, je peux en témoigner.
Dans le métier de journaliste je suppose que des situations identiques doivent se produire. Un journaliste engagé ne peut écrire un éditorial dans n'importe quel journal d'opinion. Ceci dit votre article avait sa place partout. Je pense comme les autres commentateurs que vous avez été victime et si on n'a pas pris la peine de justifier cette censure c'est parce qu'il n'y avait pas matière. Quoiqu'il en soit celui qui vous a censuré n'honore pas le métier de journaliste. Mais vous le savez, bien des hommes n'honorent pas leur profession. Je prends des risques avec cette dernière phrase…..
Rédigé par : flamant rose | 22 janvier 2008 à 11h03
Je trouve à la fois nul et honteux d'empêcher un journaliste d'effectuer son travail. Mais, consolation, Sarkosi et sa clique type Mougeotte ne risquent-t-ils pas de se retrouver au ban d'une société dont ils ont voulu trop profiter, ce d'une manière camouflée?
ou seulement indirecte en tronquant et donc rendant fausse l'information
Rédigé par : GUIHARD M.F. | 22 janvier 2008 à 15h07
Décidément ,encore une fois en plein accord avec Flamant rose...
Bon,ceci dit Mougeotte n'est pas éternel et Le Figaro,pour un ancien lecteur de Libé comme moi,commençait à devenir lisible depuis quelque temps...les épisodes déliquescents de nature privé ont profondément irrité ,voire choqué,une partie très conservatrice de l'électorat de NS:les Français aiment la vulgarité aux grosses têtes ,pas encore à l'Elysée...
Rédigé par : hanse | 22 janvier 2008 à 16h32
Je lis toujours avec profit vos chroniques, et je ne peux que vous féliciter pour nombre de vos analyses, dont celle-ci, qui vous vaut une rupture de contrat.
Il semble bien, en effet, que le “trou d'air” soit plus consistant (quoique fondé eau moins autant sur la posture que sur les faits) que bien des médias voudraient le laisser penser, encore aujourd'hui. Vos analyses sur la “droitisation” de la société ne s'en trouvent pas amoindries, au contraire. Et j'aurais plaisir à poursuivre ce débat (initié sur un plateau), à l'aune des turpitudes prochaines du camp “sarkoziste” - qui n'est pas tut à fait la droite, au sens traditionnel du terme.
En espérant continuer de vous lire, ici ou ailleurs.
E. Lecoeur
Rédigé par : Lecoeur E | 22 janvier 2008 à 17h28
"Pire qu'un crime, c'est une erreur": Si le Figaro se met à ressembler à TF1, en censurant les articles qui sortent de la ligne du parti, alors il risque fort de perdre beaucoup de son lectorat. Les gens ne lisent pas le Figaro pour voir la même chose qu'ils ont sur TF1...
Il est aussi interessant de noter que, quand l'information n'apparait pas sur papier... elle est par contre accessible sur internet. La question me paraît être: le Figaro va-t-il mourir parce qu'il va devenir aussi mauvais que les journaux TV de TF1, ou va-t-il mourir parce que l'information est maintenant sur internet, et qu'il n'y a plus besoin de journal 'papier' ? Les paris sont ouverts... :)
Bravo en tout cas à Eric Dupin d'avoir préféré arreter de travailler avec le Figaro.
Rédigé par : Faria Lima | 22 janvier 2008 à 23h21
Mougeotte est une crapule, mais qui aurait pu publier un article aussi ennuyeux?
Rédigé par : Bohémien | 23 janvier 2008 à 07h28
Cher Eric Dupin,
Vous avez sans doute eu raison avant tout le monde (le dernier sondage Ifop, paru dans le JDD du 20 janvier, le démontre...), alors pourquoi ne pas retourner dans votre maison d'origine, "Libération" ?
Ce qui vous arrive, venant de la part d'un Etienne Mougeotte qui a sablé le champagne avec PPDA, à TF1, le soir de l'élection de Nicolas Sarkozy, peut-il vraiment vous étonner ?
On sait que vous êtes de gauche : arrêtez de mettre vos opinions dans votre poche, exprimez-les (on en a besoin) dans un journal ou un support qui ne soit pas en contradiction avec celles-ci, qui vous collent fatalement à la peau !
Amitiés.
Rédigé par : Dominique Hasselmann | 23 janvier 2008 à 08h35
@ à Eric Dupin
J’apprécie vos articles de presse et les billets que vous écrivez dans votre blog même si je ne suis pas toujours d’accord avec vos idées.
Il me semble que M.MOUGEOTTE n’a pas lu la devise en tête du FIGARO :
« Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur »
Vous êtes victime soit du manque d’attention de la part d’un « parachuté » soit de pressions venant de plus haut ce qui me semble le plus probable en parcourant l’organigramme de la SOCPRESSE.
Rédigé par : Louis de Saint-Aout | 23 janvier 2008 à 09h24
avec de tels procédés, Mougeotte est en train de tirer une balle dans le pied de son propre journal (si j'ose une telle image) : les lecteurs du Fig sont nettement plus haut de gamme en terme de part de cerveau disponible que les téléspectateurs de TF1...
avant son arrivée, le Fig était un bon journal, ouvertement de droite, mais de bonne qualité journalistique et il Mougeotte est en train d'en faire l'organe officiel de Sarko... quel pauvre type !!!
Rédigé par : Nico2312 | 23 janvier 2008 à 09h32
Dominique Hasselmann,
Je profite de votre interpellation directe pour répondre à ceux qui se demandent pourquoi diable, en effet, j'avais accepté d'écrire dans Le Figaro compte-tenu de mes opinions de gauche (que je n'ai jamais mis dans ma poche comme en témoignent les notes publiés sur ce blog pendant cette collaboration, mon dernier livre ou mes interventions à la radio ou à la télévision !).
Il se trouve que la presse française est un tout petit monde, économiquement malade comme on le sait. Ma famille journalistique d'origine est effectivement Libération où j'ai travaillé 18 ans. Après en être parti en 1996, j'étais revenu en 1999... pour repartir en 2002 poussé dehors par Serge July. J'avais été nommé éditorialiste, mais avec les plus grandes difficultés pour exercer cette fonction (ma sensibilité de gauche indépendante n'étant pas exactement celle de July et des dirigeants de l'époque). Laurent Joffrin est un vieil ami, mais je me vois difficilement retourner une deuxième fois dans un journal qui n'est d'ailleurs pas précisément en phase de recrutement...
Alors, j'essaie d'exercer mon métier comme journaliste indépendant avec la grandeur et la misère de ce statut. Ecrire dans Le Figaro n'était pas précisément mon rêve de jeune fille. Mais je m'étais mis d'accord avec Beytout - une autre connnaissance ancienne - pour livrer mes analyses en totale indépendance (contrat qui a été parfaitement respecté). Je souligne que ces articles n'étaient pas des commentaires orientés devant forcément être en phase avec l'orientation du journal mais des analyses "expertes" dégagées de mes propres opinions.
C'est un problème de la presse française de ne pas assez distinguer les genres: éditoriaux, commentaires, analyses, compte-rendus... Par ailleurs, dans la presse américaine par exemple, de grands titres publient des "columnists" de sensibilités contradictoires... Mais c'est une autre histoire.
Rédigé par : Eric Dupin | 23 janvier 2008 à 09h36
Une bonne plume reste une bonne plume, même si des Bohémien la trouvent ennuyeuse (qu'ils aillent alors lire Closer ou Gala)
Donc, naïf que je suis, ED, je pense que vous retrouverez une place.
Pas de Libé, ok. La cure d'amaigrissement que lui a imposée Nicolas de Rothschild n'a pas amaigri que les effectifs et le nombre des "vieux" lecteurs (je me suis désabonné), elle a aussi amaigri le contenu, quantité et qualité.
Pourquoi pas Marianne, qui avec ses qualités et ses défauts, est avec le Canard un des organes de presse français les moins inféodés.
Et des piges à Rue89 (oui, je sais, ils paient des clopinettes - cintrées, les moins chères ;-)
Rédigé par : DD | 23 janvier 2008 à 12h07
Bonjour,
Rien d'étonnant à tout ça.
Il faut vraiment vivre sur une ile déserte sans radio, ni presse, ni TV pour ne pas être au courant de la complicité de certains médias avec la mafia politique, et des pratiques de plus en plus fréquentes, plus proches de la propagande que de l'information.
Ca explique aussi une forte perte de crédibilité, qui pousse le télespectateur, l'auditeur ou le lecteur à se transformer en internaute. D'ailleurs, le pouvoir l'a bien compris, mais il ne lui est pour l'instant pas encore possible d'en prendre le contrôle.
Ne lachez pas l'affaire ! De toutes façons, je peux vous assurer que les choses vont sérieusement et fortement commencer à bouger dans peu de temps. Comme la bébête, la colère monte, monte, monte...
FdP
Rédigé par : Fred de Poitiers | 23 janvier 2008 à 12h18
Et en plus le Figaro ne sait pas distinguer Bayrou de Juppé:
http://www.lefigaro.fr/politique/2008/01/23/01002-20080123ARTFIG00010-municipales-sarkozyprend-ses-distances.php
Rédigé par : Kat | 23 janvier 2008 à 20h11
Franchement votre article ne casserait pas trois pattes à un canard. Il ne fait que commenter des sondages en restant dans une neutralité de bon aloi. Il faut que le poulet se sente sérieusement déplumé pour refuser de le publier. La presse française est décidemment tombée bien bas, puisqu'elle n'a même plus le courage d'assumer et d'expliquer son refus de publier.
Rédigé par : yohan | 23 janvier 2008 à 23h08
QUELQUES SOIENT les moyens utilisés par le Pouvoir ET ses valets pour maîtriser, utiliser ou censurer l'information, l'expression ou l'analyse, l'Homme doit toujours RESISTER.
La résistance finit toujours par triompher.
Seul le Temps paraît long : l'urgence s'impose donc à tous.
Rédigé par : eric | 24 janvier 2008 à 00h56
Juste une brêve remarque après les dernières communications de Dominique Hasselman et d’Eric Dupin.
Je ne suis pas un lecteur du Figaro. Ce qui était à l’origine une position de principe est devenu une habitude. Je suis un lecteur du Monde et de Libération, qui correspondent mieux à mes convictions de gauche.
Pourtant, il m’arrive parfois de lire le Figaro (notamment quand je prends l’avion), et à chaque fois je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est un bon journal, certes orienté à droite, mais honnête dans son traitement de l’information. Avec de bons journalistes, qui font honneur à leur profession. Notamment, ses pages politiques valent bien celles du Monde et de Libération.
Dans ce contexte, je ne voyais aucune anomalie ou étrangeté à voir Eric Dupin écrire ses excellents articles dans le Figaro.
Rédigé par : René Fiévet | 24 janvier 2008 à 15h58
20 minutes s'est mis au service de Sarkozy en supprimant les blogs qui osé dire que Carla Bruni était enceinte.
http://allainjulesblog.blogspot.com/2008/01/est-ce-lelysee-qui-fait-interdire-des.html
Rédigé par : ALLAIN JULES C@MMUNICATION | 24 janvier 2008 à 16h38
Je joins mon commentaire aux précédents pour m'étonner également de la décision qui a été prise à votre encontre, et la regretter ; pour confirmer aussi combien vos analyses nous sont précieuses par leur objectivité, ou, lorsqu'elles sont développées plus amplement à l'intérieur des ouvrages que vous publiez, par leur pertinence (à propos de la droitisation de la société française, ou de la diffusion en elle du cynisme, à partir de son sommet).
Je pense que votre sagacité et votre connaissance du milieu politique trouveront toujours des endroits où être reçues, ou employées.
Rédigé par : D.H. | 25 janvier 2008 à 11h35
A Eric Dupin
La décision d’Etienne Mougeotte est d’autant plus malvenue que votre article était très équilibré puisque vous y égratigniez aussi l’opposition en général et le PS en particulier, en conclusion de surcroît (« in cauda venenum »).
Merci pour vos précisions éclairantes sur la tradition de la presse française qui permettent en effet de mieux comprendre l’engagement, voire le militantisme de certains journalistes.
On ne peut que constater en effet que « certains médias – pas spécialement classés à gauche – se montrent plus critiques à l’égard du président depuis qu’il jouit d’une moindre ferveur publique ». C’est rassurant dans la circonstance actuelle mais c’est aussi inquiétant car n’est-ce pas le signe que nous vivons bien désormais sous le régime de la démocratie d’opinion ? La popularité fait le monarque moderne. Avec elle, tout est possible, y compris la remise en cause des fondements de l’Etat de droit. Sans elle, le prince est condamné à l’impuissance.
Rédigé par : chatel | 25 janvier 2008 à 17h30
Le mot censure me semble fort.
Pour être claire je ne supporte pas monsieur Sarkozy, mais peut-être que la non-parution de votre article réside peut-être dans son "aridité" voir son manque de lisibilité.
La presse est un produit particulier, mais comme tout produit il doit trouver preneur sur le marche.
Daniel
Rédigé par : Daniel | 01 février 2008 à 10h15
Dupin t'as vraiment pris la grosse tête. Ton papier est pas censuré, il est chiant à mourir, et c'est pour ça qu'il est passé à la trappe, pardi. Ce qui arrive un jour ou l'autre à tous les journalistes (j'en suis) et qd on se prend pas pour la crème des éditorialistes et qu'on a besoin de gagner son pain on claque pas forcément la porte pr autant. Apprends à écrire un peu mieux, à pondre des analyses moins plates et à moins faire bailler, on passera plus tes papiers à la trappe.
PS. Il m'étonnerait bcp que tu publies ce commentaire puisque seuls ceux qui vivrent d'éloges ont apparemment droit de cité sur ton blog de mégalo, mais j'espère au moins que tu le liras, faut remettre un peu les pieds sur terre...
Rédigé par : Mrs Muir | 01 février 2008 à 11h32
Éric Dupin en tout cas ne changeait rien, continuez à m'éclairer sur cette politologie bien difficile à comprendre, et j'aime mieux lire les commentaires de ce blog, plutôt que des journaux télévisés ou sur papier.
Rédigé par : Claude | 02 février 2008 à 08h49
M.Mougeotte (ou ses donneurs d'ordre) feraient bien de se souvenir : les grecs (anciens) avaient pris l'habitude de tuer le messager qui leur apportait la nouvelle d'une défaite. L'histoire a montré que ce n'était pas une solution d'avenir. Mais ces messieurs ont-ils lu l'Histoire ?
Rédigé par : Olivier (un autre) | 04 février 2008 à 14h27
bravo M.le journaliste(un vrai!)
avec des gens comme vous, les journaleux ont Dupin sur la planche!
Rédigé par : parkway | 08 février 2008 à 20h49
vous avez carement reusi le design a ce que je vois,c'ets joli!!!
Rédigé par : cyclopio | 15 décembre 2008 à 15h13