On imagine la rage de Nicolas Sarkozy. Ce drogué de l'exposition médiatique glisse dans l'ombre. Caméras, micros et stylos sont aimantés par Ségolène Royal. Insupportable. Le président de l'UMP réplique par une manoeuvre stratégique digne des batailles de bac à sable. Tu me piques mes jouets de droite (sécurité) ? Je te chipe un jouet de gauche (sans-papiers) ! Les politologues appellent cela de la "triangulation": emprunter au camp adverse une de ses thématiques habituelles pour le déstabiliser et l'affaiblir.
C'est Bill Clinton qui inaugura cette stratégie en détournant à son profit certains chevaux de bataille de la droite américaine comme la sécurité ou la baisse d'impôts. La tactique suppose néanmoins d'être solidement installé à la tête de son camp politique. De ce point de vue, Sarkozy a plus de marge de manoeuvre que Royal. La socialiste la plus populaire a déjà été contrainte d'en rabattre sur plusieurs de ses audaces. Ses transgressions sont, à l'évidence, plus sincères et moins calculées que celles de son adversaire de droite. Mais elles se révèlent aussi plus bricolées et moins travaillées. Techniquement, l'avantage est au patron de l'UMP.
Drôle de vie politique dans la quelle les instituts de sondages ont pris littéralement tout pouvoir sur la capacité claire de juger un politique du moment que celui-ci plaît à la grande masse du peuple.
Faudra-t-il accepeter longtemps de se laisser dicter (presque) son vote futur par cette influence ?
Plus grand monde (parmi les fins observateurs politiques français) n'ose prendre le contre-pied de Madame Royal. Mr Eric Dupin est entièrement englouti par ce tapin de sondages et voit son coeur battre, battre, battre... pour Ségolène.
C'est bien votre droit. Je le respecte.
Pour avoir suivi le référendum français sur la traîté européen, je crains que la mécanique se renouvelle. Les électeurs voyant se faire dicter là leur choix futur...
Au diable la démocratie sondagière !
Rédigé par : Consciences en Bordel | 13 juin 2006 à 10h52
Dialogues intéressants à parcourir.
Une réaction : revenir au déluge d' une part et en sortant des énormités d' ignorance et de parti pris d' autre part ("la droite de 1940) est affligeant. Je reste poli.
Un commentaire : en admettant que les programmes ou les idées respectifs de NS et de SR ne soient finalement pas si éloignés, la vraie différence risque de se faire lors de leur mise en oeuvre. Je vois mal l' appoint de Bayrou contrebalancer l' hostilité de la gauche du PS et d' ailleurs vis à vis de Ségolène si celle-ci devait être élue.
Rédigé par : Erick | 13 juin 2006 à 10h55
@ Consciences en Bordel
Moi aussi, j’observe la même chose que l’année dernière, la montée de l’hystérie collective anti-TCE, cette fois en faveur de SR…
Au point d’oublier le programme du PS, les positions diamétralement opposées des différents courants du PS l’année dernière et la démagogie constante nécessaire pour maintenir un semblant de cohésion ! Sommes nous devenus totalement aveugles pour croire ne serait ce qu’un instant que cet échafaudage uniquement électoral puisse apporter à la France le choc nécessaire pour redresser la barre ?
Que peut-on attendre d’une personne seule liée à un parti qui n’a pas été fichu d’effectuer l’adaptation au monde réel à l’image des autres partis sociaux-démocrates européens ? Au mieux une soupe tiède à force de devoir composer constamment avec des acteurs totalement antagonistes.
Rédigé par : margit | 13 juin 2006 à 12h07