La vitalité du syndicalisme ne fait pas partie des qualités du "modèle social" français. Pire, dans les rares endroits où les organisations syndicales sont puissantes, le corporatisme et l'irresponsabilité l'emportent parfois. C'est le cas dans le secteur de l'impression et de la distribution de la presse, contrôlé par un Syndicat du Livre CGT qui a littéralement perdu les pédales. Quotidiens et magazines n'ont pas été distribués les jeudi 8 et vendredi 9 septembre dans Paris et sa proche banlieue. Un coup dur pour une presse déjà fort mal en point. Un terrible manque à gagner, aussi, pour les kiosquiers dont le sort, souligne Gilles Klein, est infiniment moins enviable que celui des "ouvriers du livre". La raison de ce conflit est proprement ubuesque: un bras de fer entre deux composantes de ce fameux Syndicat du Livre à propos d'une ou deux nominations à la SPPS (Société Paris Presse Services). Tenez vous bien, c'est la guerre entre le SGLCE (Syndicat général du Livre et de la Communication écrite) et le CILP (Comité Inter du Livre parisien). Attention, dans la presse, le ridicule peut tuer les journaux.
...les dégâts collatéraux d'un syndicalisme corporatiste, immobiliste, staniliste et antidémocratique (joli pléonasme), pas encore ou plutôt, jamais mort et enterré. Un syndicalisme médiocre et ringard, irresponsable et dangereux. Un syndicalisme mafieux.
Mais un syndicalisme qui, à court terme, fonctionne plutôt bien aux yeux de ceux qui en sont les privilégiés et adhérents.
Et en définitive, peut-être le seul syndicalisme que la grande majorité des salariés français, - pardon de l'appellation trop générale -, savent envisager.
En tout cas, si l'on en croit le pourcentage ridicule de salariés syndiqués tout court, plus encore et depuis deux ou trois ans, si l'on en croit la débandade des adhérents dans les rangs d'un syndicalisme à la peine, un syndicalisme "social traître", de réformisme et de négociation.
Si l'on en croit aussi le volet social du traité constitionnel, désormais placé sous assistance respiratoire, que trop peu de syndicalistes ont ouvertement ou suffisamment défendu et auquel une majorité de Français (nous ne sommes pas encore pas tous au chômage) ont cru bon de tourner le dos.
Alors, tous, ou sus au syndicat CGT du livre ?!
Amitiés,
M.B, (syndiquée...)
Rédigé par : Muriel Bastien | 09 septembre 2005 à 13h46
Ce qui nous manque en France c'est un syndicat qui soit à la fois fort, réparti autant dans le privé et le public et à des taux d'au moins 30% à 40% de syndicalisation et en même temps qui sait faire des concessions donnant-donnant.
A quand la CGDT (fusion de la CFDT et CGT) avec pour secrétaire Bernard Thibault et ayant l'ambition de syndicaliser plus massivement?
Nota: les patrons en France sont aussi intransigeants que les syndicats.
Rédigé par : Die Rosa | 10 septembre 2005 à 08h26
Le cas du Syndicat du Livre n'est pas un bon point de départ pour discuter du syndicalisme en France.
Il s'agit purement et simplement d'une mafia qui avec un alibi politique a mis la main sur le secteur de la Presse et donc sur la liberté d'expression dans notre pays. Ce n'est pas le meilleur héritage que nous devons à la Libération (sous influence stalinienne). Une extravagance comme le contrôle des embauches, est ici la norme. Qu'elle perdure depuis 60 ans est plus stupéfiant encore que le fait lui-même.
Voila un bon marqueur du niveau de la démocratie dans notre pays, et de son incapacité à réformer les situations les plus effarantes.
Rédigé par : Basta | 12 septembre 2005 à 19h39
"Mafia", "syndicat corporatiste pratiquant un militantisme immobiliste, staniliste et antidémocratique", "un syndicalisme médiocre et ringard, irresponsable et dangereux ".
Dur de répondre à des arguments aussi pointus et fouillés quand on est un ouvrier du Livre et que l’on a été plutôt formé (dans les pays de l’Est) à défendre âprement ses "privilèges effarants"… ;-)
Tout d’abord, pour les révisionnistes, il est bon de rappeler que les ouvriers du Livre, à l’instar d’autres catégories ouvrières où la Cgt contrôlait les ateliers (chantiers navals, sidérurgie, docks…), ont joué un rôle primordial dans la reconstruction des outils de production du pays après la guerre et que c’est d'ailleurs à cette époque que sont nés ce que l’on a appelé les bastions de la Cgt. Ce pacte social entre les forces de gauche et la droite réactionnaire a d’ailleurs signé la fin de la lutte des classes en nous emmenant tranquillement, notamment par l’apparition de l’État providence, et provisoirement dans des relations paritaires au sein des entreprises. Relations paritaires qui, par leur coté social, ne conviennent plus au courrant libéral qui nous vient des pays Anglo-Saxons et que nous avons bouté provisoirement hors de nos frontières le 29 mai dernier. Rien à voir donc avec une quelconque conspiration stalinienne…
Contrôle de l’embauche ? Pas tout à fait… Encore un discours patronal qui, asséné continuellement par les médias, est devenu un fait établi dans l’inconscient du téléspectateur. En fait, pour facilité cette reconstruction et avoir une meilleure flexibilité de la gestion et de la formation professionnelle du personnel dans les secteurs industriels où la charge de travail est fluctuante (Docks et Presse principalement…), les patrons ont confié, par intérêt, aux syndicats la gestion des permanences, appelées également bureaux de placement, boites d’intérims avant l’heure, à la seule différence que les permanents n’étaient pas exploités comme les intérimaires le sont aujourd’hui par Adia ou Manpower.
Pour la petite histoire, aux NMPP, où il n’a jamais existé de permanence, tous les ouvriers du Livre ont été embauchés par la direction… (Des taupes staliniennes auraient-elles infiltré la DPRH du groupe Hachette ?)
Quand à l’affirmation : « les ouvriers du Livre qui ont mis la main sur la liberté d’expression de notre pays .» ( !!!)
Il ne faut quand même pas exagérer ! Les ouvriers du Livre ne savent pas écrire, c’est bien connu, et donc ils n’écrivent pas (contrairement aux journalistes !) dans les journaux et c’est à mon avis là que se mesure la liberté d’expression ! Depuis PLUS de 60 ans (le Livre n’est pas apparu spontanément à la Libération…), ils fabriquent et distribuent toutes les tendances et expressions politiques en défendant le pluralisme de la presse, pour des "stals" c’est plutôt pas mal !
Quelle est la situation aujourd’hui ? Un syndicat patronal fantôme, le syndicat de la presse parisienne, qui est remplacé, progressivement, par des agents du Médef, Lagardère, Dassault, Amaury et autres Rothschild, qui se passerait bien d’un syndicat du Livre (affaiblit par ses divisions internes) et qui les empêche de contrôler totalement la fabrication et la distribution de la presse. Alors bien sûr, mettre de l’huile sur le feu de cette division syndicale est une bonne stratégie, car en plus d’affaiblir l’organisation syndicale qui les dérange ils ont, en plus, la bénédiction de l’opinion publique ! Je ne reviendrais pas sur le conflit effectivement ubuesque du début septembre, qui marque enfin le début d'une vraie réflexion au sein du syndicat du Livre, je me suis suffisamment exprimé sur ce point sur le blog de Gilles Klein la semaine dernière mais il faut bien comprendre que ce que nous avons vécu n'est qu'une conséquence de cette stratégie.
Pour répondre à Die Rosa, qui est le seul intervenant qui tente de sortir du débat lapidaire sur le Livre pour avancer des propositions, je ne sais pas si la CGDT règlerait le problème du syndicalisme mais, je pense sincèrement que des syndicalistes se servant du web pour, à l’instar de ce qui s’est passé dans le débat sur le référendum, faire évoluer les mentalités pour nous sortir des cet anti-syndicalisme primaire à la française qui permet aux patrons d’assouvir leurs fantasmes, ce serait déjà un bon début pour regonfler les chiffres de pourcentage de salariés syndiqués. En effet, quand ces mêmes patrons auront fini de réformer le système de retraite, la sécurité sociale et le code du travail on pourra toujours discuter sur l’irresponsabilité de feu "le syndicat du Livre" et sur "le modèle social français" mais on aura toujours rien réglé .
En fouillant dans le site « Les petits cailloux… », j’ai trouvé cette citation : "Les gens de gauche rêvent de communion universelle mais ils ne supportent pas que leur voisin se mouche" François Mitterrand.
On pourrait peut être l’adapter au mouvement syndical ?
Pascal
Un ouvrier du Livre Cgt.
P.S pour Éric Dupin : J'aime bien le site, les photos (principalement celle de la Bretagne...) et, surtout, merci pour le lien pour le site du Concombre Masqué que je ne connaissais pas ! J'ai rajeuni de 20 ans !!!
Rédigé par : Pascal | 22 septembre 2005 à 12h01