La société française est en danger de désintégration. C'est l'effrayante leçon des violences urbaines de ces derniers jours. Jamais la méfiance et même l'hostilité entre l'Etat et certaines composantes de ce qu'on aimerait appeler la "communauté nationale" n'étaient apparues aussi crûment. Le drame de Clichy-sous-Bois, qui a mis le feu aux poudres, est révélateur de multiples crispations. Faut-il que la police soit à ce point raciste pour que des "jeunes des cités" n'ayant rien à se reprocher, si tel est bien le cas, se mettent en danger de mort pour échapper à un simple contrôle ? Les réactions en chaîne montrent que les uns et les autres partagent surtout l'idée qu'ils sont adversaires.
Dans ce climat malsain, les dérapages verbaux calculés de Nicolas Sarkozy aggravent le mal. On peut le soutenir lorsqu'il entend nettoyer certains quartiers des trafics en tous genres qui les minent et mettre hors d'état de nuire les "voyous" - le mot est adéquat - qui y sévissent. L'emploi du terme de "racaille", au demeurant fièrement revendiqué par certains délinquants, expose par contre à de fâcheux amalgames. Et si le "traitement social" des banlieues a effectivement fait la preuve de ses limites, ce n'est pas une raison pour sombrer dans la démagogie répressive en prônant la disparition de la "police de proximité".
En attendant, la violence impose de plus en plus sa loi. A Vaulx-en-Velin (Rhône), plusieurs soirées d'affrontement entre police et adolescents ont suivi la chute, le 16 octobre, de deux jeunes cherchant à échapper à la brigade anticriminalité sur un scooter volé. Infiniment plus grave, un quinquagénaire a été mortellement roué de coups, le 27 octobre à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), par des délinquants qui cherchaient à dérober son appareil photo.
En quels termes Sarko as t-il proné "la disparition de la "police de proximité" ? Absent pour cause de 1er novembre, je n'ai pas suivi tous les épisodes du film. Je suis néanmoins concerné. 6 véhicules de la poste ont brulé cette nuit sur ma commune.
Rédigé par : Michel | 02 novembre 2005 à 11h29
Michel,
"Après une discussion avec les associations du quartier sensible de Bagatelle et une démonstration de hip-hop, M. Sarkozy a tenu le même discours aux policiers du commissariat du quartier de Bellefontaine. "Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux", a-t-il lancé à un îlotier qui lui présentait un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier. "Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants" (fev 03)
http://www.maire-info.com/articles/archive.asp?param=2684
Rédigé par : Thomas | 02 novembre 2005 à 15h34
La citation de 2003 de Sarko que vous donnez "Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux.... Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants" (fev 03, n'est pas, que je sache, un exemple de "dérapage verbal calculé de Nicolas Sarkozy" fait à chaud, en réponse aux évènement de Clichy-sous-Bois de la fin octobre 2005. Avez vous une autre citation récente de Sarko concernant "la disparition de la "police de proximité" ?
L'emploi du terme de "racaille" ne me choque pas car comme l'explique Eric il est "fièrement revendiqué par certains délinquants". Je suis par contre choqué par l'omerta qui a eu lieu concernant le "caillassage" des pompiers dans l'affaire de l'incendie de Fontenay (suite à l'"incivité" des jeunes filles qui ont mis le feu aux boites aux lettres) qui a fait 18 victimes.
L'abandon total de la police de proximité serait semble t-il une erreur, et je note que ce point est la principale critique d'Eric envers Sarko. Mais je ne suis pas sûr que Sarko aille dans ce sens, ou du moins s'il l'a été, il semble qu'il est en train de corriger le tir, car seuls les imbéciles ne se trompent jamais. Dans le parisien de ce jour, Sarko indique qu'il compte à nouveau mettre les maires au centre du processus sécuraitaire.
Le problème des violences urbaines est suffisamment difficile à résoudre pour espérer que chacun saura prendre ses responsabilités en évitant de souffler sur les braises. Attention aux retours de flammes. J'ai lu que l'avocat défendant les victimes du transformateur EDF est un proche de François Hollande.
Rédigé par : Michel | 02 novembre 2005 à 16h39
Sur TF1, le 31 octobre, Sarkozy a déclaré que, pour lui, il ne s'agissait plus de "faire de la police de proximité pour voir ce qui s'y passe mais d'interpeller". En lui-même, ce propos n'est guère condamnable. Mais il intervient alors que l'effort de "police de proximité" initié par Jean-Pierre Chevènement est largement abandonné depuis 2002...
Rédigé par : Eric Dupin | 02 novembre 2005 à 17h56
Michel,
Je n'ai pas de citations plus recentes de Sarkozy sur le sujet de la police de proximite. Je ne suis pas sur que Eric faisait reference a "une reaction a chaud" sur la fin de la police de proximite mais plutot d'un projet Sarkosiste de longue date, a Eric de nous preciser sa pensee.
Quant a l'emploi du terme "racailles" je le trouve racoleur, meme "voyou" ne veut pas dire grand chose, sans parler du fameux "sauvageon." Pourquoi ne pas utiliser des mots plus neutres: delinquants/inciviques voir dans des cas plus graves de criminels? On eviterait ainsi la criminalisation d'un groupe.
Rédigé par : Thomas | 02 novembre 2005 à 18h02
En tout cas Eric pose une bonne question: "Faut-il que la police soit à ce point raciste pour que des jeunes des cités n'ayant rien à se reprocher, si tel est bien le cas, se mettent en danger de mort pour échapper à un simple contrôle ?"
Je ne sais pas si la police est raciste, en tout cas elle est perçue comme telle par beaucoup de "nos jeunes".
Ceci dit, Eric oublie de poser l'autre question: Pourquoi, alors qu'à l'évidence la police l'a pas provoqué la mort des adolescents (il ne s'agit pas d'une bavure, comme cela a pu être le cas dans d'autres affaires), ni d'une traque des adolescents pour les pousser vers l'accident, pourquoi faut-il que les familles des victimes rendent elles les autorités responsables de ce qui arrive à leur enfants ?
Rédigé par : Michel | 02 novembre 2005 à 20h13
Michel,
Il est hélas vrai que certains accusent les autorités de tous les maux qui les frappent. Et que les familles si promptes à demander excuse à l'Etat devraient aussi s'interroger sur leurs propres responsabilités éducatives. Mais cela n'empêche pas de s'interroger sur les autres dimensions de ces drames...
Rédigé par : Eric Dupin | 02 novembre 2005 à 21h02
Le "battement d'aile d'un papillon" de cette catastrophe annoncée a eu lieu il y a trente ans, avec la montée en puissance du chômage de masse.
Pas le temps ce soir de développer sur tout ce qui s'est aggloméré à cette première métastase : les démissions, les aveuglements, les égoïsmes, les abandons, les calculs politiciens. Si d'autres l'ont...
Ce qui est sûr, au moins, c'est qu'il y a un pompier pyromane, Super Sarko.
Rédigé par : PMB | 02 novembre 2005 à 21h25
Evidemment, les responsabilites sont partagees entre celles individuelles et/ou collectives. Mais il va bien falloir penser a trouver une solution a un moment ou un autre et pour l'instant je n'ai pas entendu grand chose de convaincant.
Comment faire en sorte que les forces de l'ordre soient respectees ou du moins qu'elles ne soient pas vues comme racistes? Au dela de l'exercice de communication qui va devoir s'imposer, quelles reponses structurelles a apporter?
Un peu hors-sujet, mais vivant a Belfast, au moins cinq personnes sont venues me dire aujourd'hui en blagant: "Alors, Paris c'est pire que Belfast maintenant?"
Rédigé par : Thomas | 02 novembre 2005 à 21h38
En rentrant chez moi, à la sortie du RER B, 3 voiture brulaient et un camion était en travers de la route cabine calcinée. Ma belle fille rentre tard ce soir. Elle va descendre à la station qui précède. Mon épouse est allée la chercher.
Lorsque j'entends parler des paroles de Sarko comme étant des "provocations" je ne peux m'empécher de songer à la tentative de vol d'ordinateur portable dont j'ai été victime sur le quai de mon beau RER. Les employés de la station m'ont dit qu'il n'y avait rien à faire. Les agresseurs étaient connus mais étant mineurs, ils ne risquaient qu'une petite remontrance au commisariat. J'ai raconté ma mésaventure au sécrétaire de section coco du coin. "Mais m'a t-il dit, aller sur le quai du RER B avec un ordinateur portable, c'est de la provocation !". 2 mois plus tard le maire de la ville d'à coté, coco également, a été agressé par des jeunes cagoulés. Il les a néanmoins reconnu comme étant des jeunes des cités à qui il avait refusé de payer des vacances à la neige. 4 mois plus tard, c'était le 21 avril.
Rédigé par : Michel | 02 novembre 2005 à 23h34
bonjour à tous.
je trouve quand même assez étrange qu'à chaque embrasement des banlieues, les gens semblent les redécouvrir...Ce n'est malheureusement pas une nouveauté mais une continuité. Elles représentent pour moi, toute la frustration, l'impuissance et quelque part le désespoir d'une génération entière.
Cette véritable cocotte minute nous l'avons tous créer qu'on le veuille ou non. Que ce soit la gauche avec le tout prévention ou la droite avec le tout répression. Pourquoi personne n'a songé à une alternative qui serait tout simplement composée des deux ?
Que dire aussi, sur le fait que le plus souvent il n'y a que le ministre de l'intérieur qui se déplace ? Où sont les ministres de l'emploi, de l'urbanisme, ceux qui pourraient réellement travailler sur un terrain ou tout est à faire ?
Que dire d'une utilisation des banlieues dans la guéguerre du pouvoir entre les pro-sarko et les pro-devillepin ? Le danger est justement là, croire pourvoir utiliser les banlieues comme cheval de campagne pour l'un et d'arme contre son adversaire pour l'autre. A trop jouer avec le feux on peut y perdre plus qu'une main....
On sait très bien ce qu'il en est, que le moindre prétexte d'un côté va laisser libre court à une explosion de violence, un exultoire de frustration.
Tout le monde parle des racailles ou des voyous...mais est-ce que les gens savent qu'il y a aussi des jeunes avec des diplomes d'études supérieurs qui ne trouvent par leur place dans notre monde du travail car étiquetés "banlieue" ?? Où se trouve l'égalité des chances ??
J'irais même plus loin en pensant tout simplement qu'il n'y a pas si loin pour un embrasement pas seulement dans les banlieues. Nos politiques se sont coupés de leur peuple, utilisant nos maux de tous les jours pour leurs batailles intestines.
D'autre part, que dire d'un sarko qui parle de voyou et qui débarque à 200 personnes à minuit dans les banlieues ??cela s'appelle du tapage nocturne autant que je sache....
Et enfin, que nos politiques se regardent un peu dans le fond des yeux. Qu'ils se rendent un peu compte de l'exemple qu'ils donnent.. d'une classe où les personnes condamnées ne le sont que très rarement et avec des peines aménagées, d'une majorité de ténors de la politique qui ont eu des démêlées avec la justice et qui osent venir donner des leçons de morales aux gens.
Assez de tout ça quand on parle de tolérance zéro monsieur sarko, commencez par l'appliquer à vous-même et après on en reparle.
Rédigé par : Imothep | 03 novembre 2005 à 11h48
Ce matin en emmenant ma fille à l'école: 10 voitures calcinées à 200m de chez moi dont une brûlait encore, sans parler de toute celles qui avaient été enlevées au vu des dizaines places libres sur le parking.
N'en déplaise à Imothep la frustration des habitants des banlieues n'excuse rien. Ceux qui ont brûlé des voitures ne l'ont pas fait en réaction à la morts des enfants de la cabine EDF. Hier, Clichy sous Bois était calme.
Non, nous avons plutôt assisté hier à une journée anti Sarko. Celui-ci avait en effet osé dire qu'il voulait s'attaquer aux économies parallèles. Cela n'a pas du plaire à tout le monde. Il fallait donc a tout prix tirer sur Sarko afin que les petits kaids puissent continuer tranquillement à faire leurs petites affaires. Et il semble que les incendiaires de voiture aient gagné. Le gouvernement se couche. Au plus haut niveau on ne parle que d'apaisement. Nous sommes donc à nouveau tombé dans la culture de l'impunité, à la situation de non droit qui perdure ici. C'est la culture locale, un peu comme en Corse.
Des exemples, il y en a partout.
Il n'y a plus un seul horodateur à pièce a Paris. Des enfants roumains pillaient les horodateurs au vu et au su de tout de monde. Plutôt que d'agir, les autorités ont capitulés et ont remplacé les pièces par des cartes. Et pourtant ces enfants avaient des commanditaires, des familles. Pourquoi ne pas assimiler le vol par l'intermédiaire d'enfants à du proxénétisme ?
Réunion de quartier avec le Maire, le commissaire de Police etc.... Devant l'école, où a lieu la réunion, des dealers font tranquillement leur trafic. Les habitant se plaignent. Et le commissaire de police d'expliquer qu'il ne peut rien faire. Pour faire tomber un dealer, il faut un flagrant délit. Il faut donc mettre des policiers en planque pendant des semaines. Bref cela ne vaut pas le coup.
Bruno Le Roux l'ancien Maire d'Epinay, qui était chargé de la sécurité au PS (et qui a perdu sa ville en grande partie sur ce dossier), expliquait tout cela très bien. Les chiffres de la délinquance sont trompeurs. Lorsque l'on veut agir pour la sécurité, on dérange ceux qui vivent de l'économie parallèle, et l'insécurité augmente. Une manière d'avoir la paix consiste donc à "faire la part du feu" en laissant les délinquants tranquilles.
J'espère que nous n'en sommes là.
Rédigé par : Michel | 03 novembre 2005 à 12h57
POur rebondir sur le dernier post de Michel ;=) je propose le sujet suivant :
"L'économie parallèle s'installe quand l'économie normale ne marche pas". Discutez, illustrez, nuancez, approuvez, contestez : je ramasse les copies dans quatre heures.
Toujours Michel : "Evidemment, les responsabilites sont partagees entre celles individuelles et/ou collectives. Mais il va bien falloir penser a trouver une solution a un moment ou un autre et pour l'instant je n'ai pas entendu grand chose de convaincant."
Il n'y pas de guérison immédiate pour une maladie installée depuis trente ans. Il n'y a qu'un ensemble de micro-mesures modestes mais réalistes (dont prévention-répression, bien sûr) soutenues par un socle plus vaste (et parfaitement utopique) : le retour au plein-emploi. Trop de gens "de la haute" n'y ont aucune d'espèce d'intérêt... Trop de meneurs clandestins (dealers, intégristes islamistes, etc. ) non plus.
Rédigé par : PMB | 03 novembre 2005 à 14h41
Pour suivre le post de PMB, je suis d'accord avec lui. Pour revenir sur votre post Michel, je n'ai jamais dit qu'il fallait laisser les banlieues livrées à ces commerces parallèles. Mais c'est justement parce que l'Etat a déserté ces zones durant ces 30 dernières années (tout bord compris) que l'on arrive à la situation actuelle. Des zones qui finissent par vivre repliées sur elles-même considérant tout ce qui est à l'extérieur comme "ennemi".
Comme le souligner PMB les choses ne changeront que sur un travail de longue haleine. Ce n'est pas en envoyant 200 crs de manière ponctuelle que l'on résoudra les problèmes. Il s'agit d'occuper le terrain afin de faire comprendre aux criminels qu'ils ne sont pas des nouveaux seigneurs et en impliquant les habitants de ces zones à la vie de notre société.
Je suis d'accord pour dire que c'est une vision utopique d'une action à long terme et qu'il est facile de disserter lorsque n'est pas résidant de ces quartiers. Mais d'un autre côté laisser les banlieues livrées à elles même et attendre que ça explose pour aller tout "nettoyer" (comme dirait certain) ensuite, me semble une voie en cul de sac.
Mais le plus excrable dans cette histoire comme je le disais précédemment, c'est que de tels évènements deviennent des atouts de batailles politiques.
Croyez-vous réellement que pour sarko le calme dans les banlieues soit un objectif ??? C'est son fond de commerce, le thème sécuritaire sur lequel il compte faire campagne en 2007. Cela a bien marché une fois déjà....A tel point qu'à présent ce sont même les syndicats de police qui s'inquiètent de l'attitude de notre ministre de l'intérieur, qui ne cesse de mettre de l'huile sur le feu.
Rédigé par : Imothep | 03 novembre 2005 à 14h57
"L'économie parallèle s'installe quand l'économie normale ne marche pas". Non PMB, poser la question en ces termes c'est justifier l'économie parallèle.
Et quid de la majorité des habitants des banlieues qui sont honnètes, qui ne vivent pas de l'économie parallèle, et qui vivent mal ? Merci pour eux.
Rédigé par : Michel | 03 novembre 2005 à 15h42
En un mot PMB, les habitants des banlieues honnètes sont vraiment des cons !
Rédigé par : Michel | 03 novembre 2005 à 15h50
Michel, il n'a jamais été question de traité les gens de "con" !!PMB n'a jamais voulu signifier cela et moi non plus.
Et je pense aussi qu'ils n'a pas voulu non plus justifier l'économie parallèle par cette phrase, mais plutot fait un constat que l'économie normale a fui les banlieues et laisser le terrain à l'économie parallèle.
Dans tout les cas c'est ainsi que je l'ai comprise.
Rédigé par : Imothep | 03 novembre 2005 à 16h48
"(L'économie parallèle s'installe quand l'économie normale ne marche pas). Non PMB, poser la question en ces termes c'est justifier l'économie parallèle."
Michel, ne simplifiez pas, ne tordez pas mes mots, ne leur faites pas dire que ce que vous voulez qu'ils disent, ce n'est pas dans vos habitudes.
Gardez votre calme, même si c'est plus difficile pour vous que pour moi, gardez-le, parce que vous en avez besoin.
"En un mot PMB, les habitants des banlieues honnètes sont vraiment des cons !"
Je ne vais pas mépriser les gens de banlieue : ma fille y vit, et elle s'est fait voler son sac une fois (mon fils aussi d'ailleurs, pas de favoritisme).
Merci Imhotep. Votre texte est le produit d'une réflexion, pas de la seule (et respectable) émotion. Note : 15/20 (à cause de qq fautes, on sait bien que Sarkozy est plus grand en bravades qu'en cm, ce n'est pas une raison pour écrire son nom tout en minuscule ! ;=))
Rédigé par : PMB | 03 novembre 2005 à 16h59
Michel : j'avais écrit mon texte en même temps que le dernier d'Imhotep. Donc, pas de "complot" contre vous ! Bon courage.
Rédigé par : PMB | 03 novembre 2005 à 17h01
Désolé pour les fautes, c'est mon côté enthousiaste dirons nous ! :-)
Je vais faire un effort pour écrire "Sarkozy" en tant que nom propre (décidémment c'est prédestiné :-) ).
Rédigé par : Imothep | 03 novembre 2005 à 17h29
PMB, proposer un sujet de dissertation ne vaut pas analyse. D'ou ma réaction.
Plus sérieusement, le groupe d'immeuble devant lesquelles les voitures ont brulées n'est pas le quart monde. Des gens "normaux", des amis, des collègues de mon épouse infirmière y habitent. Il y a un centre commercial à deux pas, à 5mn à pied le RER. Il faut 15 à 20mn pour atteindre la gare du nord, avec 1 RER par quart d'heure en journée et 2 RER par quart d'heure le matin et le soir. Et, cerise sur le gateau, on a une quasi certitude d'avoir une place assise jusqu'à Paris.
Donc inutile de faire du misérabilisme. Je ne vis pas dans une zône "livrées à elles même et prête à exploser". Et il est probable que les incendiaires de voiture venaient d'ailleurs.
Par contre, la zône où j'habite, abrite une économie parallèle contre laquelle il ne serait pas inutile de lutter. Et il n'est pas nécessaire d'attendre que tous les problèmes qu'Imhotep décrit soient résolus pour agir dans ce sens. Inutile également d'attendre le matin du grand soir.
Rédigé par : Michel | 03 novembre 2005 à 18h05
Michel.
Merci de ce texte, où vous développez de façon intéressante.
Simple précision : si je proposais un sujet de dissertation, c'est justement pour avoir une/des analyses (car sujet ne vaut pas analyse, évidemment). j'ai des idées là-dessus, en nombre, et pas forcément originales. Mais le temps pour les synthétiser sans verser dans la simplification me manque.
En tout cas, ici on ne tombe pas dans l'outrance, l'insulte et la haine mortifère, pas comme chez H...
Rédigé par : PMB | 03 novembre 2005 à 19h10
Il y a néanmoins des témoignages interessants chez H... Voir : yaka jeudi 03 novembre 2005 à 16h09
Bon, je suis au boulot, je dois rentrer. Mon épouse m'a appelé. Perturbation sur la ligne B suite à une agression sur Blanc Mesnil. Demain pas de RER. Ma belle gare RER brule à nouveau. Prière de rentrer dare dare et de télephoner depuis la gare calme la plus la plus proche. A+
Rédigé par : Michel | 03 novembre 2005 à 19h30
Attention, n'attaquons personne ! Je trouve, en effet, cette discussion tout à fait intéressante. Les points de vue échangés sont d'ailleurs moins contradictoires qu'on ne pourrait le penser à première vue. Et merci aussi à Michel pour ses témoignages. La connaissance des faits est souvent ce qui manque sur ce genre de sujet. A ce propos, j'ai trouvé que l'article publié aujourd'hui dans "L'Express" n'était pas mal fait:
http://www.lexpress.fr/info/quotidien/actu.asp?id=949
Rédigé par : Eric Dupin | 03 novembre 2005 à 19h30
Je voudrais noter que la définition de mon dictionnaire (un simple Larousse) racaille (de l'ancien français rasquer : racler) "Populace méprisable, rebut de la société". Le terme est donc des plus péjoratif dans son usage ancien comme dans son usage actuel, même en verlan. Quelle que soit la personne que le ministre a en face de lui, il lui doit le respect. Il a beau être "ministre de la république", il n'en reste pas moins un citoyen comme les autres. Son rôle est bien de veiller à ce que l'ordre règne et que la violence ne perdure pas. L'ennui est que la violence commence par les mots. Il est évident qu'en parlant comme il le fait, Nicolas Sarkozy provoque les jeunes et ne conduit pas au dialogue. De même, lorsqu'il tutoye les jeunes, il fixe une barrière d'arrogance entre les banlieusards et lui. Etre jeune ou vivre dans les banlieues ne signifie pas que l'on n'a moins le droit au respect. C'est même là sans doute que réside la solution : prendre les jeunes en face à face, d'égal à égal.
Rédigé par : sebchab | 03 novembre 2005 à 19h31
lire la guerre des rues par Christian Jelen publié en janvier 1999, Deux mois aprés sa mort (et aussi Les Casseurs de la République)
mon camarade Jelen étaait très apprécié de mon "maître" JF Revel.
Rédigé par : fradet | 03 novembre 2005 à 19h52
bonjour à tous,
"L'économie parallèle s'installe quand l'économie normale ne marche pas"
c'est intéressant mais mérite d'être nuancé par 2 points:
-"l'économie normale" fonctionne globalement bien et marginalement mal et c'est l'évolution de cette marge qu'il faut surveiller.
-Un certain nombre trouve un intérêt très fort dans l'économie paralèlle, bien plus important qu'avec une économie paralèlle.
Il est fondamentale de parler de responsabilité, de choix.
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 21h11
Précision sémantique. "Racaille", selon le Grand Robert, signifie "Populace méprisable, rebut de la société". C'est un jugement collectif sur une population. Alors que le terme de "voyou" renvoie, selon la même source, à quelqu'un de "mœurs et de moralité condamnables", c'est-à-dire à des comportements individuels. Toute la question est là. Réprimer sans faiblesse les actes délictueux et oser nommer comme il se doit leurs auteurs. Mais ne pas sembler couvrir d'opprobre toute une population qui a déjà une dangereuse tendance à la paranoïa...
Rédigé par : Eric Dupin | 03 novembre 2005 à 21h25
Bonjour Sebchab,
si tu suis le positionnement politique de Sarkozy depuis 2003 à l'intérieur, il n'a pas changé.
"He is the man for the job" et j'ajouterais "for A job".
Le discours de la Courneuve, son langage guerrier et méprisant, ce sont là les mots d'un chef de la police, corps armé par les citoyens pour faire respecter leurs lois, face à une situation et dans un lieu ou elles sont souvent bafouées.
Ce qui est dommageable, c'est qu'il refuse d'intégrer d'autres dimensions à son action.
Il détourne toutes les remarques sur le dialogue par un"là n'est pas ma fonction",ce qui est tout à fait exact.
Il est chef de la Police et pas en charge du développement de la communication en France.
Le problème est que la pédagogie est une clé de la paix et qu'en supprimant le dialogue, la "vie ensemble" n'est plus possible, car elle passe par un minimum de compréhension et donc de discussions.
Vivre en banlieue, c'est se confronter à la difficulté du métissage, de la différence si enrichissante.
Selon moi,les mots de Sarkozy sont répréhensibles du fait de leur impact prévisible sur des gars qui n'attendent qu'un signe pour cracher leur colère et leur peine à vivre.
Mais ils correspondent à un aspect du problème: l'incompréhension de ceux qui ne s'imaginent pas la vie en cité et la rage méprisante que cela peut engendrer.
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 22h28
Pour ne pas philosopher d'avantage, je dirais une chose:
- je ne suis pas blanc en banlieue et à ce titre j'ai à subir plus souvent qu'à mon tour les outrages des agents de polices (méthodes de controle, attitudes, menaces, mépris) et le racisme ordinaire.
-je n'appartiens à aucune des minorités ethniques majoritaires des quartiers de banlieue et, à ce titre, j'ai droit à mon lot d'agressions, de menaces, de tentatives de racket.
Quand je sors de chez moi, je redoute deux types de prédateurs: flics et voyous.
Et ca c'est un scandale!
Les CRS et la BAC aiment l'action, les voyous aussi (ca les tirent de leur torpeur enfumée et leur donne un objectifs en se levant à midi avant d'aller dealer ou squatter la gare).
Mais moi, je veux juste me sentir en sécurité, comme n'importe quelle honnete personne en a le droit.
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 22h38
Monsieur Dupin,
pouvez-vous expliciter ce que vous entendez par "toute une population qui a déjà une dangereuse tendance à la paranoïa..."
Que voulez-vous dire par "toute une population"?
Idem pour ce qui est de la paranoia?
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 22h44
Michel,
la situation géographique des banlieues est effectivement un potentiel, comme tu l'as décrit. Le pole est à côté et ses satellites bénéficient de son attractivité, dans tous les domaines.
Le problème est donc bien dans la concentration de nombreux handicaps sociaux sur un même espace, et là il faut regarder du côté de la politique de la ville de Paris depuis 30 ans.
Je ne nommerais pas ceux qui ont "apuré" Paris des indésirables, évoquant même la possibilité de faire du 93 la "poubelle de la capitale" d'après Chirac quand il était maire.
C'est l'accumulation des handicaps de tous ordres et leur concentration géographique qui font des banlieues un endroit difficile.
Ca n'est pas du misérabilisme, c'est notre quotidien.
La banlieue c'est Paris en 30 min et rien à faire dans ta ville pour te distraire,c'est la marge de la société, ceux que la France n'assimile pas et ceux qui bossent et "peuvent" davantage qu'eux.
C'est une ligne de rencontre sociale.
C'est usant mais c'est un sacré défi que la France ne peut relever qu'en écoutant (ce qui n'ai pas une forme de faiblesse comme tu l'as écrit à propos de l'Etat).
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 23h09
Désolé pour les fautes d'orthographe.
Rédigé par : Séverin | 03 novembre 2005 à 23h11
Il y avait eu la polémique sur le racisme anti-blanc, puis celle sur la colonisation en Algérie. Depuis la Seconde Intifada, l'antisémitisme a dangereusement augmenté et les multiples discriminations ( logement, embauche, loisir ) à l'égard des Français arabo-musulmans sont toujours aussi nombreuses. Il y a eu l'affaire Dieudonné et le vote de la loi interdisant le voile.
Pourquoi faire cette liste ?
Parce que tout tend vers la même problématique : les questions identitaires ou « ethniques ». La classe politique refuse d'en parler sereinement, l'évite par du politiquement correct ou dans de la fuite en avant comme avec la loi sur le voile. Pour autant ces questions sont essentielles.
Les questions économiques et sociales sont certes cruciales, mais refuser de parler de la question identitaire est une erreur.
Car aujourd'hui, alors que les voitures brûlent, que Sarkozy gesticulent et que la tension n'est pas prête de retomber, il n'y en a qu'un seul qui doit sourire en pensant à la suite : Jean Marie Le Pen.
Rédigé par : Samuel | 04 novembre 2005 à 07h29
Séverin,
J'ai effectivement été dangereusement sibyllin en parlant de "toute une population qui a déjà une dangereuse tendance à la paranoïa". Nous abordons ici la délicate dimension identitaire des problèmes actuels, à juste titre relevée par Samuel. Disons simplement que pour toute une série de raisons historiques et culturelles, bonnes ou mauvaises, "les Français arabo-musulmans" font souvent preuve d'une susceptibilité à fleur de peau. Ils n'inventent évidemment pas les discriminations dont ils souffrent, mais ces facteurs, aggravés par la montée de l'islamisme, engendrent parfois une mentalité d'assiégé.
Rédigé par : Eric Dupin | 04 novembre 2005 à 08h58
Une précision H... cité par PMB fait référence au blog d'Alain Hertoghe, qu'Eric liste ici à droite comme le premier des "blog intéressants": blog "carte de presse". Quand PMB parle "d'outrance, d'insulte et de haine mortifère" il fait référence à certains "commentaires", et non pas aux articles d'Hertoghe.
Merci Séverin pour ton point de vue.
Suite du petit témoignage. Les inquiétudes de mon épouse semblaient assez peu fondées, mais pour lui faire plaisir je suis descendu plus tôt à Aulnay. Aulnay 20h30 assez calme. Quelques voitures de police, des femmes ou des maris allant chercher leur conjoint à la gare. 2 jeunes (25 ans) manifestaient bruyamment leur joie. "Eh frère, tu as vu. On a gagné. On nous a vu partout sur les télés. CNN, Al-Jazira." A coté de moi, un monsieur me dit. "Avec tout ce bordel, c'est nous les ouvriers qui payons. On nous brûle nos voitures et demain il va y avoir encore des problèmes de RER.... Et ils ne semblent pas avoir peur de la police. Il y quelques minutes, ils criaient dans la salles des pas perdu de la gare. Finalement les employés SNCF se sont décidé à appeler la police. Quand ils ont vu la police, ils se sont calmé". Effectivement la salle des pas perdus était fermée. Retour très calme. Pas un chat dans les rues. C’est à croire qu'il y avait le couvre feu. Nuit plus calme, mais ce matin 3 nouvelles voitures brûlées devant les immeubles d'hier.
Rédigé par : Michel | 04 novembre 2005 à 09h12
Eric,
merci d'avoir précisé votre point de vue.
La thématique de l'identité m'inspire une première remarque.
Il n'est pas facile de se sentir français "comme tous le monde" quand on se méfie de vous a prioira, lorsque vous vous faites régulièrement controler par la police.
Sans dramatisation, se retrouver les mains contre un mur 20 min à la gare, devant les passagers de 2 RER, je vous promets que c'est humiliant.
Avoir son sac vidé par terre en plein aéroport, sans égard pour ce qui s'y trouve et puis se retrouver seul à les ramasser devant tout le monde, c'est humiliant.
Le principe du controle d'identité suppose que l'on est a priori suspecté d'être soit un étranger en situation irrégulière (et donc pas francais), soit un délinquant (ce qui, selon moi, ne se déduit pas d'une tenue ou de la couleur de la peau).
Et ca c'est le quotidien des jeunes habitants de banlieue.
Lorsque l'on se sent Francais, que l'on est Francais, que l'on aime la République et ses valeurs, avoir à souffrir de ces humiliations,rappelle à quel point le Francais est "blanc" dans l'imaginaire collectif. Et c'est évident que l'on se pose alors la question de la place.
Ce n'est pas de la paranoia que de craindre la police lorsqu'on la croise.
A titre personnel, des policiers de la BAC ont failli me casser les doigts dans la portiere de ma voiture lorsqu'un soir je me suis arrété pour me soumettre à un controle.
J'ai ouvert ma porte pour leur donner mes papiers et ils ont shooté dedans pour la refermer et me garder à l'intérieur.
Je me souviens d'un controle où le 1er agent a dit en arrivant:"le 1er qui demande pourquoi on controle, il se prend une patatte". C'est une menace (de la part de ceux dont j'attends qu'ils me protègent) et une violation du droit car le controle (avant Vigipirate Rouge) devait être justifié par un "motif".
En tant que victime cette fois, j'ai visité le commissariat de Sevran où le lieutenant de PJ m'a apporté le "bestiaire" (livre où sont rassemblées les photos des mineurs interpellés).
Cela n'est pas de la paranoia mais l'illustration des rapports amicaux entre jeunes de couleur et flics en banlieue.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 14h31
Pour revenir sur la question strictement identitaire, il me semble absolument nécessaire de couper l'herbe sous le pied des fanatiques.
C'est en enseignant dès l'école le passé de la France, avec ses drames et ses apports pour son ex-empire colonial et pour ceux qui en sont issu que l'on pacifiera les banlieues.
Il faut présenter exhaustivement les faits, les massacres ( malgashs, algériens, les ratonnades etc...)et les legs technologiques et culturels (routes, écoles, médecine etc...).
Il faut s'attacher à faire comprendre aux petits fils de colons ce que ressentaient les "occupés" et faire comprendre aux enfants de banlieue "l'aspect civilisateur" que voyaient les francais dans leurs colonies.
Et surtout, il faut éviter de juger le passé avec les valeurs d'aujourd'hui, à l'instar du droit dont les lois ne sont en principe pas rétroactives.
C'est cette pédagogie qui devrait permettre:
-la compréhension mutuelle, préalable à l'intégration et à la vie ensemble.
-la protection contre manipulateurs de tous ordres, instrumentalisant la haine et les rancoeurs à des fins commerciales ou religieuses.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 14h42
Je confirme la précision de Michel sur le blogue d'Hertoghe, il faut limiter les appréciations négatives à certains commentaires. Car lire, entre autres horreurs, qu'il faudrait envoyer la troupe contre la "kaïra"... Provoquer une guerre civile totale pour arrêter une guerre civile locale, bravo ! Pourquoi pas la bombe atomique ?
Les textes de Séverin sont intéressants.
Rédigé par : PMB | 04 novembre 2005 à 16h09
Nous venons d'apprendre qu'une trentaine de véhicules ont été incendiés à Bobigny, dont ceux de fonctionnaires du tribunal voisin. Voilà qui éclaire un peu la nature de certaines de ces "violences urbaines". Il ne s'agit guère d'un "complot" d'islamistes, de villepénistes ou d'on ne sait quels rebelles. Il est plutôt question d'un bras-de-fer entre certains caïds, qui défendent becs et ongles leur maîtrise des "quartiers", et la force publique. Mais comme cette dernière est loin d'être au-dessus de tous soupçons, les véritables voyous réussissent à entraîner de leur côté pas mal de paumés.
Rédigé par : Eric Dupin | 04 novembre 2005 à 18h06
Eric,
je pense que votre compréhension de ce qui se joue actuellement dans la guérilla des banlieues est assez juste.
Il me vient cependant une question:
ne pourrait on pas affaiblir les caids en ruinant le poumon de l'économie paralèlle, c'est à dire le hash?
Le deal de hash est un puissant levier financier pour tout le reste.
Cela permet de se lancer dans autre chose de plus rémunérateur (coke et cachets divers, armes, recel à grande échelle et opérations de braquages...).
Il n'y a pas d'idéologie la dessous, juste un double constat:
-le hash interdit permet de financer l'économie souterraine, de créer de mini mafias dans nos banlieues avec des gars armés et de grosses voitures pour transporter les marchandises.
-il existe une forte demande de hash et les effets de la prévention et des campagnes du ministère de la santé n'auront qu'un faible effet désincitateur, de meme que la répression du consommateur (meme si la réforme de la loi sur le sujet par Sarkozy a rendu les conséquences du flagrant délit plus contraignantes et plus facilement applicables).
Je pense qu'il y a là une idée à creuser, par pragmatisme.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 19h10
La légalisation du cannabis permettrait, en effet, un assèchement de ces trafics. C'est d'ailleurs le seul argument convaincant de ses partisans ! Mais il faut mesurer aussi ce que cette mesure aurait pour conséquences concrètes sur certaines fractions de la jeunesse déjà si pauvres en repères...
Rédigé par : Eric Dupin | 04 novembre 2005 à 19h22
Il faut se débrouiller pour que les caids soient moins attractifs que l'honneteté, et cela passe par:
-l'aggravation des risques encourus par les voyous
-des manoeuvres de désintéressement financier dans l'économie paralèlle (dont la légalisation du hash administrée par l'Etat peut être un levier)
-la certitude que les gens honnetes ne seront pas importunés par des les forces de l'ordre et qu'ils auront droit au calme au même titre qu'un autre citoyen.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 19h26
Dans les mesures financières, je pensais également à la diminution des aides voire leur suppression quand les enfants mineurs sont pris en flagrant delit d'agression, de racket etc...
Comme Michel l'avait évoqué, ils ne risquent rien ou presque face à la loi.
Sanctionner finacièrement les familles (bien que pauvres) les obligerait à surveiller leur progéniture au lieu de les laisser zoner toute la journée et tard le soir.
Il s'agirait pourquoi pas d'un retour progressif des aides au fur et à mesure, en fonction du respect par les gamins d'une période probatoire.
Cela aurait aussi une forte dimension pédagogique pour tous, je le pense, car si les allocs vont aux parents grace aux enfants, les adultes ne doivent pas pouvoir dire "c'est pas de ma faute mais celle de mon gosse".
Vous dites qu'une frange de la jeunesse n'a plus de repère mais il me semble qu'au moins UN persiste:
l'argent, celui qui fait que l'on peut, celui qui fait que l'on est par ce que l'on possède.
Il n'y a pas plus matérialiste que mes voisins des tours.
C'est donc à mon avis par ce média que l'on peut tenter d'éduquer.
Quant au hash, je ne voulais pas en parler autrement que pour son rôle dans la chaine d'évènements qui se produit.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 19h39
Vu de l'etranger, ce qui est frappant c'est la resonance de ces evenements: la BBC ouvre regulierement son journal sur la situation dans le Nord-Est de Paris:
http://news.bbc.co.uk/2/hi/europe/4407688.stm
Ceci n'est pas sans rappeler les recentes emeutes de Birmingham:
http://news.bbc.co.uk/1/hi/england/west_midlands/4387848.stm
Pascal Riche, sur son blog, traduit l'edito "severe" du New York Times consacre au sujet:
http://usa.blogs.liberation.fr/2005/11/ldito_du_new_yo.html
Et j'ai lu avec interet cette breve sur yahoo sur :
http://fr.news.yahoo.com/04112005/202/c-est-l-echec-du-modele-social-francais-commente-la.html
Rédigé par : Thomas | 04 novembre 2005 à 19h40
Thomas,
j'ai trouvé vos liens intéressants car nous avions peu évoqué le ressenti étranger de ce qui se passe ici.
Je remarque cependant que ce qui est mis en cause est "le modèle français d'intégration", nos hommes politiques, que l'on parle pour el Pais d'institutionnalisation des discriminations...
On cherche des solutions globales, l'armée, la réhabilitation des "ghettos"...
Mais qu'en est il de la responsabilité individuelle?
Le problème n'est il pas dans le rapport social quotidien qu'entretiennent les Français de banlieue?
La banlieue c'est la suprématie de l'égoisme, c'est l'indifférence de 40 personnes quand quelqu'un se fait tabasser à l'arret de bus par 4 voyous en pleine ap-midi, c'est les regards soutenus et méfiants quand un jeune individu de couleur entre dans une boutique ou dans une banque...
Je parle bien là de comportements individuels, de ce qui fait la vie et construit ou non les passerelles d'intégration.
Je pense que la vrai question est de savoir si les Français considèrent ou non les français issus de l'immigration comme des citoyens à part entière.
La France semble redécouvrir le problème de certains quartiers de banlieue, comme si ils ne faisaient pas partie d'elle, que ce qui s'y passe était des problèmes à régler "entre eux"...
Mais cette logique individuelle puis collective de différenciation (sur quels critères?) a entrainé l'icompréhension, puis l'intolérance (des uns et des autres, car il n'est pas rare de s'entendre dire qu'on est un "sale francais" lorsque l'on désapprouve le comportement de son voisin).
Il me semble important que chacun fasse l'effort de considérer l'autre a priori comme son semblable au lieu de le voir d'abord par ses différences, et cette remarque vaut pour les habitants des cités, les fils d'immigrés et les habitants de quartiers moins métissés.
Car, plus que n'importe quel plan pour les banlieues, il me semble que c'est bien le rapport individuel à autrui qui fait qu'il y a ou non intégration.
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 21h23
Severin,
Je trouve vos remarques tout a fait pertinentes,
"Je pense que la vrai question est de savoir si les Français considèrent ou non les français issus de l'immigration comme des citoyens à part entière."
Cette question est aussi evoquee par les medias etrangers, par exemple, la BBC publie cette interview avec Yazid Sabeg, le patron du groupe de communication CS. Dans cette interview Mr Sabeg declare: "beaucoup de gens n'aiment pas mon visage":
http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/europe/4405790.stm
Ce que je trouve interressant, c'est que l'on retrouve une vraie fraction gauche/droite. La gauche donne une explication collective de la violence: les individus ont ete construits par leurs environements et ne sont en quelques sortes que tres peu responsables de leurs actes (en attendant, qu'est ce que l'on fait? diront les sceptiques). La droite, elle, propose une explication individualiste: en fin de compte, c'est l'individu - et lui seul - qui decide de lancer un cocktail molotov sur la police et par consequent, il est pleinement responsable de son acte. La droite refuse l'idee qu'il existe une dictature du groupe sur l'individu ou qu'il existe des "circonstances attenuantes".
Je suis surpris que personne n'ait encore fait la synthese et repris le slogan, vainqueur, de Tony Blair: "tough on crimes, tough on the roots of crimes" (dur sur la delinquance/criminalite et dur sur les causes de la delinquance/criminalite).
En parlant de Blair, cela me rappelle son nouveau theme du 'respect' et la montee en puissance des "nouveaux puritains":
http://news.bbc.co.uk/1/hi/uk_politics/4554179.stm
http://observer.guardian.co.uk/magazine/story/0,11913,1596540,00.html
Rédigé par : Thomas | 04 novembre 2005 à 22h05
Thomas,
il me semble que ce qui caractérise Blair est sa capacité à acter le réel, à être pragmatique.
Son approche du sujet est exhaustive dans le sens où elle prend le sujet par les deux bouts de la responsabilité.
Et je pense que c'est ce qu'il faut faire car ce qui se passe est trop grave pour être confié à des idéologues ou aux défenseurs du déterminisme ou du libre arbitre!
A la vérité nous sommes un mélange des 2.
Ce que déclare Mr.Sabeg est symptomatique de la peine qu'a l'Occident à assumer son passé, dans sa dimension ethnico-sociale comme pour ce qui est de son souvenir, de sa mémoire.
Or il me semble que cela va de pair et que la "théorie" (l'enseignement exhaustif de l'Histoire, sans défendre de thèse) et la pratique du quotidien ne peuvent être séparés sous peine de mener à l'incompréhension mutuelle.
Ce que dit ce monsieur est également tout le problème: dans quelle situation serions nous si la réponse majoritaire à la question
"la vrai question est de savoir si les Français considèrent ou non les français issus de l'immigration comme des citoyens à part entière."
les français répondaient non?
Et quid s'ils n'en avaient pas envie?
Quelle solution à cet épineux problème?
L'intégration, c'est l'acceptation par un corps d'un corps étranger qui souhaite s'intégrer!
Et la situation actuelle montre bien que ce n'est pas gagné, que cela va prendre du temps pour que les enfants d'immigrés récents soient aussi français (et au même titre que)qu'un bérrichon de dix-générations.
On peut tout de même remarquer que les enfants d'immigrés ne vivent pas comme leurs parents en France, ni dans les discours ni dans les actes, qu'ils ont le rythme de vie du pays où ils sont nés.
Ce qui pouvait égarer leur parents est anodin pour eux.
L'imaginaire collectif change-t-il pour l'instant?
je ne connais malheureusemnt pas la thématique que vous vous proposiez d'évoquer.De quoi s'agit-il?
Rédigé par : Séverin | 04 novembre 2005 à 22h56
"Ce que je trouve interressant, c'est que l'on retrouve une vraie fraction gauche/droite"
indépendament de ma position politique, je constate:
-que le principe d'une rationnalité pure, permettant d'extraire absolument la responsabilité individuelle de celle du groupe ne tiens pas.
La psychanalye et le vécu de chacun permet de voir à quel point l'on hérite de son enfance,de ses parents en creux ou en reproduction.
D'autre part l'on sait tous le poids des émotions et des passions dans la vie.
Les discours sécuritaires et tolérance zéro de certains sont donc extrememnt dangereux et surtout injustes car ne considérant objectivement qu'une part de l'homme.
Au contraire, la dissolution de la responsabilité individuelle dans le groupe a amené pendant l'ère socialiste à la création du sentiment d'impunité que ressentent certains.
Une sanction injustement quantifiée pour la faute commise, c'est stricto sensu une injustice.
Avec les conséquences que l'on sait.
Je pense rarement qu'un être humain est définitivement perdu, qu'un homme ne peut plus vivre avec les autres, que la société doit s'en protéger absolument.
Mais même si je crois en l'homme, les gars qui brûlent des voitures me paraissent très près de l'animal.
Et pour le droit Républicain l'on doit permettre la sécurité de chacun et de ses biens, ce qui necéssite apparament une réponse complète du gouvernement à l'instar de ce que se propose de faire Blair.
Reste à savoir si cela est réaliste.
La gauche comme la droite française devrait apprendre de leurs échecs successifs,plus que critiquer, tout comme nous tous.
L'incompréhension des modes de vie, c'est du mépris, de la crainte puis du rejet potentiel, tous les ingrédients du conflit.
Instrumentalisée avec force par une idéologie, c'est Al-Quaeda et les guerres de religions, les massacres de Saddam Hussein sur les minorités Kurdes ou Chiites , les colonies etc...
Mais l'individu installé dans son confort moyen a-t-il envie de comprendre l'autre?
Les francais sont ils prets à faire un effort d'interet, non rémunéré?
Voulons nous encore créer du lien social?
Rédigé par : Séverin | 05 novembre 2005 à 00h17
Une marche silencieuse est organisée par le maire d'Aulnay sous Bois. RDV 11h caserne de pompiers 156 route de Mitry Aulnay sous Bois. J'y serai.
Rédigé par : Michel | 05 novembre 2005 à 09h07