Hallucinante "une" que celle de "Libération" d'aujourd'hui. "Les mères et soeurs des jeunes des cités racontent leur quotidien de colères et de frustrations et expriment leur soutien aux émeutiers", peut-on y lire. Un record de clichés et de généralisations abusives en une seule phrase. Cette sentence définitive est illustrée par la photographie d'une femme et d'une jeune fille voilées jusqu'au cou. Islamiquement correct.
Les articles publiés en pages intérieures n'étayent guère cette thèse. Le premier, signé par Marie-Joëlle Gros, est une enquête plutôt confuse mettant en scène la "rage des cités déclinée au féminin". Mais le second, un reportage de Michel Hajdenberg à Pau, fait parler des mères qui refusent la violence et cherchent à en protéger leurs enfants ! Antoine de Gaudemar, directeur de rédaction de "Libé", lit distraitement son journal. Dans son éditorial, farci de poncifs, il écrit que "les mères et les filles de ce jeunes des cités", qu'on se le dise, "ne condamnent pas les incendiaires, seulement les agressions physiques". Et notre ancien militant maoïste, qui fut un temps faucheur révolutionnaire chez Fauchon, avant de pactiser avec l'establishment, de nous apprendre que cette "révolte des sauvageons" est "éminemment politique".
Ne vous inquiétez pas, Eric. Tout est parfaitement normal. En France, quand la réalité ne correspond pas à la théorie, c'est la réalité qui a tort. En particulier à gauche.
J'ai été comme vous étonné par cette une de Libé, qui dit le contraire de tous les reportages que j'ai lus jusqu'à présent: toutes les filles des banlieues dont j'ai lu les témoignages s'opposent aux violences.
Les statistiques vont dans le même sens: les filles réussissent mieux à l'école parce qu'elles travaillent plus, sont plus sérieuses, pensent plus à l'avenir, veulent s'en sortir, etc.
Mais Libé n'en est pas à une déformation près. Quand l'état d'urgence est décrété, le Daily Bobo Morning News titre "Villepin s'en va t'en guerre".
Peu importe qu'en réalité, la guerre ait été déclarée longtemps auparavant, dans la France entière, par des centaines d'émeutiers qui ont tiré au fusil de chasse sur la police, volontairement brûlé une handicapée et tué deux Blancs d'âge mûr à coups de poings.
Peu importe que des représentants du parti au pouvoir préviennent que le couvre-feu devra être appliqué avec mesure, et seulement avec l'accord des maires.
Peu importe que des policiers accusés d'avoir battu un jeune à terre aient été immédiatement suspendus.
Peu importe qu'à la suite de cet incident, Sarkozy -- oui, vous savez, ce néo-nazi qui électrocute les enfants et met le feu aux voitures -- ait appelé la population à porter plainte contre la police en cas de nouvelles bavures.
Peu importe qu'il ait appelé les policiers à mesurer le langage qu'ils utilisent avec les jeunes des banlieues.
Ce sont la "racaille" et le "Kärcher" qui tournent en boucle dans les médias.
On peut penser que Sarkozy a eu tort d'employer ces termes, même s'ils ont été coupés de leur contexte (voir la remarquable enquête de Daniel Schneidermann à ce sujet), même si le mot "racaille" ne visait que des lanceurs de projectiles sur un ministre.
Mais où avez-vous vu un titre sur ce double appel à la vertu policière, de la part du ministre de l'Intérieur?
Nulle part, en ce qui me concerne.
Et c'est dans un quotidien anglais, The Independant, qu'il faut chercher la une-choc (en français) qui résume le mieux la situation:
LIBERTE
EGALITE
FRATERNITE
REALITE
Pendant ce temps-là, Libération continue à faire des titres avec, au mieux, des jeux de mots à la con, et, au pire, de scandaleux travestissements dictés par l'idéologie.
Tout va bien.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 11 novembre 2005 à 16h21
Robert,
je trouve votre reflexion tout à fait pertinente.
"Peu importe qu'à la suite de cet incident, Sarkozy -- -- ait appelé la population à porter plainte contre la police en cas de nouvelles bavures."
Un contrôle de papiers, c'est 3 flics assermentés, qui attestent qu'il y a eu outrage à agent (insulte) si on porte plainte. Par le jeu des plaintes croisées, on sait que l'on va passer au tribunal quand ils auront au mieux un blâme.
"Peu importe qu'il ait appelé les policiers à mesurer le langage qu'ils utilisent avec les jeunes des banlieues"
Le tutoiement est quasi-systématique, peu contrôlable par la hiérarchie et instaure d'emblé une relation dominant-dominé irrespectueuse.
"Mais où avez-vous vu un titre sur ce double appel à la vertu policière, de la part du ministre de l'Intérieur?"
Ce double appel est donc une belle déclaration d'intention malheureusement peu applicable (à l'instar du vote des étrangers aux municipales qui est anticonstitutionnel).
Notons quand même à la décharge des policiers:
-qu'ils se font insulter (et qu'on leur demande d'être respectueux) (cf. les mots et l'attitude du voyou qui s'est fait gifler...)
-qu'une intervention (ou une interpellation) occasionne une poussée d'adrénaline et une tension qui font passer à l'as le vouvoiement.
Ce que l'on attend des policiers est qu'ils aient un contrôle "mécanique" d'eux mêmes, afin de les mettre au dessus de tout soupçon et de les rendre exemplaires.
Je pense qu'on peut établir un paralèlle d'illustration avec les médecins qui sont poursuivis de plus en plus souvent en cas d'erreur médicale.
Cela pose la question de l'obligation de moyen/ obligation de résultat et de la faillibilité de l'être humain...
Au demeurant, Libé est actuellement très criticable dans ses choix d'angles journalistiques, tombant parfois dans la contre vérité, la caricature et la réaction idéologique automatique.
Rédigé par : Séverin | 11 novembre 2005 à 17h35
"En France, quand la réalité ne correspond pas à la théorie, c'est la réalité qui a tort. En particulier à gauche." Robert Marchenoir.
Bien vu Rob. Le dogmatisme est une maladie de gauche, très répandue en France. A quand le vaccin ?
Rédigé par : blabla | 11 novembre 2005 à 17h49
"Les statistiques vont dans le même sens: les filles réussissent mieux à l'école parce qu'elles travaillent plus, sont plus sérieuses, pensent plus à l'avenir, veulent s'en sortir, etc."
Les filles des quartiers sont surtout moins dehors car leurs frangins incendiaires leur interdisent de sortir!
Et vous en conviendrez, on bosse plus à la maison que dehors à fumer des joints, surtout quand la quête de liberté et d'autonomie impose de "réussir".
Les garçons n'ont pas à lutter pour avoir la liberté d'aller et venir, il n'y a ni risque de sanction ni responsabilité recquise.
Les filles qui sortent sont des "putes/salopes" et "vont prendre une gifle si elle ne rentre pas".
Au passage, les garçons se rassurent à bon compte sur leur virile autorité...
Rédigé par : Séverin | 11 novembre 2005 à 18h28
"Le dogmatisme est une maladie de gauche, très répandue en France."
- La droite est assez bien dotée de ce côté, merci.
- Libé de gauche ? Vous dites ça pour rire, j'espère ? Vous allez trouver ça chez plusieurs journalistes ou chroniqueurs, mais pas à la tête, pas chez ceux qui prennent le thé chez le baron de R.!
Au fait, avec vous vu que le beau Serge n'a pas encore éditorialisé ? Est-il comme le Chirac : sonné* ? Rumine-t-il encore son édito raté de lendemain de cuite , non, de référendum ? Ou bien le reste de Libé, furieux que cet édito ait entraîné la plus belle vague de désabonnements depuis la grande marée du siècle, a-t-il barricadé son bureau avec les oeuvres complètes de Jean-Paul Sartre ? Qu'en pense notre hôte ?
* Et si une des raisons du mauvais moral de notre président tenait au fait qu'il sent approcher le jour où la porte d'un juge d'instruction s'ouvrira pour lui ?
Rédigé par : PMB | 11 novembre 2005 à 18h34
Et notrhôte pourrait-il dire quels sont les poncifs du pontife ?
Rédigé par : PMB | 11 novembre 2005 à 18h38
PMB, en France le dogmatisme est selon moi plus facile à trouver à gauche parce qu'il ya matière à dogmatisme dès lors qu'il y a idéologie. Or cette dernière imprègne les postures politiques de la gauche (le plus souvent de façon totalement fantasmée) plus qu'à droite où le conservatisme mâtiné le plus souvent d'un certain cynisme tient lieu d'idéologie. Quant au libéralisme, il est présent des deux côtés (pas aux extrêmes bien sûr) les différences ne tenant qu'au dégré d'interventionnisme étatique et de redistribution.
Rédigé par : blabla | 11 novembre 2005 à 19h04
Qu'attend le gouvernement pour annoncer un plan d'envergure qui impose à la police le respect de la population?
De nombreux témoignages montrent le caractère explosif des insultes et des humiliations infligées quotidiennement par certains policiers aux jeunes des banlieues, aux Noirs et aux arabes.
C'est insupportable, inadmissible et inutile. Cela ne fait que conforter ceux qui en sont la cible dans une attitude de victimes.
Le respect des justiciables n'est incompatible ni avec la fermeté ni avec la répression.
Réduire le chômage peut prendre des décennies. Intégrer les ghettos aussi.
Imposer des règles de comportement rigoureuses aux policiers, les former et les contrôler dans ce sens, cela peut donner des résultats visibles en six mois ou un an.
Ca ne coûte rien, ou presque.
Nous avons la chance d'avoir, globalement, une police exemplaire par rapport aux dérapages les plus graves: face à des insultes continuelles, des guet-apens, des jets de pierres (ou pire), des cocktails Molotov, des coups de fusil, les forces de l'ordre n'ont pas tiré. Pas un seul mort du côté des émeutiers.
A côté d'un tel sang-froid, imposer l'abandon des humiliations verbales ne devrait pas être un tâche insurmontable pour la hiérarchie, à condition qu'il y ait une volonté politique forte et relayée par les cadres.
Evidemment, le ministre de l'Intérieur a, par ses propres paroles, perdu pas mal de crédibilité en la matière. Est-ce irrattrapable?
En tous cas, le jeu en vaut la chandelle.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 11 novembre 2005 à 22h48
"Qu'attend le gouvernement pour annoncer un plan d'envergure qui impose à la police le respect de la population?"
Encore faut-il que le gouvernement est un minimum de respect pour la population, enfin celle qui ne fait pas partie de la haute société...
Rédigé par : Mathieu | 11 novembre 2005 à 23h28
Réformer la police fait partie effectivement des actions qui ne prendraient pas dix ans à payer. A condition de lui donner, comme aux gens des banlieues, de raisons d'être fière de ce qu'elle fait. Pas de mutations en banlieue vécues comme des sanctions mais comme des promotions, des primes de difficulté, de vrais moyens, la restauration de la police de proximité comme savent le faire les Canadiens ou les Anglais qui ne sont pas plus bêtes que nous.
Parce que faire d'elle le bouc émissaire de la cata actuelle avec la même méthode que pour les "parents démissionnaires", c'est facile.
Rédigé par : PMB | 12 novembre 2005 à 00h59
Ce qui est dit quant à la police me parait juste, et je pense que l'on ne peut réduire ces émeutes à un seul des facteurs qui ont pourri la situation.
Je pense également que ce n'est pas rendre service aux gamins de les rendre irresponsables de ceux qu'ils ont fait.
A ne pas responsabiliser, à excuser, on décourage aussi à croire en la maitrise de sa propre vie (si l'on est pas responsable...), ce qui nourrit aussi le désespoir.
Il ne faut ni victimiser ni rejetter les ados dont on parle, c'est du cas par cas.
Reste aussi à s'attaquer aux petites structures mafieuses qui imposent leurs lois dans les cités (et qui n'ont malgré tout pas du aimer cette présence policière).
Rédigé par : Séverin | 12 novembre 2005 à 02h00
blabla said : en France le dogmatisme est selon moi plus facile à trouver à gauche parce qu'il ya matière à dogmatisme dès lors qu'il y a idéologie
hum... et bien sur, la droite n'a pas d'idéologie, c'est bien connue... le libéralisme économique, c'est comme la gravité, c'est un principe universel et naturel, pas une idéologie. Bon, des sociétés on pu vivre des millénaires sans, mais c'est pas grave, après tout ils pensaient que la terre était plate.
Sans blague, la droite fait autant d'idéologie qu'à gauche, seulement, elle défend l'idéologie dominante, alors c'est moins visible...
Rédigé par : titou31 | 12 novembre 2005 à 11h49
Sur le dogmatisme de gauche dénoncé par Blabla, j’avais répondu en parlant du dogmatisme de droite. Il m’avait (bien) répondu, mais ma réponse à sa réponse ne m’avait pas satisfait. Alors, j’ai d’abord ouvert mon dico, qui définit le dogme comme "point fondamental d’un doctrine qu’il n’est pas permis de mettre en doute".
Et j’en ai trouvé un : le Marché. Ce monstre anonyme, ce golem créateur de beaucoup de richesse pour peu et de peu de richesse pour beaucoup (regardez l’écart mondial des revenus ou les working poors en Angleterre). Et on ne peut rien dire parce que c’est La Loi du marché…
Ben, désolé, le dogme est un concept de religion (voir note "Une bonne nouvelle" dans le blogue de Riché), soit un truc génial pour embrigader les gens sans qu'ils contestent.
Séverin parle justement des structures mafieuses à détruire. C'est vrai. Mais ces structures qui dégagent un argent mal acquis font vivre des familles qui sans ça n'ont rien, et alimentent un commerce lui parfaitement légal, qui lui même fait vivre, etc.
Donc, virer ces mafias sans permettre aux populations de banlieue de vivre décemment, ça ne résoudra rien, bien au contraire.
Rédigé par : PMB | 12 novembre 2005 à 11h55
Terrifiante réaction d'"idiots utiles". On croirait que l'équipe de Libération s'applique à se comporter en fonction de l'image que se fait d'elle l'équipe de National-Hebdo. :(((((
Rédigé par : NkM | 12 novembre 2005 à 12h46
"Le Marché. Ce monstre anonyme, ce golem créateur de beaucoup de richesse pour peu et de peu de richesse pour beaucoup." (PMB)
On emploie beaucoup de termes à mauvais escient dans ce débat. Il est important de se mettre d'accord sur ce dont on parle.
Marché, capitalisme, capitalisme financier, mondialisation, libéralisme, ultra-libéralisme, profit, rentabilité, gestion, tout ces mots sont souvent employés comme des synonymes. Or ils désignent des concepts très différents.
Etre contre le marché, c'est être contre le commerce. Autrement dit, c'est appeler de ses voeux soit une société communiste type Union soviétique où toute la production et les prix sont décidés par l'Etat, soit une société agraire d'autosubsistance.
Personne ne peut sérieusement souhaiter cela.
Etre contre le capitalisme? Pourquoi pas? Ca peut se défendre. Mais sachez alors que vous devrez renoncer à prendre l'avion pour partir en vacances, renoncer à manger de la viande tous les jours, renoncer à la voiture, aux échographies pendant la grossesse, aux DVD, à Internet... Sauf si vous faites partie des 0,1% plus riches de la population. Etes-vous prêt à cela?
Ce qui est néfaste, c'est la combinaison du capitalisme, de la Bourse, de la mondialisation, du libéralisme, et du pouvoir excessif détenu par les actionnaires au détriment des autres agents économiques.
Pris séparément, chacun de ces éléments, sauf le dernier, sont bénéfiques et producteurs de richesses pour l'ensemble des populations.
De façon générale, d'ailleurs, on a toujours constaté au cours de l'histoire que le commerce (c'est à dire le marché) augmentait la prospérité d'un peuple. Croire qu'on pourrait combattre la pauvreté sans augmenter la richesse globale est une illusion quasi-religieuse.
Aujourd'hui, les pays qui sont en train de sortir de la pauvreté sont massivement favorables au capitalisme et au marché. Peut-être ont-ils tous tort, mais il va falloir travailler dur pour les en convaincre...
Par ailleurs, les grands économistes qui ont théorisé le libéralisme il y a plus d'un siècle n'ont pas du tout exclu l'intervention de l'Etat, bien au contraire.
Le problème ne peut donc se réduire à une bataille de slogans.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 12 novembre 2005 à 12h59
D'accord avec Robert qui selon moi illustre très bien ce en quoi le réalisme dont tous (droite et gauche) font preuve à l'égard du marché ne peut se comparer à l'utopie qui consiste à croire ou prétendre qu'on peut s'en passer et fonder une société totalement équitable, sur le plan politique et économique sans recours à l'augmentation par le marché des richesses. On peut le regretter, on peut vouloir maintenir les utopies en ce qu'elles définissent les directions à emprunter, mais on ne peut pas être aveugle au point d'y croire.
Sur les violences policières (verbales ou comportementales), il me semble qu'il y ait là un point crucial de la crise actuelle et que cela soit le reflet plus vaste d'un malaise de la société française toute entière. Le non respect trop souvent constaté de la différence dans le domaine des idées, l'agressivité souvent manifestée, associé à la suffisance ou à l'orgueil si souvent décrié par les étrangers, me semble être un travers typique de nos concitoyens : tout ceci renvoit au messianisme (républicain) dont chaque français se sent investit et qui le caractérise, je trouve. Les policiers n'y échappent sans doute pas,quand ils devraient simplement rappeler et faire appliquer la loi. Il semble qu'ils veuillent aussi être des censeurs, des juges, des moralistes... avec tout le danger de dérapage que cela comporte surtout pour qui peut avoir de la difficulté à manier les concepts. Cette maladie est à mon sens très répandue chez les fonctionnaires en général, d'ailleurs.
Deuxième aspect du problème, moins fumeux peut- être, la France comte un des nombres les plus élevé par habitant de policiers. Pourquoi ne pas en avoir moins, de mieux les former et les payer, et de plus les intégrer à la population ? Je me rappelle avoir vu dans des reportages allemands et américains, les techniques d'entraînement aux situations de crise qui expliquaient comment rester zen, courtois et dans le cadre de sa profession (rappel et respect de la loi). Cela m'avait laisser tout songeur.
Rédigé par : blabla | 12 novembre 2005 à 13h42
"Ce qui est néfaste, c'est la combinaison du capitalisme, de la Bourse, de la mondialisation, du libéralisme, et du pouvoir excessif détenu par les actionnaires au détriment des autres agents économiques."
La bourse, c'est la partie tangible du marché, le point de rencontre de l'offre et de la demande (donc nous).
La mondialisation, c'est le dévelopement des échanges, ce que nous avons toujours fait (les foires, les colonies, les comptoirs etc...)
Le dogme criticable du libéralisme (qui peut être économique ou social comme en Hollande ou l'individu est très libre) est qu'il table sur une rationnalité pure de l'individu (seul moyen de faire en sorte que les interets individuels mènent à l'intérêt collectif, dans le cadre imposé par la loi).
Les 5 conditions de la Concurrence Pure et Parfaite sont exactement ce que chaque entreprise et chacun tentent de mettre à mal en travaillant: donner une raison à l'autre de choisir ses produits/services etc..., donner un avantage compétitif à son gamin dans la course de la vie (qui refuserait de l'aide à son gamin quand il a des difficultés scolaires sous pretexte qu'il est juste NATURELLEMENT moins apte que d'autres?).
Le problème est qu'effectivement, les actionnaires ont une vision à court terme du retour sur investissement, à l'instar des armateurs des premières Compagnies Des Indes qui financaient une expédition et se partageaient le butin au retour des vaissaux.
Le chômage est entre autre lié à un manque de lisibilité de l'économie à court-moyen terme. Le seul moyen de lutter vraiment contre le chômage est d'avoir une politique durable d'investissement des entreprises.
Or on constate que la part allouée aux actionnaires dans la richesse créée par les entreprises à beaucoup augmentée (au détriment des salariés et du réinvestissement) ce qui peut même mettre entre parenthèse la croissance de certaines boites.
L'exigence d' R.o.I de 15% ne correspond pas à ce qu'il est raisonnable d'exiger et peut même amener à tuer la "poule aux oeufs d'or".( ex: Michlin à un Return on Investment de 10 % en 2000 et vire 2000 salariés pour pouvoir donner une ROI de 12% à ses actionnaires peu de temps après).
Comment faire quand le néo-libéralisme tire un trait sur certains principes essentiels du libéralisme:
-le réinvestissement de la richesse excédentaire créée par une activité, pour la faire fructifier à nouveau et ne pas gaspiller (cf. les "vieux" travaux de Max Weber sur le capitalisme et l'éthique protestante).
-la place à donner à l'ouvrier dans la redistribution de cette richesse (reflexion présente dans l'oeuvre de Smith et visiblement peu considérée par nos néo-libéraux).
Le libéralisme a porté un enrichissement du monde sans égal pendant 3 siècles.
Mais l'attitude prédatrice et spéculative des investisseurs financiers d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec celle des grands bourgeois qui investissaient directement et physiquement leur fortune dans l'entreprise qu'ils dirigeaient.
Le libéralisme marche sur la tête, le moteur à l'envers, l'entreprise cherchant la durée et les actionnaires/investisseurs l'immédiateté...
C'est là que l'on est en droit d'attendre une action politique, pour remettre un peu de raison là dedans!
Rédigé par : Séverin | 12 novembre 2005 à 16h18
Mais l'idéologie libérale est une belle utopie, celle d'une réussite liée au mérite (sans biais de quelque nature) et donc d'un déterminisme naturel (la nature nous dotant inégalement).
Et à l'instar du communisme qui prone une solidarité à tous crins sans tenir compte du penchant de chacun à penser à lui d'abord, le libéralisme oublie un aspect de l'Homme en tablant sur une rationnalité pure.
Pour que cela puisse marcher, il faut que tous les gamins partent sans différences affectives, dans le même milieu, avec le même enseignement, sans héritages se quelque nature (cf Bourdieu) etc... il n'y a que comme ca qu'on peut avoir une réussite juste et liée au mérite intrinsèque.
Et ces conditions là ne sont pas humaines!
Il y a donc une voie intermédiaire à trouver, et il me semble que l'on ne peut pas laisser des idéologues gouverner.
Rédigé par : Séverin | 12 novembre 2005 à 16h35
Réaction aux posts de Robert Marchenoir et Blabla.
Je ne me donnerai pas le ridicule, avec mes deux pauvres lignes schématiques sur « Le Marché, ce golem », de contrer en totalité deux contributions plus longues et argumentées. Surtout moi qui, étant fonctionnaire, ai donc la maladie – n’est-ce pas Blabla – de mal manier les concepts.
Je ne pourrai donc, que pinailler sur tel ou tel point, avec tout ce que cela peut comporter de réducteur.
(Tout en acceptant une part non négligeable de ces analyses. Fonder une société totalement équitable est effectivement une utopie, et j’ai passé l’âge des utopies. Mais un peu moins inéquitable, on peut – enfin, si on veut. Le respect de la différence me va, je crois le montrer sur les blogues où je poste)
RM : « éléments (…) bénéfiques et producteurs de richesses pour l'ensemble des populations ». Qu’appelez-vous ensemble ? Vous parlez de « peuples » après. Qui, exactement, dans ces populations ?
Êtes vous bien sûr que votre raisonnement, imparable pour la globalité, cache qu’en fait c’est du pâté d’alouette : un alouette maigre (dixit la chanson) pour l’ouvrier et un cheval pour le patron (désolé de ressortir cette distinction vieillotte, surtout qu’il n’y a plus guère d’ouvriers) ? Et comment expliquez vous qu’on voie de plus en plus de pauvres ? Que, dans mon enfance de petit paysan, il y a deux choses que je ne voyais jamais alors que maintenant…, c’est les hérons et les mendiants ?
Blabla : « …l'utopie qui consiste à croire ou prétendre qu'on peut s'en passer et fonder une société totalement équitable, sur le plan politique et économique sans recours à l'augmentation par le marché des richesses. » Mais je n’ai pas cette utopie, et ne demande pas mieux que « le marché des richesses augmente » ! Sauf que les gens qu’on vire pour que les actions de Michelin montent, vous en faites quoi ?
Je ne suis pas bon en économie, merci à Blabla de le rappeler au fonctionnaire que je suis ; mais je suis assez bon pour voir tout près de moi ces mômes surdiplômés que Saint Marché ne peut, désolé mesdames, mesdemoiselles, messieurs, recevoir en son paradis. Bah, pas grave, ils seront tous Zidane ou gagnants de la Star Ac’.
Quant aux policiers qui « devraient simplement rappeler et faire appliquer la loi. », vous allez voir, Blabla, qu’on va être d’accord : je rêve qu’ils aillent un jour à l’Elysée, chercher le locataire pour aller chez un juge d’instruction. Démagogie ? Si oui, expliquez-moi pourquoi ce qui est interdit à l’un (voler) est permis à l’autre. J’aime beaucoup les explications.
Quant à « les fonctionnaires en général » Là, je le sens mal, vu que je n’aime pas trop les généralisations (même si on peut en trouver dans ma prose quand je me relis mal). On ne trouve pas plus pas moins chez eux de gens bornés, incompétents, inutiles, que dans le reste de la population active. Le discours anti-fonctionnaire est un grand classique du libéralisme extrémiste d’aujourd’hui. Mrs Thatcher le tenait déjà pour réduire le nombre de contrôles vétérinaires, origine indirecte de la maladie de la vache folle. Bah, cette maladie n’a fait qu’une ou deux centaines de morts, les paysans qui ont dû abattre leur cheptel (demandez-leur ce que ça leur a fait) ont été indemnisés, et elle a généré un tas de profits annexes chez des gens qui présentaient l’avantage de n’être pas fonctionnaires. Mon dieu, comme la vie serait belle sans ces parasites ! Les censeurs, les juges et les moralistes, dégagez, faites place à Bernard Tapie, à Ardisson et à Batailléfontaine.
Rédigé par : PMB | 12 novembre 2005 à 17h02
Merci Séverin, je crois que votre "contre" est plus pertinent (et moins amer) que le mien.
Quelque chose me dit que vous n'êtes pas fonctionnaire !
Rédigé par : PMB | 12 novembre 2005 à 17h05
:) non PMB, je ne suis pas fonctionnaire, je travaille pour "l'ennemi", la banque (ohhh l'horrible ;)).
Les fonctionnaires sont une des forces de ce pays, qui en font la 5eme puissance économique mondiale, grace, notamment, à l'éducation (donc aux professeurs), aux infrastrucures (uniquement financable par des politiques publiques de longue haleine), à la sécurité et aux soins médicaux.
Alors OK, tout n'est pas parfait, on a plus de fonctionnaires au ministère des anciens combattants que d'anciens combattants, et il y a des choses à revoir.
Mais des salariés instruits, en bonne santé, qui peuvent venir bosser en transport ou sur route,en relative sécurité, ca compte énormément pour choisir dans quel pays on va créer des emplois...
Alors à tous les tenants du retrait de l'Etat, pesez bien le pour et le contre dans la compétition mondiale (qui est l'un des ppx arguments, en raison de la pression fiscale française liée aux dépenses de l'Etat).
Rédigé par : Séverin | 12 novembre 2005 à 18h50
PMB: qu'est-ce que j'entends par "l'ensemble des populations"? Eh bien, exactement cela: l'ensemble des populations. Tout le monde, quoi.
Est-ce que je veux dire qu'il n'y aurait plus de riches ni de pauvres? Bien sûr que non. Ce ne serait pas souhaitable, d'ailleurs. Qu'est-ce qu'on s'emmerderait! Vous imaginez des pauvres qui n'auraient plus l'espoir de devenir riches? Autant se flinguer tout de suite...
Encore une fois, ça a existé, ça s'appelait l'Union soviétique. Quand on décrète l'égalité absolue, d'abord on nivelle par le bas, et puis on crée des passe-droits. Il y a toujours des privilégiés, mais c'est plus hypocrite et plus verrouillé.
L'homme a horreur de l'égalité. Je veux dire: en réalité. En paroles, en fantasmes, en idéologie, c'est autre chose...
Le mot "égalité" de la devise nationale, ça veut dire quelque chose de très précis: il n'y aura plus de noblesse héréditaire. Il n'y aura plus de castes dont on ne peut sortir. Ca n'a jamais voulu dire que tout le monde serait pareil, aurait les mêmes revenus, la même maison...
En France, on accorde beaucoup trop d'importance à l'égalité, et pas assez à la liberté. Résultat: on a beaucoup d'inégalités, et fort peu de liberté.
Tenez, un exemple dans l'actualité récente. Tous les Français sont égaux devant la religion. Sauf les musulmans, qui sont nettement moins égaux que les autres. Par exemple, un Français niçois, qui habite en centre-ville, est libre d'aller à l'église de son quartier. Un Français niçois, qui habite en centre-ville, est libre d'aller à la mosquée de son choix. A condition qu'elle se trouve très loin de la ville.
Le maire de Nice vient en effet de refuser la construction d'une mosquée en centre-ville. Non qu'il n'y ait pas de musulmans en centre-ville: il y en a beaucoup. C'est même pour ça qu'ils réclament une vraie mosquée, au lieu d'être obligés de prier sur le trottoir.
Mais les commerçants trouvent que ça poserait des problèmes de stationnement. C'est vrai, ça. Si les bougnoules se mettaient à nous piquer nos places de parking, où irait-on?
Le maire ne s'embarrasse pas de pareils mensonges: s'il refuse que la mosquée soit à côté des musulmans, c'est que cela aurait un fâcheux côté "communautariste".
Et le "communautarisme", comme chacun sait, c'est l'horreur sociale.
Quand on met l'église à côté des catholiques, en revanche, ce n'est pas du "communautarisme". C'est de la laïcité républicaine.
Le maire cite même les émeutes des banlieues comme motif de sa décision.
Il existe donc un type, en France, qui a fait des études, et qui pense que quand 10% de la population crame 10 000 bagnoles parce qu'elle s'estime reléguée dans des ghettos, le meilleur moyen de lui manifester le respect de la nation est de l'envoyer prier dans un terrain vague à perpète.
Ce type est UMP, mais ça n'a aucune importance. Le maire d'Evry, qui est PS, avait bien, il y a quelque temps, écrit une lettre d'une arrogance inouïe à un commerçant de sa commune, pour l'obliger à vendre du porc et de l'alcool. Etant musulman, il ne voulait pas. Le maire a fait ce qu'il fallait pour que le magasin ferme.
Là aussi, c'était pour éviter l'épouvantable "communautarisme".
Je commence à penser que, quand on s'affirme anti-communautariste, en France, c'est tout simplement une façon politiquement correcte de se dire raciste.
Il faut relire les déclarations que Manuel Valls (c'est de lui qu'il s'agit) avait faites à la presse, à l'époque. Non seulement elles suintent de mépris à l'égard de ce petit commerçant qui était un peu trop arabe, mais en plus il se moque ouvertement du monde en lui mettant sur le dos des infractions à l'hygiène, au code du travail et j'en passe.
Son seul tort, en réalité, était d'avoir voulu faire un Franprix halal.
Donc, chez nous, un maire peut se transformer en chef de rayon d'une supérette de quartier, et si la patron du magasin n'est pas content, le maire peut le mettre en faillite.
C'est du communisme dictatorial à l'état pur.
Dans n'importe quel autre pays normal, où le libéralisme économique est considéré comme un moteur social et non comme une abomination, un tel comportement aurait paru scandaleux.
Tandis que chez nous, cela a donné lieu à de savants débats: êtes-vous pour? contre? ne sait pas?
Si on lit cet épisode en se cantonnant aux faits et en oubliant les paravents idéologiques, on constate qu'un élu soi-disant de gauche a délibérément mis au chômage un "issu de l'immigration" et sa famille, prétendument pour des raisons religieuses, et en réalité par racisme.
Et on s'étonne que les banlieues brûlent.
Ce long détour pour démontrer, une fois de plus, que si les arabes et les Noirs sont au chômage, en France, ce n'est pas parce qu'il y a trop de libéralisme économique chez nous. C'est parce qu'il n'y en a pas assez.
Ah! Encore une chose. Le préfet des Alpes-Maritimes s'oppose à la décision "anti-communautariste" du maire de Nice. Il pense, lui, que quand on construit une mosquée, c'est plus malin de la mettre là où habitent les musulmans.
Et, sans doute, que lorsqu'on est tellement proche de la guerre civile que l'état d'urgence est déclaré, humilier encore davantage une communauté insultée tous les jours est un acte de fou dangereux.
On remarquera que le responsable hiérachique du préfet est le ministre de l'Intérieur. Qui est... rappelez-moi son nom, déjà... Nicolas Sarkozy.
Vous savez, le néo-nazi qui électrocute des enfants et brûle les voitures.
Comme quoi, dans un monde qui change à toute allure, il est urgent de se débarrasser des oeillères idéologiques habituelles.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 13 novembre 2005 à 01h10
Petit rectificatif à mon commentaire précédent.
J'ai écrit "Un élu soi-disant de gauche a délibérément mis au chômage un 'issu de l'immigration' et sa famille, prétendument pour des raisons religieuses, et en réalité par racisme".
Je voulais dire "prétendument pour des raisons d'égalité républicaine, et en réalité par racisme".
Rédigé par : Robert Marchenoir | 13 novembre 2005 à 01h26
Robert,
Vous accusez injustement Manuel Valls de "racisme", ce qui est grave. Un maire est tout de même en droit de s'inquiéter que le principal commerce d'un quartier (il ne s'agissait pas d'une petite épicerie) devienne halal. De quoi renforcer les ségrégations que l'on condamne par ailleurs. Le "commercant" dont vous parlez poursuivait d'ailleurs une stratégie communautaro-religieuse à peine dissimulée.
Rédigé par : Eric Dupin | 13 novembre 2005 à 09h35
Merci, Robert Marchenoir. Je savais que Manuel Valls avait des vues originales concernant la laicité, mais, n'ayant pas lu son livre, j'ignorais que ses vues se traduisaient par les faits que vous nous décrivez. Je ne parlerais cependant pas de racisme, car en le faisant vous faites à Valls un procès d'intention.
Il y a, me semble t il en France, une peur de l'expression publique de la foi religieuse que l'on appelle "anti-communautarisme" ou "laicite" et qui est présente dans tous les partis (mais sans doute un peu plus au PS). On veut bien de mosquées, mais pas trop visibles, et loin des centres villes. Ce qui est vrai pour les mosquées, est également vrai pour les églises évangéliques. Et lorsque l'on veut tuer un projet, on utilise la commission d'hygiène et de sécurité, car il s’agit de lieux publics. Pourtant, a-t-on jamais vu des victimes dans l’incendie d’une église ou d’une mosquée, alors que cela est arrivé pour tous les autres lieux publics : magasins, collèges, boites de nuit, complexes sportifs.
Sarko essaie de modifier cet état de fait, et de nous faire réfléchir à ce problème typiquement français. C’est, en autre, l’objet de son livre.
PS
Je viens de lire les précisions donné par Eric concernant le Franprix d'Evry.
Rédigé par : Michel | 13 novembre 2005 à 09h44
Intéressantes ces réactions, elles illustrent bien en partie ce que j'essayais de montrer (mal sans doute).
Dès qu'on parle de société en France, on sort sa déclaration des droits de l'homme, on invoque les Lumières, Jaurès, ou qui vous voudrez. On crie à l'amalgame au nom d'idéologie qui, elles, ne font pas d'amalgame, mais énoncent des principes universels. Appréciez la nuance. Ah l'universalisme à la française...
Or donc, la loi sur le voile par exemple est dans les faits appliquée par les poviseurs, qui auront donc pour tâche d'expliquer la loi aux parents mécontents. Cela exige une réelle capacité à manier les concepts, PMB. Est-ce à eux que doit incomber une telle tâche ? Dans mon post j'évoquais la difficulté à faire cela pour un policier lambda, et le fait que ce n'était pas à lui de le faire. Ce n'est pas vrai ? Quant aux fonctionnaires en général il s'agit d'une généralisation. Ou bien on n'en fait jamais, car c'est criticable, c'est vrai, ou bien on en fait pour mettre en lumières certains symptomes, c'est mon propos. Exemple : les profs français par exemple ne sont pas pour la plupart des profs de math ou d'histoire qui doivent apprendre ces matières au élèves. Non, ce sont des gens en mission pour la République qui forment les futurs citoyens. Je ne caricature pas (un peu quand même)et veux juste insister sur la démarche d'un fonctionnaire (en général) qui avant d'offrir un service au public, se sent investit d'un rôle pour la République, une mission. Cela donne des comportements souvent insupportables, du genre vous arrivez une minute avant la fermeture à la Poste et vous vous entendez dire que les lois sociales votées il ya plus d'un siècle ne sauraient être menacées par le libéral que vous êtes. Je caricature encore ? A peine,et répète mon propos. Quand on se replie sur son identité (en l'occurence républicaine) et qu'on s'insrit dans une logique du du, cela commence à sentir mauvais, surtout pour ceux qui n'en on jamais vu la couleur, de ce qui ce du.
Séverin, explication lumineuse. Le libéralisme est à réformer, bien sûr, vous le montrez bien. Réformer donc, pas abandonner, ce qui est un fantasme de plus en plus entendu.
Rédigé par : blabla | 13 novembre 2005 à 11h43
Robert, je viens de voir Valls à la télévision invité chez El-Kabbach qui expliquait qu'il était né en Espagne, était fls de parents espagnols et par la suite naturalisé français. On lui a, disait-il, " appris à devenir français". Et aujourd'hui, maire d'Evry, il écrit un livre sur la laïcité, à la française bien sûr. Une fore de conversion en somme.
Rédigé par : blabla | 13 novembre 2005 à 12h17
Robert,
"L'homme a horreur de l'égalité. Je veux dire: en réalité. En paroles, en fantasmes, en idéologie, c'est autre chose..."
cela est très juste, Tocqueville (que nos leaders intellectuels feraient bien de relire à bien des égards...) en parlait il y a plus d'un siècle, lorsqu'il avait écrit sur la démocratie américaine, auquel les démocraties occidentales donnent un écho troublant.
Votre rappel concernant l'origine de "l'égalité" Républicaine, pour la suppression des avantages héréditaires m'inspire ceci:
L'hérédité, de nos jours, existe relativement, et réside dans un tas d'éléments dont l'un des plus déterminant est le niveau d'instruction/qualification.
Il y a donc une nécessaire réforme de l'école à faire et il faut revenir sur les mesures "égalitaristes" (la même chose pour tout le monde, indépendament des difficultés spécifiques...), qui génèrent des inégalités ( :) je rappelerais encore Bourdieu pour son travail sur la reproduction sociale...).
Pour résumer, l'égalité à l'école ne doit pas résider dans les moyens mis en oeuvre mais dans le résultat.
Valls le dit aussi (et il se dit prêt à affronter les syndicats de l'éducation, pour dire!!!) et il n'est pas à droite.
Et nos "dons" naturels s'exprimeront quand même et nous départegerons toujours à la fin, une fois sur le marché du travail.
Rédigé par : Séverin | 13 novembre 2005 à 18h37
Valls peut affronter les syndicats de l'éducation, car comme je l'ai déjà écris: "Avec la reforme Fillon, les syndicats enseignant se sont décrédibilisés auprès des parents, et auprès des professeurs (car les jours de grèves n'ont pas été payés). La FSU n'est plus qu'un tigre de papier."
PMB n'a même pas réagit.
Rédigé par : Michel | 13 novembre 2005 à 18h57
RM,
"Ce long détour pour démontrer, une fois de plus, que si les arabes et les Noirs sont au chômage, en France, ce n'est pas parce qu'il y a trop de libéralisme économique chez nous. C'est parce qu'il n'y en a pas assez."
Ce n'est pas parce que votre exemple est un constat d'un interventionnisme raté que l'on peut affirmer qu'il n'y a pas assez de libéralisme.
Si vous prenez l'exemple des brevets Gemplus, c'est exactement le contraire!
L'Etat n'a rien fait en il y a 2 ans et maintenant, les royalties d'une technologie de pointe (la carte à puce) sont intégralement captées par les USA.
Le fond de pension concerné a capté juste ce qu'il fallait de sièges au conseil d'administration (majorité très relative) pour être majoritaire en droits de votes, autorisant l'achat des brevets par une société écran implantée à Gibraltar, puis immédiatement rapatriés au USA.
Cela n'est pas imaginable aux USA qui ont une législation très protectionniste et interventionniste!
Je vous invite par ailleurs à vous interesser à l'organisation privée/public là bas, la NSA, la CIA, le réseau satellitaire Echelon et l'industrie travaillent ensemble (développement d'armes, de logiciels, d'avions (cf. l'affaire Boeing), stratégies d'acquisitions des technologies concurrentes, voire espionnage parfois).
C'est bien la preuve qu'on peut considérer que l'intervention de l'Etat est nécessaire dans l'économie (cf. tentative d'OPA de PEPSICO sur Danone cet été, suivie d'une levée de boucliers de notre classe politique).
Bon point pour la droite, c'est elle qui a créé le poste de Haut Respnsable à l'Intelligence Economique (poste occupé par Alain Juillet), rattaché du Secrétariat Général à la Défense Nationale.
La France est socialement interventionniste (d'où la pression fiscale) mais économiquement très libérale (et peut être aussi en retard d'analyse et de compréhension sur le monde autour d'elle...).
Se pourrait-il alors que qu'il ne faille pas moins d'Etat mais "mieux" d'Etat?
Rédigé par : Séverin | 13 novembre 2005 à 19h41
PMB n'a pas réagi car :
- Il était en vadrouille tout ce dimanche.
- Il n'a pas le temps et la maitrise des éléments du "dossier" pour réagir. Il aurait aimé, par exemple, réagir aux posts de RM sur riches-pauvres, etc. Mais Séverin le fait très bien, donc, no problemo et bonsoir à tous, j'ai mes cours à préparer.
PS. M..., v'là qu' j' suis comme Alain Delon : je parle de moi à la troisième personne ! C'est grave, Docteur ?
Rédigé par : PMB | 13 novembre 2005 à 20h13
Sur le "plus de libéralisme", quelle est votre conception de ce qu'il faut faire de ceux qui ont une situation, structurellement précaire ou pire, qui sont structurellement inadaptés au marché du travail?
Comment concilier protection et précarité?
Si la liquidité du marché du travail permet de contrebalancer un peu la précarité (on est pas sur de garder son travail mais on est quasi sûr d'en retrouver un vite, à l'instar des pays anglo-saxons), la précarité et les bas salaires excluent du logement (pas de caution, pas d'appart'), excluent de la propriété (pas de CDI, pas de prêt sur 15 ans...).
La GB connait une croissance supérieure à la nôtre( comme au USA).
Cependant, l'endettement de l'Etat US est équivalent à notre taux d'endettement (entre 60% et 65% du PIB annuel), ce qui signifie que ceux qui veulent importer les solutions d'outr-atlantique sous pretexte que "la France vit au-dessus de ses moyens" ( ce qui est vrai par ailleurs) sont des hypocrites.
En GB, la relance est en grande partie dû à la vigueur de la consommation, vigueur qui doit autant au réformisme de Blair qu'au recours à l'endettement individuel (ou du moins à l'absence de constitution d'épargne).
Aux USA, l'épargne manque tellement que les USA émettent des emprunts obligataires détenus très majoritairement en Asie (Chine, Japon
Corée...) et non pas par ses citoyens (quid de l'indépendance du pays?).
Au niveau micro économique, cela donne des prets aux particuliers sur la plus value latente de leur maison (sa valeur a augmenté sur le marché immobilier, on prete sur la tranche de valeur dépassant, en valeur de marché,le montant de l'hypothèque prise sur la maison au moment de son achat).
Cela signifie qu'en cas de retournement de conjoncture (notament de l'immobilier), le preteur comme l'emprunteur sont ruinés (retournement de conjoncture probable en raison du taux d'endettement US, ce qui entraine une remontée des taux d'interets de la part de la FED pour décourager l'emprunt et rémunérer les "investisseurs" chinois, prêts à acheter la dette d'un pays en quasi-faillite).
Face au manque d'épargne toujours, le viager se développe, faisant que les plus pauvres n'auront jamais de patrimoine, car ce sont eux qui ont besoin d'une rente pour vivre, quitte à revendre la maison à la banque...et là ça sent le vautour et c'est à vomir.
Alors même si je ne suis pas un gauchiste, même si je suis un social-libéral, force est de constater que "plus de libéralisme" n'est pas évidemment souhaitable, à moins de savoir dompter le fauve, traiter humainement les victimes de ce système, et gérer les risques (liés notament à la financiarisation de l'économie, termes abstraits aux conséquences bien concrètes!!!!)
Rédigé par : Séverin | 13 novembre 2005 à 20h17
Et quand PMB dénonce ce qu'il voit, voit que la générosité permet de faire baisser les extremes, que le libéralisme n'a pas profité à tous de la même façon et que ca ne s'arrange pas, et bien on a le droit de douter de l'intéret d'un libéralisme béat.
Rédigé par : Séverin | 13 novembre 2005 à 20h22
Bonjour Eric,
Chacune des phrases de votre réponse mérite un commentaire détaillé.
Vous écrivez: "Vous accusez injustement Manuel Valls de 'racisme', ce qui est grave."
Ce qui est grave, c'est la situation insurrectionnelle dans laquelle nous nous trouvons. Quand un pan entier de la population française en vient à de telles extrémités parce qu'il a le sentiment d'être exclu de la nation, il faut bien s'interroger sérieusement sur les origines d'une telle violence.
Pour que le mal qui a conduit à cette explosion soit aussi durable, il faut bien que ses causes soient profondément incrustées dans la société française.
Je ne prétends pas que cela dégoûte Manuel Valls de serrer la main à un Arabe, ou de marier sa fille à un Noir. Cela, c'est l'image d'Epinal du racisme. Elle a existé, elle existe sans doute encore. Elle est bien commode.
Elle permet de diviser le monde en deux, les méchants et les gentils. Les électeurs de Le Pen et les autres. On défile dans la rue en criant "No pasaran", "Plus jamais ça", on rentre à la maison content de soi, et hop, on a réglé le problème.
Les événements actuels montrent, hélas, que ce n'est pas aussi simple. Que le racisme, ce n'est pas seulement un défaut humain, une inclination personnelle, qui pourrait être éliminée simplement en faisant honte à ceux qui en sont affligés.
Sinon, comment se fait-il que ces émeutes surviennent malgré les longues années où la gauche a été au pouvoir, alors que tous ses membres protestent -- et croyons-les sur ce point -- de leur anti-racisme de coeur?
Le racisme, on commence à s'en rendre compte aujourd'hui, ce sont aussi des mécanismes inscrits dans le fonctionnement des institutions. Un inconscient collectif. Des représentations sociales. Une logique économique. Des enjeux de pouvoir.
Bref, ce n'est pas tant Valls qui est raciste, que la société dont il est un des pivots.
Je remarque que vous me reprenez sur Valls, socialiste, mais que vous ne dites rien du maire de Nice, UMP. Or leur démarche est exactement similaire.
J'ajoute que Valls, favorable à une révision de la loi de 1905 sur la laïcité et à la discrimination positive, semble aujourd'hui plutôt en avance sur la société française dans la nécessaire remise en cause du "modèle français". Il n'en demeure pas moins qu'il s'est acharné en 2002 contre un commerçant halal, et qu'il est légitime et urgent d'analyser cet acte, très représentatif des non-dits français.
Vous écrivez: "Un maire est tout de même en droit de s'inquiéter que le principal commerce d'un quartier (il ne s'agissait pas d'une petite épicerie) devienne halal. De quoi renforcer les ségrégations que l'on condamne par ailleurs."
Je ne suis absolument pas d'accord. D'abord, l'action de Manuel Valls était illégale. Aucune loi ne permet à un maire de contraindre un commerçant à vendre tel ou tel produit dans son magasin. Pour remporter cette douteuse bataille, Valls a dû harceler l'épicier avec des contrôles d'hygiène, lui envoyer les inspecteurs du travail, et faire pression auprès de l'enseigne Franprix qui avait donné son accord pour un magasin halal. C'est de la démocratie, ça? C'est du socialisme? C'est de gauche?
Le racisme institutionnel incrusté dans la société française, il est bien là. Dans le fait qu'on puisse s' "inquiéter" que le principal commerce d'un quartier devienne halal. Vous savez, les Blancs, les Européens, les catholiques et les athés ont parfaitement le droit d'entrer dans les magasins halal. On ne les regardera même pas de travers. Sûrement moins, en tous cas, qu'une racaille de banlieue dans un quartier chic. Je suis moi-même Blanc, Européen et athée, et j'achète ma viande dans un boucherie halal. Ca a le même goût, et c'est deux fois moins cher. Vous devriez essayer.
Bon, l'épicier communautariste ne vendait ni porc ni alcool. C'est peut-être dommage pour ceux qui, comme moi, aiment le cochon et le bon vin, mais a-t-on jamais vu un maire prendre des arrêtés pour obliger un charcutier ou un caviste à ouvrir dans son quartier?
Accessoirement, on trouvait à proximité de ce fameux Franprix un Carrefour, un Lidl, des commerçants de détail et un marché bi-hebdomadaire.
Donc, pour les alcooliques et les shootés à la saucisse, pas de problème...
Vous écrivez: "Le 'commerçant' dont vous parlez poursuivait d'ailleurs une stratégie communautaro-religieuse à peine dissimulée."
Ah. Nous y sommes. C'est en effet ce qu'on a essayé de nous vendre à l'époque. Mais ça veut dire quoi, exactement? C'est interdit, pour un commerçant, d'avoir une "stratégie"? La stratégie serait-elle réservée aux maires socialistes? Et c'est quoi, une "stratégie communautaro-religieuse"?
Cela signifie-t-il que ce commerçant (avec guillemets) apprenait aux jeunes du coin à démonter une Kalchnikov derrière ses sacs à patates, et leur donnait le mail de Ben Laden? Si cela avait vraiment été le cas, il aurait été prudent d'applaudir des deux mains à son trip halal, et d'en profiter pour saturer les environs avec des touristes de la DST.
Mais non. On ne nous a rien dit de tel. J'ignore si vous connaissez des secrets qui n'ont pas été révélés, mais dans l'état actuel de ce qui a été publié, il faut bien en conclure que le maire a voulu empêcher un entrepreneur musulman de faire de l'argent en s'appuyant sur les besoins de la population locale, qui se trouve être en majorité musulmane.
Voilà ce qu'est l'anti-communautarisme. Empêcher les bronzés de faire jouer le marché à leur profit. Les empêcher de se regrouper librement par origine, par affinités, par culture, par religion. Et, donc, les empêcher de faire jouer la solidarité, l'entraide, le commerce, indispensables pour s'intégrer quand on arrive pauvre dans un pays qu'on ne connaît pas.
Et qu'on ne me dise pas qu'il est contradictoire de s'indigner de l'existence des ghettos de banlieue. Les barres, elles ont été imposées aux immigrés, et tout le monde veut en sortir.
Mais quand une communauté immigrée, par le jeu naturel de l'évolution urbaine, prétend prendre pied, librement, par le simple jeu du marché, de façon trop visible dans un quartier, quand elle prétend faire de l'argent grâce aux siens, ça devient tout de suite du communautarisme suspect.
Pourquoi ne pas avouer, tout simplement, qu'un Franprix halal, ça fait peur à la minorité gauloise du quartier? Ou qu'une mosquée en centre-ville, ça risque de faire baisser le prix des appartements du coin?
Là encore, on voit que les pauvres essaient de profiter du libéralisme économique (en louant un magasin, en signant un contrat avec Franprix, en essayant d'acheter un local pour leur mosquée), tandis que la classe dirigeante leur met des bâtons dans les roues avec l'intervention (en l'occurence illégale) de la puissance publique.
C'est ça, le racisme contemporain. C'est refuser de partager le pouvoir économique et politique. En Angleterre, vous avez des commerçants pakistanais arrivés avec rien dans le pays, qui sont aujourd'hui richissimes. Je doute qu'il y ait beaucoup d'épiciers algériens millionnaires en France. Comment voulez-vous qu'il y en ait -- et qu'ils créent des emplois pour leur (pouah!) "communauté" --, si dès qu'ils prétendent faire du halal avec Franprix, on leur tombe dessus avec des guillemets et du communautarisme?
Ah! c'est sûr, avec le gentil épicier arabe du coin, dans "Amélie Poulain", on peut se permettre d'être anti-raciste à donf. Il restera petit, pauvre et sympathique. Il ne risque pas de nous prendre le pouvoir.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 14 novembre 2005 à 02h47
Robert,
1/ Je maintiens qu'il est grave d'accuser quelqu'un de "racisme" parcequ'on ne partage pas sa conception du vivre-ensemble. Evidemment, on peut dire que tout le monde est raciste et dénoncer le "racisme institutionnel". C'est une généralisation dangereuse.
2/ Le refus de construire une mosquée en ville n'a rien à voir avec la contestation que le commerce central d'un quartier impose un mode de vie religieux. Les autres commerces d'importance des environs, comme le Lidl et le Carrefour, supposent l'utilisation d'une voiture pour les habitants de ce quartier. Personne n'oblige les musulmans à acheter porc et alcool. Au nom de quoi imposer cette restriction aux autres habitants ?
3/ Stratégie communautariste: les repreneurs de ce Franprix ont remercié les anciens salariés (qui ont tenté une action aux prud'hommes) et les ont remplacé par des musulmans. Et ils ne faisaient pas mystère de leur intention de s'adresser uniquement aux consommateurs musulmans pratiquants.
4/ Je manque régulièrement des sandwichs halal, mais la boulangerie d'à côté de chez moi me permet de varier les plaisirs.
5/ Votre détestation d'"Amélie Poulain" me rappelle les articles de "Libération". Voilà qui permet de revenir au sujet de la note initiale dont cette discussion, au demeurant intéressante, s'est quelque peu éloignée.
Rédigé par : Eric Dupin | 14 novembre 2005 à 09h59
Qu'Eric Dupin critique l'idéologie de Libé, OK. C'est son droit. Qu'il critique le bien fondé du contenu de Libé, ok. Mais il y vit en banlieue lui? Pour lire libé depuis mes 16 ans, je ne l'ai jamais lu en reportage... Faut qd même pas déconner sur la portée de ce post.
Rédigé par : polo | 14 novembre 2005 à 12h53
Parce qu'il faut vivre en banlieue pour s'intéresser à ce qui s'y passe ? Personnellement, je vis dans le 19ème arrondissement de Paris. Coïncidence amusante, le mail de "polo" se termine en "francegalop.fr". France Galop est la société organisatrice de course de chevaux présidée par Edouard de Rothschild, devenu principal actionnaire de Libération, qui, s'il vit en banlieue, réside plutôt à Neuilly-sur-Seine...
Rédigé par : Eric Dupin | 14 novembre 2005 à 15h57
Ce matin, qu'ouis-je au réveil sur FranceInter ? "Retour à la normale". Youpi ! Puis "300 voitures brûlées". Aie, drôle de norme. Et quand j'arrive à mon collège, j'apprends qu'une école primaire de la ville (6500h, chef lieu d'arrondissement rural) a brûlé.
Là, je repense à Robert Marchenoir m'expliquant doctement que l'ensemble de population s'enrichit, et que ça veut simplement dire que l'ensemble de la population s'enrichit, point barre. Quand Paris va mal, la France va mal, et quand Paris va bien, la France va bien. Ça s'appelle le parisiano-centrisme, fils héritier du jacobinisme.
Et la France va bien, ne croyez pas la presse étrangère (naturellement, des étrangers... on peut pas les expulser ?), et la Commission de Bruxelles avec ses sous qui nous traite comme un vulgaire Pakistan - non, pas le Pakistan, personne ne lui donne rien. Car le discours actuel de la Chiraco-Sarko-Villepinie c'est : "Nous maîtrisons la situation. Tout va mieux grâce à nos efforts (traduisez : notre répression, pas notre souci de faire que les banlieues aillent mieux, vous rigolez ou quoi).
Bien. Qui veut venir expliquer ça aux gosses de mes voisins ?
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2005 à 16h57
Cher éric, pour s'y intéresser, on peut habiter partout. Mais pour critiquer les journalistes qui y vont et les accuser d'être mauvais, il faut déjà commencer par y aller soi-même.
Rédigé par : polo | 14 novembre 2005 à 17h52
D'abord, ce post critique surtout la direction de la rédaction et pointe même positivement un des deux reportages de terrain. Ensuite, même si je suis d'abord un journaliste politique, il m'est arrivé d'enquêter sur les banlieues, notamment pour Marianne dans la fameuse cité des 4000... Bon maintenant, le débat n'est pas là.
Rédigé par : Eric Dupin | 14 novembre 2005 à 18h04
Personne n'a encore réagi sur les non-éditos de SJ. Pourtant c'est hachement important, non ?
Rédigé par : PMB | 14 novembre 2005 à 18h40
Eric,
votre critique de la rédaction de libé me semble également valable pour un certain nombre de reportages de Canal+ (notamment leurs enquêtes de 2ème partie de soirée, "90 minutes", qu'il n'est pas rare de revoir en partie chez Karl Zero).
Si dans les 2 cas il est nécessaire d'avoir un point de vue autre que le message dominant de la Socpresse ou de Bouygues, ces journalistes contribuent également à la création d'une image faussée dans l'opinion publique (dont une part va voter pour la gauche qui ne fait que comprendre et ne punit pas).
Quelles pistes pourrait on explorer pour un peu plus de vérité et de responsabilité dans les choix rédactionnels (si ce n'est changer de lecture...)?
Rédigé par : Séverin | 14 novembre 2005 à 22h38
"Là, je repense à Robert Marchenoir m'expliquant doctement que l'ensemble de population s'enrichit, et que ça veut simplement dire que l'ensemble de la population s'enrichit, point barre. Quand Paris va mal, la France va mal, et quand Paris va bien, la France va bien. Ça s'appelle le parisiano-centrisme, fils héritier du jacobinisme."
Là, PMB, vous ferraillez avec je ne sais qui, mais sûrement pas avec moi.
Je n'ai jamais écrit que l'ensemble de la population s'enrichit. Je pense au contraire que l'ensemble de la population s'appauvrit en ce moment, et que c'est bien le problème.
Ce que je disais, c'est que pour que la pauvreté recule, il faut de la croissance et pas seulement de l'égalité. C'est d'ailleurs ce que dit Borloo dans la presse de ce matin. Bon, Borloo fait partie d'un gouvernement de droite, donc il a forcément tort. A part ça, c'est une banalité admise par tous les économistes.
Enfin, pour le parisianisme, je crois que vous deviez penser à quelqu'un d'autre: je passe mon temps ici et sur d'autres blogs à dénoncer les bobos parisiens qui ignorent les vraies conditions de vie en banlieue, et aussi les Français qui se croient le centre du monde.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 15 novembre 2005 à 11h50
RM, vous dites :
"Je n'ai jamais écrit que l'ensemble de la population s'enrichit".
Vous avez écrit :
"Pris séparément, chacun de ces éléments, sauf le dernier, sont bénéfiques et producteurs de richesses pour l'ensemble des populations."
Ai-je mal compris, pire : ai-je tordu vicieusement votre propos, ou vos mots ont-ils trahi votre pensée ?
Quant au reproche de parisiano-centrisme, il ne vous visait pas personnellement.
J'aimerais qu'on me dise (c'est le rôle d'un blogue) si est excessive, voire fausse, ma dénonciation de ce parisianisme-là - la décrue trompettée des exactions alors qu'elles ne baissent pas tant que ça en province, il y aurait même comme des métastases -. Ainsi que mon idée qu'il importe d'affirmer avoir la maîtrise des événements, alors que la vérité est plus incertaine. Sinon, pourquoi cet état d'urgence de trois mois ?
Rédigé par : PMB | 15 novembre 2005 à 14h27
le caractère parisiano-centré des médias nationaux français est certes une généralisation mais pas abusive à mon sens.
J'en profite au passage pour faire remarquer que Marseilles semble avoir été relaivement épargnée alors que c'est sans doute une des villes à connaître des banlieues dures et composées de beaucoup d'immigrés et fils d'immigrés. Je me permets de penser que les liens tissés par cette fameuse "proximité" ne doivent pas ête les mêmes.
Quant au besoin de dire que tout va bien Madame la Marquise, cele s'appelle une info placébo, et j'abonde dans votre sens PMB quand vous disiez, je ne sais plus quand, que la norme utilisée en matière de voitures incendiées laiise songeur (quelques centaines de voitures ne comptent pas, c'est "normal"). Ce qui signifie que cela arrivait avant, et que cela n'était tout simplement pas dit, si ce n'est au nouvel An. En France, on brûle des voitures dans les banlieues, c'est comme ça. Circulez.
Rédigé par : blabla | 15 novembre 2005 à 14h38
PMB, pour répondre à votre dernière question, mon hypothèse est la suivante. La maîtrise des événements est incertaine et la police est épuisée. D'où l'état d'urgence, qui nécessaire du fait de cette incertitude.
Cependant on observe une baisse. Chacun est épuisé et il commence à faire froid. De plus, il faut laisser aparaître que les "émeutiers" ont perdu. Il faut donc les décourager et éviter de leur faire de la pub, car leur but premier est de faire parler d'eux. C'est donc un peu la méthode coué. Silence Radio. Silence radio sur ce qui arrive chez vous.
Rédigé par : Michel | 15 novembre 2005 à 14h47
Méthode se"coué", parce qu'éprouvée, et elle a montré qu'elle ne fonctionnait pas.
Rédigé par : blabla | 15 novembre 2005 à 15h02
PMB, c'est vous qui savez si vous m'avez mal compris ou si vous avez tordu mes propos. Ce qui est sûr, c'est que ma pensée n'est pas celle que vous m'attribuez.
Vous faites allusion à ces mots que j'ai écrits:
"Ce qui est NEFASTE, c'est la combinaison du capitalisme, de la Bourse, de la mondialisation, du libéralisme, et du pouvoir excessif détenu par les actionnaires au détriment des autres agents économiques.
Pris séparément, chacun de ces éléments, SAUF LE DERNIER, sont bénéfiques et producteurs de richesses pour l'ensemble des populations."
Et vous en concluez:
"Robert Marchenoir m'expliqu[e] doctement que l'ensemble de la population s'enrichit, et que ça veut simplement dire que l'ensemble de la population s'enrichit."
Les phrases ci-dessus sont une tentative de réflexion sur le fonctionnement actuel du capitalisme. Elles disent clairement que, à mon avis, la situation actuelle N'EST PAS bénéfique et productrice de richesses pour L'ENSEMBLE des populations (chaque mot est important), EN RAISON du pouvoir excessif détenu par les actionnaires au détriment des autres agents économiques.
Ce dernier facteur est, lui aussi, comme chacun peut le constater, présent dans la situation actuelle, aux côtés des quatre autres.
Le passage en question signifie aussi que, SI L'ON trouvait une solution pour limiter le pouvoir des actionnaires au profit de celui des autres agents économiques (c'est à dire les salariés, les chômeurs, les consommateurs, les élèves, les parents, etc), l'on aurait une chance d'avancer vers un système bénéfique pour l'ensemble des populations, PUISQUE les autres facteurs actuellement présents (capitalisme, Bourse, mondialisation et libéralisme) sont, selon moi, producteurs de richesses pour l'ensemble des populations.
Et encore, ce ne serait là qu'une "chance", puisque j'écrivais que ces quatre éléments allaient dans ce sens PRIS SEPAREMENT, alors qu'ils sont, à l'évidence, aujourd'hui combinés. Je ne me prononçais donc même pas sur les effets de cette combinaison elle-même.
Et vous en tirez argument pour me faire dire que, d'après moi, aujourd'hui, toute la population française est en train de s'enrichir sans distinction.
J'ai dit, en gros, le contraire.
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille un petit livre lumineux de Jean Peyrelevade, "Le capitalisme total":
http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2020829320/qid=1132064494/sr=1-1/ref=sr_1_8_1/402-2805499-3560966
Rédigé par : Robert Marchenoir | 15 novembre 2005 à 15h29
"Je maintiens qu'il est grave d'accuser quelqu'un de 'racisme' parce qu'on ne partage pas sa conception du vivre-ensemble." (Eric)
D'accord. Evitons les grands mots. Disons simplement que, quand Sarkozy parle de "racaille" et de "Kärcher", il ne partage pas la conception du vivre-ensemble de certains habitants des banlieues.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 15 novembre 2005 à 15h39
RM
Dont acte. Ma lecture éatit trop rapide. Plus aucune ambiguité.
Rédigé par : PMB | 15 novembre 2005 à 15h48