Les socialistes jouent gros en choisissant leur candidat à l'élection présidentielle. Le vote automatique sur étiquette n'est plus qu'un souvenir. La personnalité du candidat, son profil idéologique et ses choix stratégiques pèsent lourd. C'est encore plus vrai pour le courant socialiste, dont l'électorat est particulièrement élastique. Sous la Ve République, son candidat a recueilli entre 5 % (Gaston Defferre en 1969) et 34 % (François Mitterrand en 1988) en passant par les fameux 16 % du 21 avril 2002.
Les enquêtes de précampagne confirment une vive sensibilité de l'électorat à l'identité du candidat socialiste. Son score passerait quasiment du simple au double selon les cas. Pour TNS-Sofres, les intentions de vote s'étagent entre 17 % pour Laurent Fabius, 22 % pour Dominique Strauss-Kahn et 34 % pour Ségolène Royal (1). À l'Ifop, les écarts sont du même ordre avec respectivement 14 %, 19 % et 26 % (2). Inutile de se focaliser sur le détail de ces chiffres. Rappelons que Lionel Jospin était crédité de 22 et 23 % des intentions de vote par les deux instituts précités en octobre 2001. La campagne est une épreuve de vérité imprévisible et les sondages de précampagne ne disent rien sur les performances des futurs candidats. Ces écarts, sans précédent historique, signifient surtout que le candidat socialiste, quel qu'il soit, devra bâtir sa propre équation électorale.
L'affaiblissement des allégeances partisanes attribue au profil de chaque postulant une importance cruciale. Or, au-delà des ambitions personnelles, les trois candidats socialistes en compétition se distinguent nettement sur un triple plan, sociologique, idéologique et stratégique.
Commençons par le candidat le plus chevronné. Mitterrandiste historique, Laurent Fabius occupe désormais le flanc gauche du parti. Candidat de la mémoire socialiste, il s'efforce de réactiver les mécanismes qui avaient tant réussi à son mentor. Son discours carré et presque pansyndical est entendu d'une fraction populaire de l'électorat socialiste. Ce sont les sympathisants du PS de foyers ouvriers et employés qui préfèrent le plus sa candidature (3). De même Fabius enregistre-t-il ses meilleurs scores chez les électeurs socialistes à faibles revenus et niveaux d'éducation. L'ancien champion du non est enfin mieux compris dans ces villes moyennes où le PS est souvent appuyé par un électorat modeste. Le nouveau Fabius est le candidat socialiste préféré des électeurs proches du PCF ou de l'extrême gauche (4). Sa capacité à reconstituer l'union de la gauche s'accompagne toutefois d'une faible crédibilité auprès des Français.
Face à ce profil de type mitterrandien, Dominique Strauss-Kahn reprend à sa manière la posture rocardienne. D'origine mitterrandiste par son compagnonnage avec Lionel Jospin, DSK est devenu le leader de l'aile modérée du PS regroupant anciens jospinistes et rocardiens. Social-démocrate et rénovateur, l'ancien ministre de l'Economie séduit la fraction moderniste et aisée de l'électorat PS. C'est parmi les professions intermédiaires et surtout les cadres supérieurs que la préférence pour sa candidature est la plus forte. Ses soutiens sont les plus nombreux chez les électeurs socialistes disposant des plus hauts revenus et du niveau d'éducation le plus élevé. Et l'élu de Sarcelles brille surtout en région parisienne comme dans les grandes agglomérations. L'image droitière de DSK se retrouve dans l'ensemble de l'électorat. Les sympathisants de l'UMP, et particulièrement de l'UDF, le préféreraient à Royal comme candidat du PS.
La force de Ségolène Royal est de camper au centre du triangle socialiste qu'elle forme avec ses deux rivaux. Ses transgressions idéologiques calculées lui valent à la fois une écoute des milieux populaires et un intérêt de l'électorat modéré. Mieux encore, la candidate du Poitou-Charentes combine cet élargissement d'audience avec une forte assise au coeur même de l'électorat socialiste. Elle obtient la préférence la plus marquée chez les sympathisants du PS employés ou ouvriers dans le secteur public. Royal est la plus performante parmi les électeurs socialistes de revenus et niveaux d'éducation moyens. Ce sont d'abord les sympathisants des Verts ou du PS qui souhaitent qu'elle porte les couleurs de ce parti à l'élection présidentielle. Et les professions intermédiaires sont les plus enclines à voter pour elle. Le cocktail Royal mêle encore tradition et modernité. D'un côté, elle est la candidate de la France des « territoires », mieux appréciée dans les communes rurales ou de taille modeste. De l'autre, elle perce chez les jeunes et les femmes. À la fois candidate de l'opinion et de l'appareil, Royal brouille les cartes en composant un personnage où la modération delorienne se marie avec une démagogie populiste.
Selon les sondages, environ 60 % des sympathisants socialistes choisiraient Royal, quelque 30 %, Strauss-Kahn et à peu près 10 %, Fabius. La campagne interne et les débats télévisés ont, semble-t-il, profité à DSK. Mais ce sont les militants, et non les électeurs, qui voteront le 16 novembre. D'après les pointages internes, la candidature Fabius devrait obtenir un score beaucoup plus important, peut-être supérieur à celui de Strauss- Kahn. Et Royal n'est pas assurée de l'emporter au premier tour. Elle bénéficiera, en toute hypothèse, de l'impact, sur le choix des militants, de la préférence des électeurs. Les primaires à la française attribuent de facto aux sondages un rôle stratégique d'aide à la décision du parti.
(1) Enquête TNS-Sofres-RTL-LCI Le Figaro, 8-9 novembre 2006.
(2) Enquête Ifop-Paris Match, 12-13 octobre 2006.
(3) Cumul de six enquêtes Ipsos-Le Point auprès de 1 385 sympathisants PS, du 29 septembre au 4 novembre.
(4) Enquête CSA-Profession politique, 8 novembre 2006.
Article publié dans Le Figaro du 13 novembre 2006.
cher Eric Dupin
Expliquez moi la métaphore: comment le 3ème point d'un triangle peut-il devenir son centre de gravité...
Rédigé par : lefunambule | 13 novembre 2006 à 09h54
C'est de la géométrie politique - cela dépasse peut-être le champ de vos compétences ! Par exemple, un discours peut être plat et creux à la fois...
Rédigé par : Eric Dupin | 13 novembre 2006 à 09h57
C' est vrai. Chez moi on sert la daube dans un plat creux.
Rédigé par : Erick | 13 novembre 2006 à 10h28
Erick écrit : "Chez moi on sert la daube dans un plat creux."
Erick, daube, creux : CQFD
(Mon ordre interdit la vengeance de façon générale. Mais comme il est rattaché aux Jésuites, il le permet de façon particulière une fois par semaine, si on va ensuite se confesser. Révérend ED, pouvez-vous me pardonner ce péché ?)
Rédigé par : Soeur MST | 13 novembre 2006 à 11h01
"Il la permet". Les seuls péchés que je m'interdise sont contre la grammaire.
Rédigé par : Soeur MST | 13 novembre 2006 à 11h03
Vous ne parlez pas des "intellos" qui préfèrent Fabius ou DSK à la candidate des nuls.
En tout cas sa sortie sur les profs lui a fait perdre les électeurs de mon établissement scolaire. Ce matin il n'était question que de la vidéo. Le pire c'est que cela passe aux yeux de beaucoup pour la doctrine officielle du PS. Les chats échaudés par Allègre craignent que la gauche n'ait que de mauvaises ondes dans son eau fraîche, syndicats compris.
Résultat des courses beaucoup se préparent à voter Bayrou ou extrême gauche ou rien, malgré un rejet souvent violent de Sarko.
Quand je disais - il y a longtemps déjà- que cette arriviste était la machine à perdre du PS !
Pauvre Hollande! Je ne sais s'il a bien dormi après le Grand Jury LCI-RTL-Le Monde de sa chérie : tout juste si les journalistes embarrassés par tant de nullité n'en étaient pas à faire à la fois les questions et les réponses. Et cette alternance très inquiétante de panique( genre biche aux abois) et d'arrogance ( La République du respect, c'est moi en gloire, laissez-moi parler.).
Mon Dieu !
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 13 novembre 2006 à 12h49
Bonjour,
Je travaille depuis plus d'une vingtaine d'années dans l'Education Nationale
( en tant que personnel administratif de collège ) et je pense assez bien connaitre le petit monde enseignant.
Quoi qu'en pensent les syndicats, la grande majorité des profs sont loin ( et pour certaines disciplines très très loin ) de faire 35 heures de travail par semaine.
- La préparation des cours ? Même les plus réticents se sont mis à l'informatique et ont parfaitement assimilé le "copier/coller", les programmes ne changeant pas tous les ans ...
- la correction des copies ( de leurs élèves, pas d'Acadomia ) ? Certainement
moins de temps qu'ils ne le pensent, surtout lorsque je vois la vitesse à laquelle ils corrigent les copies de sujets d'examens ( qu'ils découvrent le jour de la correction aux mois de juin/juillet )...
a+
Rédigé par : Chapitre 11 | 13 novembre 2006 à 13h26
L’article d’Eric Dupin me paraît démontrer ce que l’on savait déjà à savoir qu’il y a un pourcentage que je situe de l’ordre de 10 % capable de faire basculer une majorité d’un côté ou de l’autre en fonction des candidats présents. Si le candidat de droite probablement NS est opposé à DSK ou Fabius et qu’il gagne on dira que la France reste de droite, si Le Ps choisit SR et qu’elle batte NS on dira alors que les français ont rejeté la gestion de la droite et ont choisi l’alternance. Lors du débat sur Faux candidats j’ai écrit «En ce qui concerne l’élection présidentielle je reste dans l’esprit du Général, je ne me situe pas dans le régime des partis. Cela reste un homme ou une femme face à des électeurs ». Je ne peux donc qu’être d’accord avec Eric Dupin lorsqu’il écrit « Le vote automatique sur étiquette n'est plus qu'un souvenir. La personnalité du candidat, son profil idéologique et ses choix stratégiques pèsent lourd ». La logique de parti reprenant sa place lors des élections législatives .Même si je n’ai pas de sympathie particulière pour Laurent Fabius il me paraît évident qu’il a raison lorsqu’il dit « Ce serait tout de même un extraordinaire paradoxe, pour être modéré, que les socialistes choisissent pour leur candidature, quelqu'un dont toutes les positions, qui sont en flèche, sont en contradiction totale avec le projet socialiste » Envers le PS cela a le goût de la rupture, cela ressemble à une rupture mais Fabius n’a pas voulu ou pas osé employer le mot.
Rédigé par : flamant rose | 13 novembre 2006 à 13h56
Chapitre 11,
D' abord une question : votre pseudo est-il inspiré des procédures de dépot de bilan américaines ? Si oui, cela traduit-il votre vision de l' Education Nationale ?
L' interview d' un syndicaliste manifestant hier aux actualités télé apporte de l' eau à votre moulin; disant avec véhémence que SR se trompait et que les enseignants ne faisait pas 17 H mais au moins 18.
Rédigé par : Erick | 13 novembre 2006 à 14h39
Vous écrivez : « Laurent Fabius occupe désormais le flanc gauche du parti. Candidat de la mémoire socialiste, il s'efforce de réactiver les mécanismes qui avaient tant réussi à son mentor. Son discours carré et presque pansyndical est entendu d'une fraction populaire de l'électorat socialiste. Ce sont les sympathisants du PS de foyers ouvriers et employés qui préfèrent le plus sa candidature. De même Fabius enregistre-t-il ses meilleurs scores chez les électeurs socialistes à faibles revenus et niveaux d'éducation. L'ancien champion du non est enfin mieux compris dans ces villes moyennes où le PS est souvent appuyé par un électorat modeste. Le nouveau Fabius est le candidat socialiste préféré des électeurs proches du PCF ou de l'extrême gauche. »
Apparemment nous n’avons pas vu et lu les mêmes enquêtes ; ou bien nous les interprétons différemment La dernière en date de ces enquêtes (celle du baromètre Figaro-RTL-LCI) confirme ce que j’avais lu jusqu’ici, à savoir que c’était Royal qui recueillait la plus forte adhésion parmi les couches populaires (ouvriers, employés), il est vrai sans la distinction privé-public ; avec en plus sur le plan électoral une très forte attirance pour sa candidature de la part de l’électorat « noniste », Vert, extrême-gauche, PC. Ce qui se traduit par le fait que sa candidature fait baisser de plusieurs points celles de tous les autres candidats de la gauche non-socialiste. Alors qu’en cas de candidature Fabius, ces chiffres remontent. De ce fait la candidature Royal n’est très certainement pas une candidature « centriste », mais plutôt « basiste ». Ce qui explique les faibles intentions de vote concernant Fabius. Elle a à mon sens capté en partie le vote protestataire à l’intérieur de la gauche. Ce que Fabius aurait voulu faire.
Rédigé par : Ajamais | 13 novembre 2006 à 16h25
Pour rebondir sur les observations de Chapitre 11: une partie de l'intérêt des propositions de Ségolène Royal sur la présence des enseignants à l'école est d'offrir la possibilité de mettre tout le monde d'accord. Ceux qui assurent que les profs ne travaillent pas assez, et ceux qui affirment qu'ils travaillent trop.
Si on les adoptait, on saurait, enfin, combien de temps les profs travaillent réellement. Les syndicats pourraient négocier sur des horaires de travail incontestables.
Et ceux qui affirment (vous noterez que je n'ai pas dit prétendent) travailler 50 ou 60 heures par semaine ne peuvent refuser cette idée: passer d'un coup à 35 heures constituerait pour eux, à l'évidence, un progrès social dont tous les Français seraient jaloux.
Curieusement, on remarque des enseignants qui, à la fois, affirment travailler 50 à 60 heures, et, au nom de la défense de leurs acquis sociaux, s'indignent contre cette proposition.
Vraiment, je ne comprends pas.
Un prof, c'est fait pour travailler là où sont les élèves, de même qu'un commercial, c'est fait pour travailler chez ses clients, un plombier, c'est fait pour travailler dans les salles de bains, un routier, c'est fait pour travailler sur les routes, un physicien, c'est fait pour travailler dans un laboratoire...
Hélas, cette notion, qui va de soi dans de nombreux pays à travers le monde, est trop simple pour ce pays compliqué, névrosé et hargneux qu'est la France.
La proposition de Ségolène a la beauté et l'évidence d'une proposition sarkozyste: c'est une mesure gagnant-gagnant-gagnant-gagnant. Pour les enseignants, les parents, les contribuables et, surtout -- ne les oublions pas, ceux-là -- les élèves.
Car pour être possible, elle doit s'accompagner de ce qui n'existe pas en France: la transformation des écoles en institutions matériellement conçues pour l'efficacité de leur personnel et de leurs usagers.
L'unique et antique "salle des profs" est une relique indigne d'une collectivité professionnelle moderne.
Les enseignants, les élèves et les parents doivent se sentir chez eux à l'école. Ce qui veut dire bureaux individuels pour les enseignants, salles de réunion pour le travail collectif de l'équipe éducative, et moyens techniques à disposition. L'école doit être ouverte sur la ville, et pas seulement en paroles.
Un prof doit pouvoir disposer de son ordinateur dans son bureau, de sa ligne Internet, de son téléphone avec ligne directe qui ne s'arrête pas à 18 h, d'une bibliothèque de travail pour préparer ses cours et se tenir au courant des évolutions pédagogiques...
Ainsi, les profs pourront à la fois préparer leurs cours, corriger leurs copies, recevoir individuellement les parents et les élèves dans des conditions décentes et professionnelles. Ils seront aussi disponibles pour faire du soutien, individuel ou collectif, après la classe.
Aujourd'hui, des profs assurent corriger des copies chez eux à minuit. Qu'est-ce que c'est que cette organisation de Shadoks? Qui peut revendiquer une pareille façon de travailler? Corriger des copies chez soi, entre les mômes à torcher et le dîner à préparer? C'est quoi ces conneries?
Professeur, ce n'est pas un métier d'artiste, qui justifierait l'isolement du créateur tout seul dans sa chambrette. C'est un métier de fonctionnaire, au sens noble du terme. C'est un métier collectif.
Ne serait-il pas plus raisonnable de leur permettre de corriger leurs copies à des heures et dans des conditions normales, tranquillement, dans un bureau confortable, payé et nettoyé par l'administration? Et, en contrepartie, obtenir qu'ils puissent, sur rendez-vous, quand c'est nécessaire, recevoir à 19 ou 20 h des parents qui ne peuvent se libérer à un autre moment?
Ne serait-il pas positif d'ouvrir davantage et plus longtemps les écoles à des activités extra-scolaires, le soir et le week-end, ce qui ne peut s'obtenir que par une présence organisée, sur place, par rotation, de tous les personnels? Ne serait-ce pas un moyen de surmonter le fossé qui sépare l'école de la cité, dont se plaignent et les enseignants et les parents?
Il sera très intéressant de voir comment le monde enseignant réagira à cette idée, qui le met devant ses contradictions. Le test est impitoyable. Saisira-t-il la perche qui lui est tendue pour travailler collectivement au progrès de l'éducation? Ou bien se réfugiera-t-il une fois de plus dans une solidarité en paroles, mais pas en actes?
Les premières réactions, en tous cas, révèlent ce vice bien français: on passe son temps à râler parce que ça ne va pas, on fait semblant de vouloir que ça change, mais en réalité, on fait tout pour que rien ne bouge, parce que ça permet, en contrepartie, d'éviter de se remettre en cause, et d'exiger de petits pots-de-vin minables en compensation. En l'occurrence, la liberté de travailler où on veut, quand on veut et sans comptes à rendre à personne.
Aux profs qui vont risquer le pétage d'anévrisme en lisant cela, je dis: rassurez-vous -- si tant est que cela soit rassurant pour les citoyens... --, il n'y a aucune "haine des profs" là-dedans: d'innombrables corporations fonctionnent suivant ce principe en France.
Révolutionnaires en paroles, magouilleurs et conservateurs en cachette: l'immobilisme français.
Heureusement, il y a de plus en plus de gens qui ne supportent plus cela. Voilà pourquoi Ségolène et Sarkozy prennent le devant de la scène. Enfin.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 13 novembre 2006 à 17h09
Pour plus de précisions :
1/ Hypothèse Royal/Sarkozy au 1er tour : Laguiller (2,5) ; Besancenot (4) ; Buffet (2) ; Voynet (1,5)…
Non de gauche au TCE : 59% ; préférence partisane : gauche non-socialiste (66), gauche parlementaire (67) ; vote extrême-gauche en 2002 (41) ; profession : ouvrier (41) ; employé (34) ; profession intermédiaire (35) ; cadre (37)
2/ Hypothèse Fabius/Sarkozy : Laguiller (4,5) ; Besancenot (6) ; Buffet (4) ; Voynet (3,5)
Non de gauche au TCE (34) ; préférence partisane : gauche non-socialiste (35), gauche parlementaire (38) ; vote extrême-gauche en 2002 (20) ; profession : ouvrier (20) ; employé (17) ; profession intermédiaire (21) ; cadre (17)
Rédigé par : Ajamais | 13 novembre 2006 à 17h13
Ajamais,
Attention aux différences entre des enquêtes qui ne portent pas sur les mêmes publics ni sur les mêmes problématiques.
Lorsque j'écris que Fabius est "entendu d'une fraction populaire de l'électorat socialiste", je ne dis pas que celui-ci le préfère majoritairement à Royal. Mais c'est effectivement parmi ces catégories que Fabius réalise son meilleur score. Il s'agit de la préférence des sympathisants socialistes, mesurée par un cumul d'enquêtes Ipsos, pour le candidat et non de l'intention de vote auprès de l'ensemble des électeurs.
Cela étant, il est parfaitement exact que Royal dispose d'un large écho dans l'électorat populaire. J'appelle simplement "démagogie populiste" ce que vous appelez "basisme". On peut être stratégiquement situé au centre avec une posture protestataire.
Rédigé par : Eric Dupin | 13 novembre 2006 à 18h27
Marchenoir mon ami, je ne doute pas pour ma part que vous soyez accablé de tâches et super organisé. Vous feriez un prof exceptionnel. Je vous inviterais volontiers à venir tester vos capacités dans mes classes si la chose pouvait se faire. Et encore vous auriez de la chance car je ne suis pas dans le 93.
Inutile d'argumenter devant une telle méconnaissance du métier.
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 13 novembre 2006 à 18h33
"Inutile d'argumenter devant une telle méconnaissance du métier."
Mais si, Trésor, mon ami: c'est justement là qu'on vous attend, puisque vous, en tant que professeur, semblez avoir une parfaite connaissance du métier.
Au contraire des citoyens de base, qui, eux, sont trop bêtes pour rien y comprendre, et qui, en plus, prétendent avoir voix au chapitre sur l'emploi des gens qu'ils payent de leurs impôts.
Allez-y. Expliquez. Ne soyez pas timide. Argumentez. Comblez mon ignorance abyssale, et celle de tous ceux qui osent avoir un avis sur l'Education nationale sans en faire partie. Jouez votre rôle de professeur. Cela consiste à transmettre vos connaissances, non?
Alors, qu'attendez-vous? C'est le moment où jamais. Le pays est suspendu à vos lèvres.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 13 novembre 2006 à 19h01
"Alors, qu'attendez-vous? C'est le moment où jamais. Le pays est suspendu à vos lèvres."
Me diriez-vous cela si j'étais un homme?
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 13 novembre 2006 à 19h07
Je serais assez intéressé par un "développement" moi aussi, Trésor.
Rédigé par : matéo | 13 novembre 2006 à 19h38
Ne vous vautrez pas les gars, avec mes soixante heures par semaine si vous croyez que je n'ai que ça à faire :-)))
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 13 novembre 2006 à 19h43
Le plus inattendu dans ce papier de notre Eric Dupin à nous, est que les intentions de vote militantes, les seules concernées comme cela est bien expliqué, donnerait un poids beaucoup plus important à Fabius, même un score de Fabius supérieur à DSK.
Il ne faut effectivement pas minorer que Fabius dispose dans le parti du soutien "à priori" des 40 % de militants ayant voté "non" au TCE, comme l'intéressé le défendait.
Rappelons que le rejet du traité le fut pour "excès de libéralisme" et que le projet de Fabius tient de l'Union de la gauche, si ce n'est du "programme commun". Si ce score de Fabius devenait réalité (devant DSK), on ne peut qu'être sidéré de constater que nombre de militants du PS, et qu'un certain électorat de gauche croient encore à ces généreuses promesses et autres lendemains qui chantent. Ou notre ami mènera la politique annoncée, avec quoi ? Et donc comment ? Ou il expliquera que la situation est telle, "à cause de la gestion calamiteuse de la droite", qu'il ne peut pas faire tout ce qu'il a promis. Le risque avec ce que notre ami se propose de faire de voir le marché du travail se rigidifier encore plus, et le nombre de gens à la porte de marché grossir, le tout en période de croissance. Cet électorat me donne l'impression de parfaitement savoir qu'on leur annonce la lune, mais d'aimer ça en quelque sorte.
C'est de mon point de vue atterrant quant aux capacités du parti socialiste de se rénover, de faire les aggiornamento nécessaires. Bref de se hisser au niveau de leurs partenaires européens. Et quitte à faire scission pour y parvenir. On en viendrait à leur souhaiter d'échouer pour que l'électrochoc les amènent plus vite à ses heures de vérité que sont les remaniements doctrinaires.
Rédigé par : Matéo | 13 novembre 2006 à 19h58
Allez quoi Trésor, un cht'i neffort !
Rédigé par : Matéo | 13 novembre 2006 à 20h00
Moi, je suis intéressé par un chiffrage des propositions de Robert Marchenoir.
- Locaux.
- Matériel.
- Frais de fonctionnement des écoles ouvertes plus longtemps.
- Mais également embauche massive de nouveaux enseignants. Chacun de nous devra avoir moins d'heures de cours et moins d'élèves ! Car pour nous faire faire en trente cinq heures (Oui, oh oui ! Alleluia, dirait Soeur MST !) ce que nous faisons en beaucoup plus, c'est inévitable.
Rédigé par : PMB | 13 novembre 2006 à 20h29
@Eric Dupin
Effectivement je parlais de l’ensemble de l’électorat, et vous de l’électorat socialiste.
Pour ce qui concerne l’acception de « basisme », je n’aurais peut-être pas dû l’employer. Je l’ai volée à un éditorialiste de Libération qui l’opposait au « populisme » de Sarkozy. En fait ces deux qualificatifs ne sont pas opérationnels pour caractériser ces deux candidats.
Qu’il y ait des accents populistes chez Sarkozy, soit, mais son programme est celui d’une droite assez classique qui tente de relancer toute une série de chantiers abandonnés, ou pas menés à terme, par les gouvernements de droite précédents. C’est un vrai programme de classe (voir aujourd’hui le discours de Fillon) avec seulement quelques clin d’œil en direction de certaines couches populaires : artisanats, petits patrons, commerçants. Mais ça s’arrête là. L'emballage est parfois populiste, mais pas le fond.
Chez Royal il y a en revanche une volonté de coller à toute une série d’aspirations « populaires » (au sens du salariat), mais sans pour autant tomber dans la démagogie (à quelques exceptions). Son analyse de ce qui ne va pas à gauche est bien antérieure à 2002 et 2005. Elle remonte à 1993, après la défaite cuisante du PS. Relisez ce qu’elle a écrit là-dessus en 1996 dans « La Vérité d’une femme » et vous verrez que le bilan qu’elle trace de la gauche au pouvoir n’est pas triste. En outre c’est à ce moment là qu’elle commence à utiliser la rhétorique des désordres (économique, sociaux, politiques, moraux…). Elle s’en prend également dès cette époque aux dérives de l’économie libérale et lui oppose l’action morale d’un Etat juste et interventionniste, à condition de « moraliser » la vie politique. J’arrête là, mais je crois que le travail sur le sens du programme de Royal n’a pas était fait. Le qualifier de centriste signifierait qu’il prend à gauche et à droite, ou bien qu’il se tient à équidistance des deux pôles du PS. Or, je ne crois pas plus aux deux postures de Fabius et de DSK. Le premier ne représente pas le PS originel, pas plus que le second affirme une vraie politique social-démocrate. Royal se serait plutôt une « troisième voie » qui n’accorde plus comme l’ont fait encore DSK ou Fabius une importance considérable à la question de la croissance et de la relance du pouvoir d’achat. C’est en ce sens une autre gauche en devenir qu’elle propose.
Rédigé par : Ajamais | 13 novembre 2006 à 21h47
Hé bien je dois être "malade" ou bien je couve quelque chose, mais moi non plus je ne vois rien d'antiservice public dans les propositions de Robert Marchenoir. Tout cela me parait de bon sens, pas forcément suffisant pour résoudre les problèmes de l'école, mais allant dans la bonne direction. Pas forcément plus de moyens (quoique) mais une réorganisation du temps, des locaux. Si il se trompe, il ne suffit pas de le dire et de balayer l'argument d'un revers indigné de la main, mais bien de nous expliquer en quoi. Je suis preneur aussi.
Moi je suis "de gôche" depuis toujours mais d'une gôche "optimisée" qui a tendance à ne pas admettre le status quo en cas de dysfonctionnement flagrant...
Rédigé par : eczistenz | 14 novembre 2006 à 10h11
ce qui est intéressant dans cette campagne, c'est que le programme du PS fait l'objet de peu de médaitisation, pédagogie, mais qu'on a l'impression que les "vraies questions" (sécurté, éducation, démocratie) étaient restées en dehors, qu'elles ont maintenat abordées, à petites touches, par le flanc, par ségolène royal essentiellement...
c'est dire la pauvreté de la réflexion du PS depuis quatre ans... seule une campagne le réveille et peut-être le révèle
dommage que ces propositions, cette remise à plat, n'aient pas eu lieu en juin avec le programme...le candidat serait venu naturellement comme celui qui aurait proposé puis convaincu....
PS Jesuis membre du PS et pas ségoliste
FRANCIS
Rédigé par : francis | 14 novembre 2006 à 10h53
Bon ben si PMB et Trésor ne remettent pas les pieds sur la présente discussion, nous vl'a marron pour connaître leur métier. Ce qui reste dommage !
Rédigé par : Matéo | 14 novembre 2006 à 13h20
J'ai vu la vidéo ségo présentée comme intégrale sur les profs tout pourris dont il est question ici : elle imagine, si j'ai bien compris une généralisation des "collèges différents ou expérimentaux", de ceux où les profs font moins d'heures de cours et plus d'heures de suivi personnel des élèves. Inspiration Meirieu, Pierrelée et cie: exactement ce que déteste Monsieur Marchenoir.
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 14 novembre 2006 à 13h26
http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=193852
Un article du très bon journal suisse Le Temps que l'on ne lira jamais dans dans la presse française. Le jour où la classe politique et médiatique osera affronter comme les suisses est malheureusement pas pour demain.
Rédigé par : GED | 14 novembre 2006 à 13h28
Bien noté Trésor !
Pourriez-vous nous en dire donc plus sur votre métier, que Robert méconnaît, qu'Eczistenz connaît peu et que moi, je ne connais pas ?
...Les heures de cours, de soutien, le temps passé à la correction, aux "missions extérieures", tout ça quoi ?!!
Rédigé par : Matéo | 14 novembre 2006 à 13h35
A Mateo,
Sur les conditions de notre métier j'ai, avec un certain nombre de collègues, posté* à plusieurs reprises sur l'autre bon blogue (ne vexons pas le boss) de la blogosphère : le BBB. Notes Royal pour les 35h, Vidéo Royal-profs, Vidéo Royal suite. Nous avons dit tout ce qui pouvait être dit. En pure perte, et croyez bien que RM n’a pas été le pire de nos contempteurs (à part qu’il n’a toujours pas chiffré ses propositions). Aucun des « opposants », après que nous ayons dit et redit concrètement comment nous vivons notre métier, n’a fait évoluer son point de vue. Nous continuons d’être susceptibles, égoïstes, corporatistes, rétrogrades, psycho-rigides et je peux continuer, j’ai un bon vocabulaire. Le fossé se creuse, et vouloir le combler s’apparente au remplissage du tonneau de Mesdemoiselles les Danaïdes.
Ayant donc dit sur ce même BBB qu’il arrêtait de contribuer à ces notes, Sisyphe ne va pas reprendre son rocher ici. Comme je vous sais sincèrement intéressé, Mateo, je vous invite à y aller. Tout ce que je peux dire est ceci : je décourage quiconque, même et surtout s’il a la passion, de faire ce métier. Ce serait à refaire, je ferais autre chose. J’arrêterai bientôt en regrettant passionnément mes élèves, beaucoup mes collègues et certains parents, un peu les autres parents et pas du tout tout le reste : mes autorités, nos ministres et nos donneurs de leçons.
* Sous pseudo. Pas par « lâcheté » mais parce que l’ego, ça va cinq minutes.
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2006 à 16h40
A propos du BBB, j'ai même vu passer quelques notes (je pense à celles d'un certain Perjo) truffées d'insultes, d'approximations grossières et d'erreurs manifestes. DS, lui qui se flatte de modérer assez activement, les a-t-il laissé passer pour faire monter la mayo ou pour étaler le ridicule achevé de leurs posteurs ? Comprenne qui pourra.
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2006 à 16h48
Cher PMB, le problème c'est que BBB est illisible, trop de contributeurs, posts trop longs... On dirait une conversation entre beaux esprits essayant de briller, chacun étale sa maitrise du style, chacun essaie de faire plus long que l'autre, sans lire les posts précédents (redites), du coup, pour moi c'est illisible.
Il y a tout de même des contributions de profs à contre courant. Personnellement, les faux débats sur les profs-qui-ne-foutent-rien ou les profs-qui-sont-surpayés, je n'ai même pas envie d'y participer car c'est faux bien sur, et absolument faux, et ce serait une perte de temps que de répondre à ces stupidités. Cela dit, il me semble que le débat sur la place de l'éducation dans la société, la méthode (autoritaire, verticale, interactive, participante, etc.), le rôle de l'école contre les inégalités, etc. il est légitime d'avoir tout les débats de fonds et de ne pas être accusés de vouloir "casser le service public" dès qu'on propose une amélioration, un changement, une expérimentation.
Ce qui est un peu gênant aussi dans ce débat, c'est la tendance qu'ont les profs à penser que les parents n'y connaissent rien, que eux "ont compris", une attitude de prof quoi, dans son aspect caricatural. Désolé mais vu la profondeur de la crise, vous ne gagnerez rien à vous crisper sur votre statut de professeur sur de lui et de sa science, ce qu'on voit trop malheureusement... Le manque de moyens, dont personnellement je ne doute pas (je vis dans le 9-3), est aussi parfois un cache sexe bien pratique pour éviter de se remettre en question.
Moi je n'ai pas d'opinion sur la sortie de Ségolène, j'ai toujours vu mes profs bosser, préparer les cours du lendemain même en finissant à 18h et je n'ai jamais pensé qu'ils se laissaient aller... Faut il pour autant éviter les débats sur "l'organisation" du ou des temps de travail ?
Rédigé par : eczistenz | 14 novembre 2006 à 17h31
Eczistenz écrit :
"c'est la tendance qu'ont les profs à penser que les parents n'y connaissent rien, que eux "ont compris", une attitude de prof quoi, dans son aspect caricatural."
Pffff... Et hop, cher Eczistenz, vous aussi partez dans la caricature, avec LES profs ! Arrêtez de généraliser ! Il y a que les profs qui refusent de se remettre en question ? y a que les profs qui se crispent sur leur statut ?
Je ne connais pas un seul métier qui soit aussi dénigré, et de l'extérieur, par des gens qui n'y connaissent pas plus que nous n'y connaissons en parentologie. Je critique votre métier, moi ? Je vous dis comment vous devez le faire, moi ? Je ne cherche même pas à le connaître, non par égocentrisme mais parce que ça ne me regarde pas !
Dans les contributions du BBB j'en ai lu une (pas retenu, c'est vrai qu'il y en a lerche) qui décrivait un avenir sinistre : des enseignants uniquement contractuels, embauchés à l'année (plus de "privilèges", salauds !), soumis à toutes les pressions, tiraillés entre élèves, parents, autorités et opinion publique hostile, si précarisés par tout ça que ce ne seront plus que des larves craintives. Moi, mes enfants sont élevés. Les vôtres, c'est sans doute ce genre de prof qui les attend. Je leur souhaite bien du profit, et bien du plaisir.
Bientôt la retraite. Tiens, je vais faire un nouveau métier. On voit venir dans nos écoles des intervenants extérieurs qui viennent pour décourager les mômes de fumer ou de se droguer. Moi, je me proposerai pour les décourager d'enseigner, ne leur racontant ce qui les attend.
Basta. Fin de la partie ici aussi. Et demandez-vous pourquoi quelqu'un d'habituellement courtois et souvent conciliant (si, si) parle ainsi.
PS Je pars, mais après avoir posté une 'tite histoire vraie.
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2006 à 18h54
CRIME À PÉAGE
Qu’est-ce qu’il fait beau, qu’est-ce que je suis en vacances, qu’est-ce qu’il y a de monde sur l’autoroute. J’atteins, en moto toujours, le péage de P... Je vole le tour de plusieurs véhicules immobilisés à la barrière. (Honte sur l’estimable auteur de ceci dont on découvre qu’il ressemble à un sauvageon de banlieue). Celui que je précède se rapproche, et j’entends une voix me rappeler sèchement à l’ordre. Soit. J’ai eu tort. Vraiment. Gêné, je commence à répondre que oui, mais bon, enfin, je ne suis quand même pas Ben Laden et associés.
Autrement dit, j’ergote. C’est sans doute pour ça que la voix me coupe : « Vous, vous êtes un prof ! ». Soufflé, je ne sais quoi dire. Cherchant désespérément à m’en tirer tête haute, je peux seulement articuler : « Bon... Je crois bien que je vais vous laisser passer ». La voix, très « Achève ta victime, Landru ! » rétorque : « Non, non, allez-y donc ! ». Nonobstant cet ordre, je fais un grand demi-tour bien lent, j’arrête à la hauteur du monospace et, à la famille témoin de la scène, lance avec mon rictus le plus large et une belle inclinaison de casque : « Bonne fin de vacances ! »
Je ne saurai jamais si le Justicier de l’Autoroute fut content de lui, si son public applaudit à la petite mise à mort d’un prof ou en fut gêné, ou si l’un des enfants, dans le secret de sa rage contre son donneur de leçons habituel, apprécia le ton ironique de ma conclusion. Ni si quelque turpitude privée se cachait sous tant de vertu publique.
Bon, la vie et la vitesse nous séparent, me laissant le temps de ruminer à cent à l’heure tout ce que j’aurais répondu si, dans la répartie, je n’avais un chronique retard à l’allumage :
« Cher Monsieur, vous aviez le droit de me reprocher mon culot. Et bravo pour votre divination, Nostradamus a un successeur. Mais de quel droit voyiez-vous un lien automatique entre cette incivilité, quand même vénielle, et mon métier ? Et si j’avais rétorqué à votre hargne : « Vous, vous êtes un parendélèves ! » Si, agissant comme vous devant vos enfants, je débinais en cours vos semblables ? Si, vous imitant dans le préjugé, j’avais déduit d’un tel pointillisme que vous travailliez dans la police, les contributions ? Ou, voyant votre bétaillère-à-cathos (expression de ceux qui à votre exemple cataloguent autrui), comme sous-chef en manchettes de lustrine du service contentieux d’une vénérable maison d’édition religieuse ? »
Aux péages suivants, retour à la sagesse citoyenne et crainte de rencontres aussi peu catholiques aidant, j’ai gardé ma place.
..........
A la relecture, je pointe le fait que c'est parce que je discutais, je ne m'inclinais pas illico devant la remarque de Monsieur, que l'insulte "prof !" est venue.
Voilà, on est exactement là ici, ou sur le BBB, ou dans tous les café du Commerce de France et de Navarre : nous discutons, nous refusons le pilori où on nous cloue, c'est donc bien que nous avons tous les défauts qu'on nous donne !
Si on vous* débinait devant vos enfants comme vous le faites pour nous devant eux (n’imaginez pas une seconde qu’on ignore ça, à voir la tête triomphante de vos mômes quand ils reviennent avec une copie où vous répandez vos critiques sur nous sans même que ce soit sous pli fermé), vous viendriez foutre le feu à nos classes !
Et vous auriez raison !
* Ici, ce « vous » ne s’adresse pas à l’ami Eczistenz (je ne suis pas cette s... de Marion)
Bon, allez, retourne à tes copies, PMB. Là au moins tu sers à quelque chose.
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2006 à 19h11
Comme vous montez dans vos tours, PMB, reconnaissez-le !
Eczistenz, ma pomme et notre ami (si, si) commun, demandent que vous nous racontiez en gros comment le truc fonctionne, la décomposition du temps de travail. Pas pour demander des comptes. Pour savoir. Pour comprendre. Le cas échéant pour faire des remarques, des suggestions, et pourquoi pas des propositions. Ce qui ne donne pas le droit de « critiquer » mais de décortiquer le boulot d’un prof (de Collège, de Lycée ou de fac), le truc nous concerne tous. Parents bien sûr, mais aussi contribuables, citoyens qui ont envie que le truc fonctionne, que les gens comme vous si sentent bien, que le boulot soit de qualité, qu’elle reste publique pour partie comme aujourd’hui, et qu’elle coûte ce qu’elle coûte, mais pas plus.
Vous me savez sincère et pour mieux connaître Eczistenz, vous savez que ses interrogations sont également sincères, et que l’idée de départ de ce questionnement n’est pas effectivement le truc « les profs qui foutent rien ». Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas en discuter, pas pour nous expliquer toutes les réformes à la con subies, mais tout simplement comment vous bossez (vous, vos collègues, les pratiques et comportements dominants).
L’anecdote m’a fait sourire. Un peu plus haut Eczistenz décoche, maladroitement un « c'est la tendance qu'ont les profs à penser que les parents n'y connaissent rien, que eux "ont compris", une attitude de prof quoi, dans son aspect caricatural. ». En fait votre conducteur et Eczistenz, c’est la même chose, le même argument : un ton professoral ! Peut-être un chouïa didactique, qui se reconnaît de très loin. Pas de quoi hérisser le poil tout de même.
Rédigé par : Matéo | 14 novembre 2006 à 21h17
"Le cas échéant pour faire des remarques, des suggestions, et pourquoi pas des propositions."
Je suis enseignant. Il ne me viendrait pas à l'idée d'aller faire des remarques, des suggestions, des propositions à mon banquier, mon médecin, mon garagiste.
Rédigé par : Jean Dupont | 14 novembre 2006 à 22h15
"Moi, je suis intéressé par un chiffrage des propositions de Robert Marchenoir." (PMB)
Ben voyons. Un peu facile. C'est toujours moi qui dois chiffrer, justifier. Jamais vous, PMB. Vous, vous vous contentez de repousser toutes les critiques, toutes les remises en cause, en demandant aux autres de bosser. J'attends toujours vos propositions positives, constructives (et chiffrées, bien sûr!) pour améliorer l'éducation en France.
Alors, puisque vous le demandez et pour vous être agréable, je vais le faire. Je vais chiffrer. Je vais commencer le boulot, pour vous montrer comment on fait. Et puis vous prendrez le relais, hein, parce que je vais pas tout faire à votre place. Je me présente pas aux élections, moi.
Vous commencez par supprimer 14 669 postes de fonctionnaires à la Banque de France. Minimum. Pourquoi 14 669? Parce que c'est la différence entre 17 329, le nombre de postes actuel, et 2 660, le nombre de fonctionnaires à la Banque d'Angleterre.
Pourquoi minimum? Parce que la France et l'Angleterre étant deux pays d'une taille comparable, l'ordre de grandeur des deux chiffres devrait être le même. A ceci près que la France faisant partie de la zone Euro, la plus grande partie du boulot de la Banque de France est maintenant faite par la Bance centrale européenne. Tandis que l'Angleterre ayant sa propre monnaie, elle a encore besoin, elle, d'une banque centrale.
Vous voyez donc que, à peu de choses près (la Banque de France a quelques autres tâches, mais elles sont loin de justifier de tels effectifs), les fonctionnaires de la Banque de France sont, littéralement, payés à ne rien foutre. Et ils sont payés cher! Leurs avantages sociaux sont parmi les plus enviables de toute la fonction publique...
Vous continuez, et vous divisez les effectifs du Ministère des Finances par cent. Oui, par cent, vous avez bien lu. Cela vous permet de supprimer 178 200 postes de fonctionnaires, en passant des 180 000 que nous avons aujourd'hui à 1 800. Pourquoi 1 800? Parce que c'est toujours SIX FOIS PLUS que le ministère des Finances suédois, pays qui possède six fois moins d'habitants que la France, et qui se contente de... 300 fonctionnaires, la collecte de l'impôt étant confiée au privé. A des conditions infiniment moins coûteuses, comme vous pouvez l'imaginer, que la collecte publique en France.
Je n'ai pas remarqué, au passage, que la Suède soit une jungle néo-libérale où règne l'absence de justice sociale et de redistribution des revenus, l'esclavage des pauvres, le travail des enfants...
Tant qu'à faire, on fusionne, bien entendu, les deux énormes directions du ministère des Finances qui font double emploi actuellement et dont l'une est TOTALEMENT INUTILE dans son intégralité, puisque l'une est chargée de couper les oignons et l'autre de pleurer: l'une calcule vos impôts, et l'autre les perçoit. Non seulement ça complique inutilement la vie de chaque contribuable qui doit s'adresser à deux guichets différents suivant son problème, mais en plus il faut financer cette absurdité digne de Gaston Lagaffe! Pas besoin d'énarques ni de comité d'audit pour formuler un tel diagnostic: n'importe quel plombier muni du brevet des collèges peut arriver à cette conclusion tellement elle est évidente.
Puis vous passez à l'Education nationale et vous rapprochez deux chiffres: celui des enseignants (750 000) et celui des non-enseignants (430 000). Un non-enseignant pour 1,7 professeur! Le ratio est, à l'évidence, outrageusement déséquilibré. Qu'est-ce qui peut justifier une telle pléthore de non-enseignants? Combien doit-il y avoir de postes inutiles, de bureaucrates parasitaires et nocifs, de gaspillages éhontés, d'absentéisme, de détachements dans les syndicats, de mises en disponibilité pour aboutir à un tel ratio, alors même que les profs se plaignent de l'insuffisance de certaines fonctions non enseignantes dont on a grand besoin sur le terrain (surveillants, infirmières scolaires, etc)?
N'étant qu'un modeste citoyen dépourvu du grade de professeur, et donc baignant dans mon ignorance crasse, je vous laisserai le soin, PMB, de joindre vos compétences à celles de Trésor pour déterminer la marge de réduction d'effectifs dont on dispose ici; mais elle est, à l'évidence, très importante.
Encore un petit amuse-bouche, juste pour rigoler, du côté de notre système de santé: vous savez, celui que le monde entier nous envie. Pour limiter le déficit effrayant de la Sécurité sociale, le gouvernement vient de décider que les pharmaciens devront refuser le tiers payant aux patients qui n'accepteront pas la substitution de médicaments génériques, quand ils existent, aux médicaments de marque prescrits par leur médecin. Une sanction très douce, comme on voit, puisqu'elle ne touche même pas aux taux de remboursement, mais seulement à l'avance de la partie non remboursable.
Petit détail: elle ne concerne pas les bénéficiaires de la CMU, qui pourront continuer à exiger des médicaments de marque, strictement identiques mais beaucoup plus coûteux, aux frais de la nation. Ils ne s'en privent pas, d'ailleurs. Et ils sont 4,7 millions...
Voilà.
C'était juste un zakouski, naturellement. Une infime partie des monstrueux gaspillages de l'Etat -- admis par la droite et encouragés par la gauche --, un échantillon réuni à la hâte avec les données que j'ai pu grapiller en une demi-heure de Web, moi, citoyen de base, qui ne suis ni énarque, ni conseiller d'Etat, ni ministre, qui n'ai pas à ma disposition des assistants parlementaires, des observatoires de ceci ou de cela, des commissions d'enquête et des rapporteurs spéciaux.
Alors imaginez l'ampleur réelle des économies qu'un gouvernement résolu peut dégager, l'énormité des fonds publics qui peuvent redevenir efficaces. A condition que les Français le veulent. A condition que des professeurs et des syndicats rétrogrades, accrochés à leurs privilèges, ne sabotent pas de tels efforts.
Je vous laisse calculer tous les mètres carrés de bureaux individuels que cela peut financer pour les professeurs, les ordinateurs, les connexions Internet, les salles de réunion, et même les heures supplémentaires de soutien aux élèves en difficulté au-delà des 35 h par semaine! Même les heures sup' faites par PMB pour initier ses élèves au théâtre!
En conclusion, je trouve un peu piquant que "les profs", collectivement, ne cessent de camper sur une posture revendicatrice en réclamant "plus de moyens", et que, suite à la proposition de Ségolène Royal, certains sautent subitement dans le fauteuil du ministre et se récrient: "Ah non désolé, ça va pas être possible, ça coûterait trop cher, on n'a pas les moyens de le faire". Le fait que ça bousculerait les habitudes, que ça contraindrait à une certaine traçabilité du travail, que ça enlèverait soudain l'alibi d'une partie des profs pour ne pas faire de soutien scolaire, pour ne pas dialoguer avec les parents, pour se tailler le plus vite et le plus souvent possible de l'école, n'a bien entendu rien à voir avec cet étrange revirement...
Dernière chose. Je n'ai pas l'habitude d'aborder les questions personnelles sur les blogs, pas plus que je ne le ferais lors d'une conversation autour d'une table. Je considère que les personnes présentes sont, par définition, exemptes de la discussion. C'est d'autant plus vrai sur le Web où n'importe qui peut revendiquer n'importe quoi sur ce qu'il est, ce qu'il fait, etc.
Mais comme vous ramenez sans cesse la discussion à votre cas personnel, PMB, je suis bien obligé de vous suivre sur ce terrain, et de dire à l'ensemble des lecteurs de ce blog -- car je vous l'ai déjà dit, à vous -- que je trouve totalement déplacé l'argument que vous utilisez ici, selon lequel des parents ou des citoyens se montreraient incroyablement cyniques et insultants à l'égard des professeurs. Ce dont je ne doute pas une seconde.
Si j'en parle, c'est que c'est un argument très généralement répandu parmi les profs. Que l'on s'en indigne, certes. Que l'on en fasse un objet de préoccupation et de réflexion, absolument. Que l'on s'en serve pour refuser toute proposition de réforme, et en particulier toute réforme qui amènerait à associer davantage les parents au fonctionnement de l'école, et à les reconnaître comme les patrons ultimes des fonctionnaires du service public de l'éducation, voilà ce que je trouve malhonnête et que je ne peux admettre.
Insulter des professeurs individuellement parce que l'Education nationale ne marche pas est aussi condamnable que l'attitude qui consiste à prétendre que les profs n'auraient jamais de comptes à rendre, sous prétexte que c'est le système qui est fautif.
Il est encore plus scandaleux de récuser toute critique de l'Education nationale au motif qu'elle insulterait les professeurs. Dire cela, c'est se déclarer solidaire des dysfonctionnements, c'est en assumer l'entière responsabilité.
Le service public est au service du public. Cette vérité d'évidence n'a plus cours en France.
Ou alors, allons nous coucher, tirons-nous la couverture sur la tête, éteignons la lumière, et après nous, le déluge. Vous avez mentionné à plusieurs reprises, PMB, que vous étiez à la veille de la retraite, et que si on était d'un avis différent du vôtre sur l'éducation, on allait droit dans le mur, que c'était tant pis pour nous et que, finalement, si on ne voulait pas vous écouter, vous vous en foutiez un peu, puisque vous seriez en train de cultiver vos bégonias quand la catastrophe adviendrait.
Personne ne vous conteste le droit à une retraite bien méritée après une vie d'efforts. Mais permettez que le monde ne tourne pas autour de vous, que de jeunes professeurs qui entrent aujourd'hui dans la carrière aient un avis différent du vôtre, que certains aient, eux, envie de réformer le système, qu'ils y croient, de même que les parents, les enfants, les citoyens, qui, eux, excusez-moi, n'ont pas le luxe relatif que vous avez de pouvoir viser vos pantoufles d'ici peu, sans compter que leurs pantoufles seront nettement plus tardives et plus étroites que les vôtres.
Donc, merci de ce que vous avez fait, mais laissez les autres, maintenant, prendre le relais, inventer des solutions qui ne seront peut-être pas celles qui avaient cours à votre époque, et surtout ne les découragez pas d'avance.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 15 novembre 2006 à 00h32
Monsieur Marchenoir,
Dans le genre faire dire aux gens ce qu'il ne disent pas et reprocher aux autres ses propres défauts, vous atteignez des sommets.
Dans le genre vertu outragée aussi, voir votre dernière semonce à Trésor de bienfaits.
Les lecteurs de ce blogue sont assez intelligents pour retrouver cet art manipulatoire dans votre prose, je ne perdrai pas mon temps à le faire.
Je vais seulement rappeler ceci, (rappeler parce que je l'ai déjà dit) : il y a une foule de gens qui ne sont pas d'accord avec ce que je dis sur tel ou tel sujet, une foule de gens qui partagent en gros vos positions. Mais je les respecte (et réciproquement, je le sais) parce qu'aucun n'a votre arrogance et votre mépris.
(Bon, je vois que je n'ai pas tenu ma promesse de ne plus intervenir sur cette note. Mais pour vous, que ne ferais-je pas ;-)
Rédigé par : PMB | 15 novembre 2006 à 06h33
C' est extraordinaire comme certaines discussions sont difficiles. Robert, le 13/11 à 17h09, ne posait que des questions en fait relatives à l' organisation du travail des enseignants, aux méthodes employées et, par ricochet, à leur mission. Eczistenz va dans le meme sens.
L' EN est-elle le seul organisme en France ou parler de modernisation et d' efficacité serait impossible et assimilable à de l' insulte ?
On peut voir en Robert un horrible réac mais à part Meirieu qui représente pour les non intitiés ce qui apparaît comme un échec des IUFM, pourquoi penser qu' il est opposé d' emblée aux idées de MD Pierrelée. Parlez-nous donc de ses expériences et des perspectives qu' elles ouvrent.
Je pense que nous avons tous du respect pour l' enseignant d' autant plus que, si nous avons été de "bons élèves", nous savons qu' en bien des endroits (et pas seulement ceux qu' on montre du doigt) leur tâche est devenue encore plus ardue. Ce que vous pouvez prendre pour du mépris n' est en fait que l' incompréhension d' un immobilisme au moins apparent.
Je ne vais pas ressortir le couplet de l' instabilité des salariés du privé. Je veux simplement dire que ceux-ci, dans leur grande majorité, connaissent des réorganisations dont le but est l' amélioration du travail et de son efficacité; cela passe aussi par des redéfinitions de fonctions, de méthodes et d' outils, avec définition d' objectifs et évaluation des résultats faits en concertation avec les salariés.
Pourquoi cela ne marcherait-il que dans le privé et, maintenant dans certaines administratiions ou entreprises publiques ?
La question est toujours ouverte.
Rédigé par : Erick | 15 novembre 2006 à 09h26
Je vous signale en passant que je travaille dans le secteur de la solidarité internationale, financée en grande partie par des dons privés ou des subventions publiques, et que ce milieu baigne depuis pas mal de temps (surtout depuis l'ARC) dans l'esprit de pouvoir rendre des comptes en permanence. J'ai été formé dans cet état d'esprit et ca ne me dérange pas plus que ca. Et mon entourage ne se prive pas de me faire des propositions, des suggestions, dans un domaine dans lequel ils ne connaissent rien. Si ca n'a pas forcément d'utilité dans le fond, ca a au moins l'utilité de montrer que les gens ne connaissent rien à notre métier et qu'il nous faut faire des efforts pour l'expliquer et mieux le faire connaitre et comprendre.
Je dois avouer une certaine déception à vous voir, PMB et Jean Dupont,
comparer le métier de prof à celui de banquier, médecin, ou même le mien. Nan, désolé, prof ou flic ne sont pas des métiers comme les autres, et prof encore moins puisque vous formez (c'est un raccourci énorme) les générations qui vont nous succéder. Je vous raconte pas la responsabilité ! en plus en contact direct et quotidien avec nos enfants, que l'absurdité de notre monde fait que vous les voyez parfois plus longtemps que nous. Dans les banlieues, avec la délinquance et la violence des jeunes, ca prend une dimension particulière, et je ne vois pas comment on pourrait éviter de se parler.
Je reconnais que l'état d'esprit s'est un peu dégradé en ce qui concerne la façon dont on considère les profs, et c'est plus du au discours de ces dernières années (trop-de-fonctionnaires,ne-foutent-rien, sont surpayés...) destinés à nous faire accepter les privatisations rampantes. Avec le malaise sociétal, vous êtes en plus des boucs émissaires bien pratiques. Dans ma banlieue, les conseils d'écoles ressemblent à des pelotons d'exécution des profs : pas assez de sorties, pas assez de cela, trop de ceci, trop de cela, et si ca va pas, il faut changer d'instituteurs, ou alors de directeur, le tout exprimé de façon insultante. Ca m'a effaré, mais ca m'a paru aussi assez symptomatique de notre société, l'école est devenu un supermarché où on consomme. Surtout, les parents se situent dans le rapport de force et non pas en complémentarité.
Vous vous tromperiez lourdement en m'assimilant à ce type de parents. En pointant la position du "prof" je remet en question un problème bien français, dont je n'ai déjà que trop parlé, c'est l'esprit de "caste" en lien avec le statut. Prof parfois c'est vrai, certaines classes de fonctionnaires, certaines corporations sont trop crispées sur leur statut (je ne parle pas du statut de fonctionnaire), leur position, leur titre.
Je ne sais pas si c'est une réalité, ou si c'est lié, mais je voulais dire aussi que le monde enseignant semble crispé, avec une position sur la défensive, alors qu'à mon sens vous devriez être force de proposition. Quand tout se délite, cher PMB, c'est justement à ce moment là qu'il faut être présent et force de proposition, pour ne pas laisser tout l'espace aux autres.
Je rejoins totalement Erick (une fois n'est pas coutume ;-), et même encore une fois M. Marchenoir dans ses tous derniers paragraphes. Mais alors absolument pas dans la réduction des effectifs, en tout cas pas dans l'EN (peut être des réorganisations, mais globalement il manque toujours des postes). N'oublions pas non plus que sans être des paradis ultralibéraux, les pays scandinaves sont de tradition libérale bien que sociale, ou la notion de service public est tout autre. Là bas, les écoles ont autonomie de gestion, apparemment ca marche pas mal, mais je ne suis pas sur qu'en France ca puisse marcher.
Les pistes que je propose peuvent paraitre caricaturales, mais je ne suis pas assez bon sur les chiffres globaux pour faire des propositions générales. Mais on peut imaginer quelques économies consistantes avec les économies d'énergie (la plupart des édifices publics sont chauffés le week end...), le contrôle et le suivi des marchés publics et des appels d'offres (surestimés, surfacturés, dépassements), taxer les activités polluantes, encadrer les gros investissements (combien d'éléphants blancs en France ?) somptuaires... Personnellement, pour avoir bossé dans des administrations, je ne pense pas que globalement la marge de manoeuvre en cas d'optimisation des tâches dépasse une fourchette entre 10 et 20 % si on ne veut pas dégrader le service.
Pour finir, il y en a peu sur ce blog qui sont bien placés pour me reprendre sur mon ton "docte"...;-)
Rédigé par : eczistenz | 15 novembre 2006 à 10h24
Eczistenz,
Deviendrions-nous un exemple de commmunication ?!!!
Juste pour revenir sur quelques unes de vos observations.
Les parents : il devrait y avoir un ministère de l' Education Parentale pour leur (ré-)apprendre leurs responsabilités. Ne plus parler d' Education Nationale mais d' Enseignement National, pour remettre les choses à leur place.
Réduction des effectifs : je ne crois pas qu' il en soit question en ce qui concerne les enseignants; la question doit sans doute se poser à propos de la machine administrative qu' est l' EN, outre les économies de saine gestion que vous mentionnez. En tout état de cause, avant de redemander la sempiternelle augmentation des moyens, 1) attendre le résultat d' un audit global (moyens, méthodes, mission) et 2) s' accorder avec le corps enseignant sur le-dit résultat.
Autonomie : c' est bien ce qui figure dans les propositions ou projets de certains partis. Votre observation sur les chances de réussite de cette idée est juste, les partis en question n' étant pas précisemment de gauche.
Comme vous le suggérez, "rendre des comptes", surtout lorsqu' on parle de service public, ne relève pas de la sanction. C' est faire oeuvre de transparence pour que tous se comprennent.
Rédigé par : Erick | 15 novembre 2006 à 11h18
Dans un genre et sur des sujets différents, deux liens qui ne manquent pas d' un certain intérêt.
http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=965575
http://mamilitance.blog.lemonde.fr/
Rédigé par : Erick | 15 novembre 2006 à 11h48
HS
@ED
Il se passe une sérieuse actu du côté de Libé.
Ca vous inspire ?
Rédigé par : bégé | 15 novembre 2006 à 12h00
(Honte sur moi : je reviens malgré ma promesse ! Je suis pire que les deux LJ réunis ! (Vous savez, celui qui, en avril 2002, avait juré qu’il quittait la politique et celui qui, en septembre 2006, avait juré qu’il restait au Nouvel Obs !)
Pour (essayer de) contredire Monsieur Marchenoir, qui me décrit comme plus fermé et plus malsain qu’une huître d’Arcachon porteuse de la peste, je vais dire que :
- La réforme des 35 heures m’intéresse depuis longtemps. Même si elle est relancée par une personne en qui je n’ai aucune confiance (allez sur chez.com/bernardhanse1*.) Dans mon établissement (ça y est, tous aux abris, il va encore ramener la discussion a son cas personnel : quand je vous dis qu’il est irréformable !), j’ai toujours dit dans x réunions que si nous avions des locaux et du matériel, nous pourrions rester plus longtemps. Mais nos divers patrons ont toujours fait les handicapés auditifs, pour deux raisons au moins : 1/ ça coûterait bonbon, 2/ des profs qui se réunissent, qui discutent au lieu de filer leur cours fini, ce sont des gens qui peuvent le cas échéant proposer et s’opposer, avoir un avis sur la marche générale de l’établissement, avis qu’on ne tient surtout pas à avoir : charbonnier de directeur est maître chez soi.
- Vacances d’été plus courtes pour nous (et donc les élèves) ? (Je ne parle pas des autres, qui pour nous se passent souvent à rattraper le retard dans les corrections.) Tout à fait d’accord, avec un peu de chance (car d’aucuns pourraient en profiter pour recharger les programmes) ça permettrait aux élèves (enfin, ceux qui bossent) d’avoir des journées et des semaines plus décentes. Oui, mais il faudrait expliquer ça aux professionnels du tourisme. Bon, notre Réponsatou (merci Pierre Marcelle) s’en chargerait sûrement.
* Tiens, voilà un (sinistre) exemple de ce qui peut être pervers dans la volonté de privilégier l’écoute des enfants et des parents. Un innocent en est mort, et on attend toujours les excuses de la maldonne au sourire de pierre.
Rédigé par : PMB | 15 novembre 2006 à 12h25
eczistenz : "Je dois avouer une certaine déception à vous voir, PMB et Jean Dupont, comparer le métier de prof à celui de banquier, médecin".
Comme je l'ai déjà dit et contrairement à certains redresseurs de profs ici, je me garderai de vous donner des conseils. Je me bornerai à dire que la spécificité d'un métier n'a rien à voir avec le fait qu'on puisse ou non le critiquer de l'extérieur. Pour moi, encore une fois, c'est non. La Fontaine ne dit pas autre chose dans sa fable Le Meunier son fils et l'Âne.
PS J'ajoute qu'un médecin a un autre pouvoir, une autre responsabilité, encore plus directs (autre = supérieur).
Rédigé par : Jean Dupont | 15 novembre 2006 à 12h42
Problème avec le projet de Mme Royal : l'administration nous fait interdiction d'être seul avec un élève. Ces bureaux seront-ils paysagers ? Et alors, quid de la confidentialité de certains échanges ? Une élève, à la fin d’un cours où je soulignais le devoir de dénoncer un tort fait à soi ou aux autres (histoire d’aller contre la délétère omerta qui assimile tout dénonciateur d’actes interdits à un mouchard) est venue me parler du viol public de sa sœur. Je n’ai pu que lui dire qu’il était l’heure de sortir.
Rédigé par : Jean Dupont | 15 novembre 2006 à 13h34
Petite devinette: un borgne, un nabot et une pintade sont dans un bateau. La pintade tombe a l'eau. Qui c'est qui l'a poussee ?
Rédigé par : Rionsensemble | 15 novembre 2006 à 18h13
R. Marchenoir,
Je partage au moins une de vos idées : il faudrait obtenir la suppression de tous les les hauts conseils de ceci et de cela dont la seule fonction est d'engraisser les copains de ceux qui nous gouvernent.
Pourriez-vous chiffrer?
Erick,
Vous connaissez Marie-Danielle Pierrelée ? C'est votre maman ? J'espère que sa retraite se passe bien.
Rédigé par : Trésor de bienfaits | 15 novembre 2006 à 18h35
Jean Dupont, Médecin, banquier et garagiste appartiennent au secteur privé. Oui je sais la sécu pour le docteur. Et accessoirement, je ne vois pas pourquoi vous vous priveriez de suggérer, proposer ou de faire des remarques, à celui qui vous pique indûment des agios et des frais de ci de là, à l'autre de lui dire que vous n'êtes pas guéri, ou que vous allez voir ailleurs, et au troisième qu'il travaille comme un c..puisque votre embrayage ne marche toujours pas, ou que la fuite d'huile fuit toujours.
Or là, il est question pour le citoyen lambda de creuser la question de votre organisation, de vos méthodes, et de vos modes de fonctionnement pour trouver collectivement des pistes d'amélioration. Pas pour s'immiscer dans la pédagogie ou la psychologie différentielle, mais pour aider à sortir de l'immobilisme une machine où à tendre l'oreille, tout le monde a l'air "d'être mal".
Et à tout vous dire, la machine coûte "bonbon" et c'est sûrement normal, et on y contribue tous, donc on peut y réfléchir en citoyen, et essayez de sortir de l'ornière gouvernement (quel qu'il soit) contre syndicats enseignants. Et comme le dit Eczistenz, on vous confie, en plus de contribuer au fonctionnement de la machine, nos enfants, leurs formations et leurs avenirs.
Ca fait pas mal de motifs pour "suggérer, proposer, et faire des remarques".
Et force est de constater que pour l'instant sur ce fil, aucun des représentants de l'EN n'a encore détaillé sa journée de travail, sa charge, l'organisation de son temps. Nous engrangeons en revanche des réponses qui n'en sont pas, et des fins de non recevoir. Cela devient de plus en plus suspect.
Si les problèmes de l'école se résolvaient encore entre vos hiérarchies et vous, si vous débouchiez dans les problématiques aux quelles vous êtes confrontés et si le fort taux de syndicalisation était synonyme d'échanges, de dialogue et de résolution, même partielle, des difficultés de la profession et de l'exercice du métier, on se défenderait bien de vous poser des questions, ou de chercher à comprendre et à aider. Mais les néophytes et autres incultes de la chose éducative que nous sommes, constatons que vous n'avancez pas, que le gouvernement soit de gauche ou de droite, que les revendications syndicales sont anonées à l'infini, alors oui on voudrait comprendre, en posant des questions ce qui témoigne, me semble t-il, d'une attitude un peu moins borné et catégorique que le "y foutent rien", "y sont surpayés".
Vraiment bizarre ces résistances à parler de ce que l'on fait, du comment on bosse.
Rédigé par : Matéo | 15 novembre 2006 à 18h37
Le librairies sont pleines de livres de témoignages d'enseignants sur leur travail. Les journaux, les magazines aussi. J'invite chacun à les lire.
Je ne suggère, ne propose, ne conseille rien à banquier, médecin, garagiste. Mais si je ne suis pas content, j'en change.
Et je vous rappellerai que je ne suis pas le seul enseignant sur ce blogue. Sollicitez TDB et PMB, ce n'est pas parce que nous faisons le même métier que nous avons le même point de vue, le même vécu. Je vous rappelerai que nombre d'entre eux (les profs) ont témoigné sur le BBB, et certainement ailleurs dans la blogosphère. Vous nous demandez des efforts*, pourriez-vous accomplir celui-là et aller les lire ? Merci.
* Cette semaine, j'ai fait un cours de langue dans deux classes différentes.
1/ Pas de photocopie ni de manuel, je suis reparti d'un document précédent mais refait totalement par moi-même.
2/ J'ai fais deux cours différents selon le niveau de chaque classe.
Bon, ce n'est qu'un tout petit exemple. Et j'arrête, car j'ai cru voir que certains ici n'aimaient pas trop qu'on parle de soi.
Excusez cet égocentrisme.
Rédigé par : Jean Dupont | 15 novembre 2006 à 19h19
A la réflexion, je m’aperçois que les enseignants sont pratiquement les seuls à donner leur métier. Prétention ? Naïveté ?
Prétention, ça m’étonnerait, il y a longtemps que le prestige de cette fonction s’est perdu, il y a longtemps que nous n’occupons plus qu’une place médiocre sur l’échelle sociale (cadre B, ça dit bien ce que ça veut dire). Place dont d’ailleurs je me moque.
Va pour naïveté, car les seuls classements où nous arrivons premier sont celui de la jalousie (vacances et emploi garanti) et du mépris. Ce qui nous aide à tenir, c’est le regard de certains de nos élèves, et l’idée que ce que nous faisons, si c'est imparfait, n'est pas mal, et que nous pouvons mieux faire. Tant qu'il y a de la vie, etc.
Je crois que si je veux continuer à poster, ici et ailleurs, j’aurai intérêt à changer de pseudo.
Et j'aimerais bien changer de sujet. Un exemple : les textes destructeurs qui circulent sur les blogues d'ados. En voici un (extraits, heureusement). Trouvé sur un skyblog qui parle suicide, scarifications, anorexie et boulimie nerveuse "Mon nom est Boulimie Nerveuse, mais tu peux m'appeler Mia... Dans le passé, tu en as tellement entendu de la part de tes parents, de tes profs... Tu es si mature, si intelligente, tu as un tel potentiel.." Tout un discours qui commence dans le dénigrement des adultes de référence et la flatterie, puis qui bascule insensiblment dans l'humilation : "Je te forcerai à jeuner pendant trois jours. Et tu le feras car tu es à moi... les gens qui parlent de moi, oublie-les, oublie ceux qui veulent nous séparer..." Etc. Ce texte de mort, cette saloperie est trouvable en googlant "skyblog" et "boulimie nerveuse".
Voilà qui est bien plus grave que les chicayas des uns et des autres.
Rédigé par : Jean Dupont | 15 novembre 2006 à 19h43