Avec l’implication directe de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, la campagne législative s’est intensifiée. Les toutes dernières enquêtes d’opinion indiquent que la droite reste, à cette nouvelle étape, portée par une puissante dynamique. Et que le centre de François Bayrou a de plus en plus de mal à se frayer un chemin dans un univers électoral fortement bipolarisé.
L’UMP et ses indissociables alliés du « nouveau centre » a toujours le vent en poupe. Crédités de 41 à 43,5% des intentions de vote dans les trois sondages les plus récents des instituts Ifop (1), Ipsos (2) et TNS-Sofres (3), les candidats de la majorité présidentielle affichent une assez nette progression dans la dernière période. En face, le PS peine à franchir la barre des 30% que François Hollande lui a fixé comme objectif. Les trois enquêtes précitées l’estiment dans une fourchette comprise entre 27 et 29,5% des suffrages potentiels. Et la tendance ne semble pas vraiment orientée à la hausse pour les socialistes.
Le rapport de forces entre la gauche et la droite apparaît fortement déséquilibré au profit de cette dernière. Le total des voix de gauche et écologiste ne dépasse pas les 37-39% au premier tour. Un tel niveau est sans précédent historique sous la Vème République. La gauche totalisait 40,5% des suffrages en 1968 et 42,1% en 1993, les années de ses deux plus cuisantes défaites. L’émergence d’un centre réellement indépendant de la droite brouille certes les cartes. Mais la mesure des intentions de vote de second tour en cas de duel UMP-PS confirme l’écrasante prédominance de la droite. Confronté au choix binaire qui sera présenté aux électeurs dans l’immense majorité des circonscriptions, 56% des sondés par Ipsos choisissent le candidat de la majorité présidentielle. Un rapport de force national rarement égalé dans les scrutins précédents.
L’implacable mécanique du scrutin majoritaire à deux tours promet à l’UMP une très large majorité à l’Assemblée nationale. Au stade actuel, le parti présidentiel est bien parti pour renforcer encore ses positions pourtant déjà très avantageuses (365 députés élus en 2002). Ipsos, qui distingue dans ses projections élus de l’UMP et du « nouveau centre », attribue de 380 à 417 sièges au premier et 21 à 25 au second. L’Ifop et TNS-Sofres s’accordent également pour estimer qu’au moins 400 députés seront élus sous l’étiquette de la majorité présidentielle.
Le futur groupe socialiste menace, lui, d’être encore rétréci. En 2002, il comptait 141 membres. Ce chiffre apparaît aujourd’hui comme la fourchette haute des projections réalisées par les instituts de sondage. L’Ifop estime à 90-130 le nombre de députés socialistes élus sur la base du rapport de forces actuel. Ces chiffres sont de 102-142 chez Ipsos et de 101-142 pour TNS-Sofres.
Le prochain groupe parlementaire du PS pourrait toutefois être élargi aux députés communistes qui seront, selon toute vraisemblance, privés de la possibilité de constituer leur propre groupe. Avec 3,5 à 4% des intentions de vote, le PCF s’oriente vers la confirmation de sa marginalisation. Grâce à l’implantation locale de ses sortants et à une géographie électorale concentrée, le parti de Marie-George Buffet pourrait toutefois conserver la moitié de ses élus. Les projections lui attribuent entre 4-6 et 10-12 députés dans le futur hémicycle. La barre des 20 élus nécessaire à la constitution d’un groupe paraît cependant hors d’atteinte. Les communiste se consoleront en observant le sort encore plus cruel réservé aux Verts. Leurs 3-4% d’intentions de vote ne se traduiront que par des très rares députés (0 à 3) en l’absence d’un accord avec le PS et de fiefs électoraux.
La dure loi du scrutin majoritaire s’imposera avec autant de rigueur au Mouvement démocrate. Le nouveau parti de François Bayrou est crédité de 7,5% à 12% des intentions de vote. Délesté de la grande majorité de ses élus sortants, le MoDem risque de ne recueillir qu’un score inférieur de moitié à celui de son candidat à l’élection présidentielle. Il apparaît en recul dans les dernières enquêtes. Le MoDem passe de 14 à 12% chez l’Ifop, de 15 à 10% pour TNS-Sofres et de 9,5 à 7,5% chez Ipsos. Le faible nombre de sortants alignés par le nouveau parti, la structure géographique de son audience et l’absence d’alliés se conjuguent pour promettre au parti de Bayrou une présence extrêmement modeste au Palais Bourbon. Les projections des instituts ne lui accordent que 0 à 6 députés…
L’Assemblée nationale qui émergera des urnes les 10 et 17 juin risque d’être très atypique. Non seulement cette nouvelle « chambre introuvable » serait dominée par un groupe UMP pléthorique mais elle n’abriterait plus que deux couleurs politiques. Pour la première fois dans l’histoire de la Vème République, le nombre de groupes parlementaires devrait tomber en-dessous de quatre. On a toutes les chances d’en compter trois à l’issue du scrutin : UMP, PS et « nouveau centre » des anciens UDF ralliés à Nicolas Sarkozy. Encore ce triangle est-il assez formel. Tous les députés du « nouveau centre » auront été élus avec le soutien, dés le premier tour, de l’UMP. Ce n’était pas le cas pour l’UDF antérieurement. La formation d’Hervé Morin est dépourvue d’autonomie électorale.
Tel est le paradoxe de ce printemps 2007. Le scrutin présidentiel a vu l’émergence d’un centre rompant avec la droite. Or la bataille législative se présente comme un affrontement binaire entre le PS et l’UMP. Mode de scrutin oblige, la palette de la future Assemblée nationale menace de ne comporter que du bleu et du rose.
(1) Sondage Ifop-Paris Match, 24-25 mai.
(2) Sondage Ipsos-SFR-Le Point, 28-30 mai.
(3) Sondage TNS-Sofres-RTL-Le Figaro-Lci, 28-29 mai.
Article publié dans Le Figaro du 1er juin 2007.
Le journaliste des échos dit : L'Elysée cherche d'abord à limiter le risque d'inconstitutionnalité de l'exonération d'impôt sur le revenu (les salariés doivent être égaux devant l'impôt) en mettant en avant un motif d'intérêt général (augmenter la quantité de travail, par exemple). Mais l'incertitude demeure sur l'attitude future du Conseil constitutionnel.
Si il est exact que si cette réforme est motivée en mettant en avant un motif d'intérêt général les risques d'inconstitutionnalité seront réduits , ils peuvent même être encore diminués d’une manière significative en faisant ressortir le caractère expérimental de la mesure. Au gouvernement on a du y penser.
Rédigé par : flamant rose | 05 juin 2007 à 10h18